Dans la tête d’Anthony Lopes

SÉANCE #10. En s’inclinant dans le Derby, Anthony Lopes a perdu une partie de son honneur et un peu plus encore : un pari avec Bako Koné. Il a trouvé un peu de réconfort en s’épanchant dans le caBinet du Dr Meriem Cherchab.

Olympique Lyonnais

Et là, c’est le drame. Enfin surtout pour Anthony Lopes. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

Aujourd’hui on joue Saint-Étienne. Le parfum du Derby, la campagne voisine et ses chèvres, tout ce que l’académie OL m’a enseigné. J’ai sauvé pas mal de fois mon équipe ces dernières semaines, et je compte bien le faire encore ce soir. En plus, j’ai reçu un SMS de Miguel Lopes me disant que Paulo Bento serait dans les tribunes. J’espère lui montrer de quoi je suis capable.

Tout le groupe est serein, même Bako Koné. On a beau avoir une infirmerie qui déborde, on sait qu’on ne craint rien face aux voisins. Bon, je l’avoue : la défense bricolée par Rémi Garde ne me rassure pas. En fait, je ne suis jamais rassuré quand Bako est dans les parages. J’ose pas le lui dire, de peur de rejoindre moi aussi l’hôpital Mermoz.

Sur le terrain, on se fait bouger. Je m’échauffe sur ma ligne de but avec Michel Telo dans mon casque, histoire d’être prêt à sortir la parade. J’aimerais bien être le héros de ce Derby, après Jimmy Briand bien sûr. On s’en sort bien, je sauve même mes coéquipiers à deux reprises. Je suis bien parti pour être l’homme du match jusqu’à cette 28e minute où Mevlut Erding arrive à tromper ma vigilance. Henri Bedimo vient me voir : « Ne t’inquiète pas, la prochaine tu l’auras ! » Mon regard se tourne vers Bako, à qui j’ai promis de faire du tuning si j’encaissais deux buts. Confiant, il me lance : « Allez, encore un but ! »

Alex Lacazette sauve l’honneur quelques minutes plus tard en égalisant grâce à Bafétimbi Gomis. Dans les vestiaires, Bafé essaye de nous motiver en récitant le discours de Martin Luther King, « I have a dream ». Maxime Gonalons lui propose d’apprendre le chant de la 42e minute. Koné vient me voir pour se confier : « Tu sais, j’ai toujours rêvé de tuner ma caisse. Dans mon village au Burkina, on n’avait pas les moyens de s’offrir ce luxe. Alors je compte sur toi ! » Il repart s’asseoir en enlevant son maillot. Sur son dos, on peut lire deux inscriptions écrites à la main : « Ronaldo » suivi du numéro 7. Pris au dépourvu, je commence à avoir pitié de lui, mais pas question de se relâcher. Avant de regagner le terrain, je pique le pot de gel quasi vide de Farès Bahlouli. J’en mets un peu sur mes gants pour me recoiffer.

Au retour des vestiaires, on a déjà perdu Yoann Gourcuff. Jimmy Briand le remplace, prêt à entrer un peu plus dans la légende. Au stade, tout le monde rêve qu’il refasse le coup du match aller. C’était tellement beau. Je me perds dans mes pensées quand je vois débouler Max-Alain Gradel devant moi. Perturbé autant par l’incongruité de la situation que par son prénom, je relâche la balle, qui file dans les filets. Bako Koné exulte, moi je me cache. Saleté de gel tenue extra forte.

On perd le Derby, je n’arrive pas à y croire. Alex Lacazette et Corentin Tolisso sont en pleurs, pendant que Bako Koné cogne un Stéphanois. Il lui disait juste que le tuning était réservé aux Portugais. Allongé sur la pelouse, je repense à mon sort. Je suis l’anti-héros de ce Derby.

Meriem Cherchab

 

#1 Clément Grenier ; #2 Arnold Mvuemba ; #3 Milan Bisevac ; #4 Bafé Gomis ; #5 Bako Koné ; #6 Mouhamadou Dabo ; #7 Yoann Gourcuff ; #8 Jimmy Briand ; #9 Miguel Lopes

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>