Malbranque, Rank’n’OL star 2013

FOOTBALL : Lyon vs Reims - Ligue 1 - 18/11/2012

RANK’N’OL. Quelques semaines après la fin de la session 2012-2013, Rue 89 Lyon, OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon organisent leur remise de prix et consacrent le seul meilleur joueur de la saison lyonnaise : Steed Malbranque. Le résultat non pas d’un choix mais d’un calcul quasi scientifique au croisement de quatre variables. Avec malgré tout une bonne part d’irrationnel, de celles qui font les Rank’n’OL star.

 

1. Steed Malbranque. Plus tard, on dira à nos petits-enfants : « Une légende raconte que c’est en lisant la grille d’évaluation du Rank’n’OL que Steed Malbranque a décidé de rechausser les crampons. Je ne sais pas si c’est vrai. En tout cas, tout concorde. » Quand l’idée a germé de créer un classement pour savoir qui serait le meilleur des Lyonnais, Malbranque n’était même plus un joueur de foot. Quand le principe a été officialisé, il s’entraînait encore avec des gamins de 18 ans. Il lui a pourtant suffi de deux matchs (Valenciennes et Ajaccio) pour se l’approprier. On peut même aller plus loin : Malbranque a tué le Rank. Gerland conquis en vingt minutes et il s’assurait un carton à l’indice Govou. Sa classe du meneur surdoué apparu à 18 ans en D1 n’ayant d’égal que cette combattivité inculquée par neuf ans de Premier League, et le bonus Tiago passait de prime à salaire fixe. Mais que dire de l’indice Lacombe ? Si les bases n’avaient pas été posées avant cet improbable retour, on aurait pu crier au complot. Parce que, non content de revenir dans son club formateur et dans la région où il a grandi, Malbranque cultive ce mutisme qui vous fait passer pour un être suffisant, déclare dans l’Équipe, la veille d’un come-back fracassant, qu’il fait lui-même ses courses chez Auchan et, above OL, restera à jamais ce type qui a planté Saint-Étienne parce qu’il n’avait « plus de plaisir » et qu’il s’est « rendu compte [qu’il avait] fait une erreur ».

Steed Malbranque (Olympique Lyonnais)

Reste l’indice Juninho. Malbranque aura été le joueur le plus performant de l’OL au cours du premier semestre, et peut-être même de Ligue 1 avec Ibrahimovic et Matuidi. Pour quoi ? Pour tout. Pour fluidifier le collectif, pour rendre simple les situations compliquées, pour inspirer ses camarades par un don de soi permanent, pour les remobiliser sans parler. Puis vient la deuxième partie de saison, moins glorieuse de toute évidence, mais certainement pas lamentable. Qui aura surtout souffert de la comparaison avec la première. Les mauvaises langues n’ont pu s’empêcher de souligner la concomitance du déclin avec la prolongation de contrat signée en décembre. Ce serait oublier que ce n’est pas tant l’engagement qui a fait défaut à Malbranque par la suite que ses étincelles techniques. Un rendement moindre que l’on ne peut dissocier de la baisse de forme de Gonalons mais qui correspond aussi à la fin des espoirs insensés d’un retour en équipe de France, neuf ans après une première convocation. Steed Malbranque a compris le 31 janvier 2013 qu’il terminerait sa carrière à 0 sélection. Une injustice suffisamment grande pour ne pas en plus se faire voler le titre de joueur de l’année par un type qui a mis trois lucarnes les yeux fermés.

2. Maxime Gonalons. Du point de vue du Rank, Gonalons a tout pour plaire. D’abord parce qu’il sait s’y prendre pour ramener quelque chose des belles années de domination à son poste, de l’impact physique à la Djila Diarra à cette autre forme de dureté, mentale, de Toulalan pour s’imposer sur le long terme là où on ne l’attendait pas forcément. Il a aussi célébré comme personne la lyonnaise du way of life : « Je ne parle pas quand je ne connais pas. Je suis lyonnais. » On a croisé plus d’un suiveur de l’OL parti pour rencontrer un meneur d’hommes né et revenu d’interview en se demandant s’il n’y avait pas plus de charisme chez les post-ados complexés qu’incarne généralement Michael Cera. On s’est contenté de reprendre mot à mot cette vérité éternelle lâchée par Biolay : « Quand t’es lyonnais, tu sais comment on est : on parle pas. Ou quand on parle, on parle mal. » L’essentiel de ce qu’a eu à raconter Gonalons, c’est sur le terrain qu’on a fini par le trouver. Et pour tout dire, bien au-delà de sa densité physique, de ses percussions ou de ses renversements bien sentis, c’est la partie la moins visible du travail qui l’emporte en fin de saison sur tout le reste. Précisément là où il faut rendre les autres meilleurs. Comme ça qu’on lui doit une bonne partie du retour de Malbranque, du sacre de Grenier et de la consolidation de la défense. Autant dire que la complainte des bons Lyonnais a encore de beaux jours devant elle, elle qui célèbre le travail obscur, l’absence de reconnaissance qui va avec et finit par laisser passer la lumière pour les autres. Surtout si les autres s’appellent Matuidi, Pogba ou Kondogbia.

3. Lisandro. On a compris en janvier qu’il faudrait choisir son camp. D’un côté, Bafé dans son rôle de pivot taillé pour le 4-3-3 historique et le mieux parti des deux pour finir meilleur buteur lyonnais de la saison. De l’autre, Licha, jamais en rade d’une bouderie, qui rend son brassard et décide de faire demi-tour pour retrouver sa place de pointe en chef. Si le football n’était qu’une affaire de stats, le Rank aurait inscrit le nom de Gomis en tête de son OL of Fame de fin de saison. Mais il est dit qu’à Lyon, on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Aulas ne fait rien d’autre quand il invoque l’impératif économique au moment de pousser à la sortie un Bafé qui n’entend pas couler sa carrière à la façon de Luyindula. Du côté du Rank, les chiffres racontent bien souvent n’importe quoi. Sauf pour Licha. Là, ils disent une histoire, de celles qui se nouent de loin en loin entre Gerland et son n°9. Après Lacombe et Anderson, au tour du Gaucho de passer par là. Sans la ruse du premier, ni la classe du second. Mais avec une intensité qui sait faire oublier les buts foirés, les matchs passés à l’ombre du côté gauche, les décrochages pour rien, les mille et une courses dans le vide. Rien que pour nous avoir fait oublier les comptes en tous genres, ceux qui viennent alimenter un peu plus la tristesse des stats et du mercato, rien que pour nous avoir ramenés à cette émotion primitive du foot qu’on célèbre façon ma couillasse devant le Virage Nord, pour tout ça, le lisandrisme est un humanisme.

4. Samuel Umtiti. On a fini par se demander si on n’aimait pas trop Samuel Umtiti. Parce que ses détracteurs ont commencé à dire qu’il avait plus de melon que de talent. Parce que même s’il est forcément pour quelque chose dans la résurrection de Bako Koné, sa fin de saison n’avait pas la saveur du début. Parce que peut-être qu’on était en manque de défenseur depuis la disparition de Cris (antérieure de quelques années à son départ) et après une période durant laquelle on a vu Laurent Blanc aligner du Rami-Kaboul en équipe de France. Puis on a repensé à toute les fois où le Fossoyeur de Ménival a suppléé les poussifs Monzon, Koné ou Lovren tout en tenant les présents par la main. On s’est aussi rappelé qu’Umtiti avait la science du jeu de Müller, le sens du duel de Cris et le sang froid de Caçapa. Avec la petite touche de folie d’Edmilson. Et on avait presque oublié qu’il n’avait pas 20 ans. On en alors conclu qu’on n’aimait pas assez Umtiti.

5. Clément Grenier. La saison de Grenier ne tient jamais qu’en une poignée de matchs. Les trois derniers, de quoi tenir le haut de la hype quand la Ligue 1 menace déjà de s’ennuyer et que la France du foot cherche toujours son 10 du futur. Deux coups francs et une reprise providentielle à Montpellier ont suffi à transformer Grenier en clutch player dans la course à la troisième place. De là à le voir comme ce joueur qu’il n’est pas (encore), il n’y a qu’un pas que bien des suiveurs ont franchi à la faveur de l’enthousiasme général. En vrai, les gars du Rank le savent, la saison de toutes les promesses se situe, pour l’OL, entre son faux-départ vers Nice et ses larmes un soir de Derby. Soit pile une quinzaine de matchs pour envoyer de la passe et du risque, sifflotant à son aise les plus beaux airs de Tiago, Gava ou Dhorasoo. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, c’est bien l’avenir de Grenier qui passe par le 4-3-3 à la lyonnaise et certainement pas l’inverse.

 

Rank'n'OL 2012-2013

6. Gomis 210 points (15 mentions / 3 fois 1er) ; 7. Fofana 202 (15/3)
8. Réveillère 188 (14/2) ; 9. Vercoutre 150 (10/3) ;
10. Gourcuff 149 (11/1) ; 11. Lacazette 133 (10) ; 12. A. Lopes 103 (7/2) ;
13. Bisevac 93 (8) ; 14. Bastos 88 (7/1) ; 15. B. Koné 81 (7/1) ;
16. Garde 57 (4/1) ; 17. Mvuemba 56 (5) ; 18. Lovren 51 (4) ;
19. Dabo 49 (4/1) ; 20. Ghezzal 40 (3) ; 21. Benzia 37 (3) ;
22. Biolay 18 ; 23. Aulas 17 (1x1er) ; 24. Domenech 16 ;
25. Duverne et Houllier 15 ; 27. Briand 14 ; 28. Balmont 13 ;
29 Lloris 12 ; 30. Govou, N’Jie et S. Koné 11 ;
33. C. Puel, Pr Rolland et Tié-Bi 10 ; 36. Modeste et Monzon 9

 

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

(Photo Anthony Bibard – FEP / Panoramic)

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