Rennes – OL (0-1) : Bruno Genesio prône le changement

Terrier

LES NOTES. Pour la première de ses deux confrontations en cinq jours avec Rennes, l’OL s’est imposé au Roazhon Park (0-1) grâce à un but d’un Martin Terrier entré en cours de match. Un coaching gagnant qui pourrait faire la différence devant le comité de gest… à la fin de la saison.

OL  : Lopes 6 – Dubois 6, Marcelo 5, Denayer 5, Rafael 5 – Aouar 6, Tousart 5, Ndombele 5 – Fekir 5 – Dembélé 3, Memphis 4 + Terrier 8

Le grand retour du losange – un système travaillé à l’entraînement pendant que la moitié de l’effectif était en sélections – était la surprise du chef pour ce premier duel de la semaine face à Rennes, même si certaines mauvaises langues diront sans doute que Genesio n’a fait que plagier le sélectionneur d’une obscure nation ayant raté les deux dernières grandes compétitions internationales.

Quinze premières minutes intéressantes du côté lyonnais, qui confirme sa capacité à bien rentrer dans les matchs en championnat sans toutefois arriver à concrétiser sa domination. L’animation offensive confirme rapidement le recentrage du jeu lyonnais, symbolisé par une cohésion beaucoup plus évidente entre les joueurs offensifs et une série inédite pour l’OL de petits jeux en triangle. Rennes joue par à-coups et laisse venir les Lyonnais, qui nourrissent quelques regrets : Fekir trouve le poteau sur un coup franc juninhesque, puis le capitaine de l’OL et Memphis arrivent à se mettre en bonne position de frappe sans que cela ne finisse au fond.

Moussa Dembélé a plus de mal à trouver sa place, n’arrivant que trop peu à s’intégrer dans les circuits de passe et offrant moins d’options dans la profondeur que d’habitude. L’attaquant international Espoirs et les latéraux sont les perdants du changement de système en première période, n’étant servis que par intermittence et laissés en 1 v. 1 ou en infériorité numérique en phase défensive. Lucas Tousart donne lui sa pleine mesure dans un rôle de sentinelle qui convient mieux à ses qualités et lui facilite les premières transmissions grâce à la proximité de deux milieux. Le milieu défensif nordiste (mais à l’accent du sud) est aussi utile pour écoper lorsque la récupération haute échoue – moins souvent que d’habitude toutefois, sûrement grâce à un milieu lyonnais plus fourni et dense. À la pause, il ne manque donc pas grand-chose pour être pleinement satisfait : plus d’inspiration dans l’axe et d’efficacité dans les half-spaces, plus de risques pris par les latéraux pour amener le surnombre face à une équipe rennaise qui bouche l’axe avec efficacité.

Et comme l’on pouvait s’y attendre, l’OL ne fait quasi rien de tout cela après la reprise. Dix premières minutes, où Memphis est plus influent et touche notamment beaucoup le ballon à gauche, laissent penser que les Lyonnais maintiendront le rythme, mais au lieu de cela, les supporters assistent à un lent délitement du jeu lyonnais. Beaucoup moins d’efficacité dans la récupération haute, un milieu rennais plus cohérent dans ses transmissions, quelques escarmouches bien stoppées par un Lopes vigilant, nous envoient tout droit vers un 0-0 des familles. Jusqu’au coup de coaching gagnant pour enfin essayer de poser-plus-de-problèmes-aux-Rennais-que-eux-allaient-nous-en-poser.

Les supporters qui n’ont pas abandonné la rencontre pour aller passer une soirée forcément meilleure ailleurs ont en effet l’occasion de voir une passe intelligente du nouvel entrant Bertrand Traoré dans la course de son latéral, en l’occurrence Léo Dubois, qui offre un caviar à son sosie de coupe au bol Martin Terrier. L’excellente course de l’autre nouvel entrant est réhaussée par le choix d’utiliser son pied gauche et un superbe placement de son corps pour fouetter le ballon hors de portée de Koubek. Suffisant pour mettre la pression sur Lille et Marseille.

Quel bilan tirer de ce losange? Du côté négatif, plus de travail à fournir dans l’utilisation des espaces sur les côtés dans les phases offensives, ce qui requiert plus d’effort de la part de milieux qui ont tendance à être aspirés par la grosse présence dans l’axe et le fait que ce système ne résolve pas la faiblesse permanent de l’OL dans les transitions défensives rapides. Par ailleurs, Dembélé n’a pas réussi à trouver sa place dans l’axe droit de l’attaque et n’a que trop peu combiné efficacement avec Memphis. Pour le positif, ce système peut bien plus mettre en valeur les qualités complémentaires des deux milieux relayeurs, avec un petit avantage pour Aouar dont la qualité de passe et de déplacement entre les lignes a été plus utile ce vendredi que Ndombélé, qui n’eut que peu d’opportunités de casser des lignes balle au pied, sûrement dû à son placement plus haut que d’habitude. On notera par ailleurs l’efficacité dhorassienne de Tanguy qui se retrouva plusieurs fois en position favorable face au but rennais. Une doublette d’attaque plus inspirée aurait aussi pu mettre Lyon à l’abri plus tôt, mais ce problème d’efficacité ne semble pas vraiment lié au système. Il reste évidemment à voir si le coacheur gagnant du soir reconduira ce système béni des sprints de fin de saison dans les semaines à venir. La manière de fonctionner du bonhomme voudrait que oui, même si le losange n’a véritablement tenu la route qu’une mi-temps. Cela suffit-il à se rassurer en vue du round 2 face à Rennes mardi prochain ? On ne parle même pas du comité de gestion lundi, dont le résultat final semble bien plus facile à pronostiquer.

Martin Michelot