Grenier : l’OL doit-il céder à un coup de Juni ?

HYPE. L’OL doit-il se saigner et mettre en danger l’équilibre de son vestiaire pour un joueur qui a grandement participé à sa qualification pour la Ligue des champions, mais guère plus qu’Anthony Lopes dans le sprint final ou même que Steed Malbranque, héros du semestre le plus fructueux de la saison. En clair : n’en fait-on pas trop avec Clément Grenier ?

OL entraînement Tola Vologe

Clément Grenier a besoin d’être au centre de toutes les attentions. Mais jusqu’à quel point « l’institution » peut-elle le tolérer ?  (Photo Le Libéro Lyon – Gaspard Moreau)

 

Si c’était à refaire, eh bien tout le monde le referait. La signature de Yoann Gourcuff a beau être considérée comme le plus gros flop de l’histoire de l’Olympique Lyonnais, qui a douté du gros coup réalisé par Jean-Michel Aulas lorsque le meneur de l’équipe de France (alors 24 ans et 22 sélections en équipe de France) a débarqué à Gerland ? Avec un gros salaire, certes, mais c’était le prix à payer pour l’arracher à la concurrence. Aujourd’hui, tout le monde s’en mord les doigts, et à moins que Gourcuff ne ramène la Ligue des champions à Lyon, on ne voit pas ce qui pourrait un jour changer les choses. Alors quand un coup sûr a foiré à ce point, doit-on mettre toutes ses billes trois ans plus tard sur un type qui vient d’inscrire deux coups francs ?

Juninho, Pjanic et Grougi (dans l’ordre)

Deux coups francs somptueux, c’est vrai que ça ramène un air de Juni dans la maison qui en manquait singulièrement depuis son départ. Faut-il rappeler que Pjanic était lui aussi capable des mêmes coups d’éclat, sans parvenir à confirmer sur la durée et à transformer le moindre coup de pied arrêté en sorte de penalty. Et puis deux coups francs, ça reste deux fois moins que Bruno Grougi dans une bonne année. L’histoire du moment s’arrête donc à deux coups de génie. Trois, avec la demi-volée. Nulle question de minimiser l’impact de ces buts : celui de Montpellier rapporte deux points ; celui de Nice trois, le point de l’OL et les deux coûtés à son adversaire, soit l’exact écart entre les deux équipes à la fin du championnat. Mais qu’en sera-t-il le jour où la mire sera déréglée, ne serait-ce de 10 cm ?

On stat’

Même chose en ce qui concerne la fameuse passe clé : Grenier cherche quelque chose du geste qui tue, ce qui est raccord avec le jeu à risque lyonnais. Mais l’affaire peut se révéler également mortelle lorsque le garçon se met à en abuser. Si vous enlevez les deux coups francs à Nice et face à Rennes, que reste-t-il de sa prestation, trois crans en dessous de celle d’un Gourcuff dont le rythme, l’intensité et la justesse technique étaient celles d’un grand joueur ?

C’est pas du mental haut

L’idée affirmée par Garde de vouloir monter une équipe autour de lui semble prématurée. Pour rappel, les joueurs qui y ont eu droit à Lyon s’appelaient Juninho et Benzema. Des « joueurs de classe mondiale » pour reprendre l’expression de Houllier. Des mecs qui possèdent cette force mentale à toute épreuve qui leur permet de faire la différence avec le commun des grognards de la Ligue 1 et de tenir leur rang en Ligue des champions. Or, quiconque a passé de longues heures devant OLTV se rappelle de ses entraîneurs de U13 qui insistaient sur le boulot mené pour rassurer, protéger, réconforter un gamin qui demandait une attention de tous les instants. Au point d’obliger les autres à creuser leur sillon loin des regards, façon Lacazette.

Linsanity

Une idée prématurée, voire en contradiction avec le nouveau projet, si donner les clés du camion à l’Ardéchois consiste à réévaluer trois fois son salaire. Une question d’équilibre bassement mathématique (un Grenier vaut-il trois recrues ?) mais aussi d’équilibre du vestiaire : Gonalons peut-il accepter d’être deux fois moins rémunéré ? Umtiti trois fois moins ? Grenier a beau s’être imposé comme un des nouveaux repères du vestiaire lyonnais dans les dernières semaines en organisant des soirées Football Manager 2013 chez lui, il a beau avoir sorti l’OL de l’ornière en se montrant décisif à deux reprises, il n’est pour l’instant qu’un jeune joueur qui marche sur l’eau.

Alors gare au syndrome Linsanity. Marche aussi avec Marvin Martin.

Par Serge Rezza et Pierre Prugneau

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