OL : le bilan du mois d’avril

Olympique Lyonnais

UN MOIS DE OUF. Au terme d’un mois vraiment fou pour l’OL, Sebtheouf aurait pu péter les plombs. Il a privilégié la sagesse, en puisant dans les écrits de ses auteurs préférés, de Pline le Jeune à Richard Anthony en passant par Milan Bisevac.

Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Aujourd’hui je suis amoureux de mon club. Comme au premier jour, je suis amoureux de mon club. Oui je suis dans mon état normal. Et tout gone sain de corps et d’esprit ne peut qu’être d’accord avec moi. Avril se profile et ce n’est pas le moment de se découvrir (Vous l’avez?). Le mois s’annonce exaltant, les organisateurs nous ont concocté une programmation de haut niveau. Quelle chance d’être lyonnais en ce mois d’avril. Quelle chance, aujourd’hui je suis amoureux de mon club.

(Librement inspiré de Richard Anthony, Amoureux de ma femme)

D’où on partait

« Les poings serrés, la tête haute. Vous avez fait honneur à nos couleurs. » Voilà ce que disait la banderole des BG87. C’est beau comme du Bisevac et ça n’en n’est pas moins juste. Éreintés physiquement, décimés par les blessures, usés moralement par l’injustice, leurs dernières illusions de podium envolées, les Gones devront puiser au plus profond d’eux-mêmes pour relever la tête et combattre le mal. Ça fait très bande annonce de film hollywoodien présenté comme ça. L’objectif en championnat sera d’être européen et donc au minimum 5e*. C’est justement la place qu’occupe l’OL avec 48 points (3 d’avance sur l’OM et 6 de retard sur Sainté). Les matchs du jeudi livrent une opportunité féérique d’intégrer le prestigieux groupe des clubs ayant disputé une demi-finale de chacune des trois coupes d’Europe. Il faudra pour ça terrasser la Juventus, futur championne de Serie A. Enfin, moment-clé de la saison, l’OL disputera la finale de la Coupe de la Ligue au Stade de France. Un match qui se révèle être en fin de compte l’objectif prioritaire, celui qui sauve une saison et qui t’emmène au balcon de l’Hôtel de Ville.

* Si tu es lyonnais cher lecteur, tu sais très bien que le seul objectif valable c’est de finir devant les Verts. Pas besoin de le préciser.

Ce qui s’est passsé

56, 57, 58… Non, ce n’est pas le nombre de hors-jeu de Bafé ce mois-ci. C’est le nombre de matchs disputés par l’OL jusqu’aujourd’hui. Oui, ça fait beaucoup. Ça fait beaucoup pour la santé de nos gones, ça fait beaucoup pour nos porte-monnaie et ça fait (beaucoup) trop pour l’équilibre de nos couples. Mais comme disait Pline le Jeune: « La prospérité montre les heureux, l’adversité montre les grands. » Rémi Garde devait connaître la citation parce que c’est le moment qu’il a choisi pour se révéler. On le savait esthète capable d’imposer un jeu collectif flamboyant, on le savait aussi capable de se transformer en « Rémi le bricolo » une semaine plus tard à base de Ferri arrière droit et Fofana en défense centrale. Mais ces quatre matchs contre la Juventus et le PSG ont montré une nouvelle facette du coach. Par quatre fois l’organisation défensive fut impressionnante. Par quatre fois l’adversaire a déjoué, évoluant loin de son meilleur niveau, à commencer par Pirlo. Par quatre fois on a senti que tous les joueurs de cet OL bis comprenaient le projet et sa cohérence. On ne peut toujours pas le noter dans le Jurynho, pourtant il mériterait une flopée de +5 pour les choix Ferri et Tolisso, loin d’être évidents il y a quelques mois. Avec tout ca, on serait presque tenté d’oublier la mise au placard de Benzia et Bahlouli. Presque seulement.  

« Ils mouillent pas le maillot », c’est l’argument principal de Dédé (ou Momo, ou Nono, ou Ducon) au café. C’est aussi souvent l’analyse principale des suiveurs, consultants et journalistes après une série de défaites (ou même une seule défaite, ou même un nul, ou même une victoire étriquée, ou même quand ils n’ont rien d’autre à dire). Incapables d’analyser la tactique ou l’impact des absences, c’est toujours: « Y sont pas motivés », « Y sont trop payés », « Y pensent à la Coupe du monde », « Y zétaient avec Sidney hier soir au Fish ». Mais dans ce cas précis, c’est bien d’état d’esprit et de qualités morales dont il faut parler. Alors que tout est contre eux et que beaucoup découvrent le haut niveau, les gones font preuve d’une vaillance incroyable, finissent les matchs en pleurs et carbonisés, se battent jusqu’à la fin, haussant chaque fois leurs niveau pour rivaliser avec plus forts, plus frais, plus expérimentés qu’eux. Appelez-ça amour du maillot, professionnalisme, fibre lyonnaise, Rosette spirit ou comme vous voulez, mais vu des tribunes, ça rend fier et heureux malgré les défaites. Du coeur, du coeur, encore du coeur. Pas étonnant que Gerland soit plein et que 25 000 Lyonnais soient montés au Stade de France.

Évidemment, ça s’annonçait un peu difficile : quatre matchs de très haut niveau plus un déplacement à Toulouse, ça sentait quand même un tout petit peu la série de fessées pour l’OL. Et si les deux matchs contre la Juve méritaient mieux que deux défaites, il n’en demeure pas moins qu’elles sont là, et avec elles l’élimination qui nous prive d’un second voyage à Turin. L’analyse n’était pas très différente avant la finale de Coupe de la Ligue. C’était chez eux, ils étaient plus forts et en plus vexés d’avoir perdu à Gerland. Et si encore une fois on s’est bien battu, ce sont quand même eux qui ont soulevé la coupe. Et les nouvelles dimensions des surfaces de réparation ne sont pas seules responsables. C’est beaucoup mieux en championnat, avec 10 points pris sur 12 possibles, malgré deux déplacements et la réception du PSG, le tout dans un mois à sept matchs. Soyons clairs: on aurait signé les yeux fermés. Comme quoi on peut jouer l’Europe et les Coupes sérieusement tout en étant performant en championnat (spéciale cace-dédi aux potos de Bordeaux et Lille). Les résultats en L1 sont si bons que l’OL s’est rapproché à 2 points de la 4e place et a distancé l’OM de 5 points. Parfait pour la course à l’Europe.

Ce qu’il faut retenir

La Juventus. En 64 ans d’histoire, jamais l’OL n’avait affronté la Juventus en compétition officielle. Hasard des tirages au sort ? Boules chaudes commandées par un club au passé sulfureux et craintif de la classe lyonnaise ? On ne le saura peut être jamais. Ce qu’on sait, c’est que la Juve (prononcer Youvé) était le dernier nom à cocher sur notre liste « Géants d’Europe ». La Vecchia Signora (prononcer Vieille Dame), 116 ans et douze finales européennes au compteur, rien que ça. Deux matchs et un déplacement mémorable plus tard, le tirage a tenu ses promesses. Eux aussi on les a joués, eux aussi on les a fait douter, eux aussi nous ont entendus chanter.  

100. Ce 6 avril 2014 restera à jamais gravé dans nos coeurs et sur les tablettes du sport hexagonal. C’est en ce dimanche de printemps que Bafétimbi Gomis rejoint le cercle ultra-select des joueurs ayant marqué 100 pions en L1. Un exploit remarquable qui n’a été réalisé que 82 fois avant lui. Ça méritait bien un hommage. Voilà qui est fait.

PSG. On en a perdu tellement des finales de Coupe de la Ligue (4) qu’il aurait été facile d’oublier celle-là. Heureusement que Thiriez, soucieux de valoriser son bébé, a trafiqué le calendrier pour nous rajouter la même affiche en L1 juste avant. En hommes de goût, les Lyonnais mettent un point d’honneur à ne pas ramener un trophée aussi moche à la maison. Ils allaient donc tout donner en championnat. Conscient qu’il pourrait être démasqué, Rémi Garde brouille les pistes et aligne les remplaçants des remplaçants. La suite vous la connaissez : les Parisiens butent sur une muraille en défense et sont punis par Jordan Ferri. Ahuris et complètement inconscients, les jeunes Lyonnais commencent à fêter la victoire. Heureusement, le taulier, le sage, Bafé veille et évite que le plan secret soit éventé. La suite du piège est d’une simplicité enfantine, l’arbitre est mis dans la confidence et les supporters lyonnais toujours très corporate font même semblant d’être déçus à la fin du match. Tout est bien qui finit bien.

Où on va ?

C’est la dernière ligne droite, les causeries de Rémi Garde doivent ressembler à peu près à ça : « Bon les Gones, on va faire simple. Avec Nanard et Jean-Mi, on a bien regardé le calendrier. Il reste trois matchs. L’idée, ça serait de massacrer les sardines, les Puel et les cousins de Gourcuff – Ah désolé, j’avais pas vu que t’étais là Yo. Ça ferait 9 points, Bruno et Robert sont persuadés que les voisins vont tout foirer, comme d’hab’. Donc on s’accroche, et on finit devant les Stephs. Compris ? » On doit pas être loin de la vérité. Et avec 9 points, l’OL ne le serait pas non plus.

Sebtheouf

(Photo Anthony Bibard / FEP / Panoramic)

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