OL : un bilan 2017/18 doux-amer

OL

HUMEUR. Cette saison 2017/18 ne pouvait pas se terminer autrement que par un match où le talent lyonnais, symbolisé par un Memphis Depay intenable depuis son coup de tête ô combien décisif au Vélodrome (10 buts et 6 passes décisives sur les 9 derniers matchs de Ligue 1), a réussi à prendre le meilleur sur des Niçois au plan de jeu et à l’expression collective plus convaincants.

Une 32e victoire en 53 matchs (pour 11 nuls et 10 défaites) qui permet à l’OL de retrouver la Ligue des Champions, mais n’atténue pas totalement le sentiment d’inachevé. Car sans maîtrise, la puissance offensive n’est parfois rien. L’OL a trop souvent payé pour le savoir, notamment lors d’une première partie de saison où encaisser trois buts semblait possible à chaque sortie (sauf contre Nantes, faut pas déconner quand même).

Dans une Ligue 1 où Dijon marque plus que l’OL 2008/09 (certes entraîné par Claude Puel, mais qui comptait dans ses rangs Karim Benzema ou Juninho et termina 3e) et où la lanterne rouge peut compter sur un buteur à plus de 15 réalisations en la personne de Nolan Roux, l’OL a finalement réussi à faire tomber la pièce du bon côté en oubliant la volonté estivale de son coach, celle d’être une équipe qui joue bas et distille des contres létaux à toute allure.

Si son incapacité à exercer un pressing digne de ce nom n’a jamais vraiment permis d’étouffer l’adversaire, l’OL n’a en effet pas non plus été un monstre de projection vers l’avant et d’exploitation des espaces. Coupée en deux, l’équipe lyonnaise a plutôt imposé à ses concurrents un défi basé sur le talent pur : les deux équipes auraient de bonnes situations à négocier et le vainqueur serait celui qui les convertirait le mieux. À ce petit jeu-là, Memphis, Nabil Fekir, Mariano, Bertrand Traoré ou Houssem Aouar ont souvent fait pencher la balance en faveur de l’OL, en particulier en deuxième partie de saison (mais pas que, le Derby remporté sur un score historique de 0-5 rentrant parfaitement dans cette case des matchs où le tableau d’affichage était plus mémorable que la manière).

Le sprint final haletant, dans lequel les Marseillais auront su raviver la flamme des plus désabusés des supporters de l’OL grâce à leur imblairable faconde méridionale (on a essayé de trouver les mots les plus neutres sans totalement réussir), adoucira d’ailleurs un peu l’impression d’avoir perdu son temps devant la saison de l’OL. Au fond, pourquoi perdre 1h30 à regarder un match qui se décidera sur le taux de conversion de 5 occasions lyonnaises et 2 occasions adverses ? Autant se taper directement le résumé sur la chaîne Youtube de la LFP.

Le plaisir naîtra donc plutôt des statistiques, collectives ou individuelles, et de la jouissance d’avoir fait une bonne opération comptable, en particulier comparé à un concurrent direct souvent agaçant, plutôt que de la perspective de créer des exploits en Ligue des Champions l’an prochain. La différence de talents n’y sera pas aussi marqué en Ligue 1 et les limites collectives pourraient alors finir par se voir, comme lors de sa dernière participation où l’OL n’avait battu que le Dinamo Zagreb en laissant à la Juventus et à Séville le droit de continuer l’aventure.

Comme un symbole, la saison se sera d’ailleurs conclue sur des sentiments mélangés. Au moment où l’OL fêtait sa qualification en C1, les Bad Gones déployaient en effet une banderole demandant le départ de l’entraîneur en des termes fermes et polis à la fois (« Ton amour pour l’OL t’honore mais il est de temps de tourner la page »). Quelques minutes plus tard, Bruno Genesio affirmait qu’il « n’oubliera pas » cette banderole. Les supporters, qui n’avaient guère bronché après les échecs en coupes contre Montpellier, Caen ou le CSKA Moscou au nom de la sacro-sainte union sacrée, n’ont pas oublié non plus et ont tenu leur promesse d’attendre la fin de saison pour exposer leurs revendications. Cela leur est évidemment reproché depuis, mais ce ne sont pourtant pas ceux qui ont le plus à se reprocher cette saison.

Hugo Hélin

(Photo Damien LG)

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