OL-Juve : la faille, même sans Andrea

RANK’N’OL #S02E52. L’OL, valeureux mais trop limité, s’est incliné à Gerland devant la Juventus en quarts de finale aller de l’Europa League (0-1). Et si dans l’absolu le chemin le plus joyeux est encore celui qui passe par le Rank, n’insultons pas l’avenir : on ne sait jamais où peut mener la suite.

Olympique Lyonnais

Pirlo et Malbranque à 30 cm l’un de l’autre. Ils devaient être en froid. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

 

Jeudi 3 avril 2014, quart de finale aller de Ligue Europa

Olympique Lyonnais – Juventus FC 0-1

But : Bonucci (85e)

 

OL : A. Lopes (avert., 68e) – Tolisso (avert., 42e), Koné, Umtiti, Bedimo – Ferri,  Gonalons (cap.), Mvuemba – Malbranque (Fekir, 86e) – Briand (Njie, 89e), Lacazette (Gomis, 75e). Entr. : Rémi Garde.

 

rank OL Juve

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Steed Malbranque

Il semblerait qu’une grande partie de l’Europe ne doute pas de la supériorité d’Andrea Pirlo sur Steed Malbranque. Pour des raisons de palmarès, paraît-il. Ce n’est pas cette saison qui risque d’arranger les choses. Pourtant, pour leur première opposition, à 34 ans, et malgré le score, le bilan est sans appel : Malbranque a gagné. À un poste de meneur qui n’est pas (plus) vraiment le sien, le Lyonnais a éteint le Turinois, calé dans un fauteuil dont il connait les moindres coutures. Malgré ce marquage héroïco-comique, Malbranque n’a pas oublié de rester ce génie qui n’est jamais aussi beau, ni efficace, que dans la souffrance. En témoigne cette frappe repoussée par Buffon (26e), au terme d’une action qu’il avait lui-même initiée après avoir anticipé la chute d’un deuxième ballon, comme il le fera une demi-douzaine de fois encore, grâce à la combinaison d’une science du jeu innée et d’une décennie d’expérience du foot anglais. Évidemment, le résultat du match a une fois encore été favorable à Pirlo, comme le sont sa Coupe du monde, ses deux C1 et ses quatre scudetti au regard de la seul League Cup de Steed. Mais franchement, avoir besoin de sortir sa carte de visite en pareilles circonstances, c’est bon pour les faibles. La preuve.

Olympique Lyonnais2. Samuel Umtiti

À la sortie du match, Rémi Garde a tenu à remercier le docteur Emmanuel Ohrant et les kinés de son staff. Qu’il sache que le Rank se joint à lui. Il est certain que, sans son défenseur central fait maison, l’OL aurait définitivement enterré ses chances de qualif’ – ou tout du moins beaucoup plus vite. Pourtant, c’est bien ce facteur frisson, celui si cher au cœur du Rankeur, qui y aurait le plus perdu. On veut bien qu’Umtiti ait souvent gagné sa place ici sur la foi d’un contrôle venu d’ailleurs ou d’un crochet insolent de facilité. Ce soir, en plus d’assurer les basses œuvres, de ses interventions face à Osvaldo (64e) ou sur Isla (67e) au vol d’un ultime coup franc dans les arrêts de jeu alors même qu’il avait lui-même commis une faute sur Vucinic – pour qui il réclamera, et obtiendra, un carton jaune -, le Fossoyeur de Ménival est parvenu à vendre du rêve aux Italiens. Pas de bol, Bako Koné a joué la surenchère.

Olympique Lyonnais3. Anthony Lopes

Il suffit de les voir descendre du bus pour prendre la mesure du monde séparant Anthony Lopes et Gianluigi Buffon. Quand le premier en est encore à vider son gel de Vivel Dop dans le vestiaire, le second débarque en majesté dans les couloirs de Gerland. Verres fumés, mèche impeccable et cette démarche à peine affectée qui annonce au monde entier que tout est OK et que la soirée va bien se passer. C’est Dean Martin qui rend visite à Luis Rego. Comme pour tous les monstres sacrés, un début de grimace suffit à crier au génie, qu’il s’allonge pour détourner une frappe de Malbranque (24ème) ou qu’il lève les bras pour dérégler un peu plus la mire de Briand (25e). Une demi-heure vient de passer et sa présence magnétique semble avoir déjà réglé l’affaire. Plus le temps de s’encombrer avec les sauvetages à répétition. D’autant qu’en face, il y a souvent un candidat tout désigné au martyre et à la canonisation qui suit pour peu qu’il sache convoquer le miracle permanent. Une idée qui colle d’autant mieux à ce qu’on attend d’Anthony Lopes que c’est précisément pour ce genre de sorties que Bats forme ses gardiens. La bagarre : un plongeon dans les pieds de Tevez (28e), un coup-franc de Pirlo dévié par Briand qu’il faut arrêter (58e), un centre de Giovinco claqué sur la tête de Marchisio (64e), une sortie pour éteindre le départ d’Isla côté droit (66e). La pression monte chaque fois un peu plus, au point d’en arriver à appeler la catastrophe à la rescousse – un corner de Koné, un dégagement foiré de Gomis et but pour Bonucci (85e). Buffon peut rajuster sa mèche une dernière fois. La différence entre la classe mondiale et le talent de la jeunesse est là, entre celui qui se contente de tenir les ennuis à distance et celui qui doit encore les repousser.

Olympique Lyonnais4. Corentin Tolisso

Il aurait pu être le petit poucet qu’on veut perdre qu’on ne s’y serait pas pris autrement : une titularisation de plus à un poste qui n’est toujours pas le sien, où il vient de renifler le nuage de craie laissé par les passages à répétition de Trémoulinas dimanche dernier. Peut-être qu’Asamoah a senti le petit chose blessé, toujours est-il que le latéral turinois balance les hanches et passe au petit jeu du tourniquet au premier duel. Le second et tous ceux qui doivent suivre n’auront pas lieu. La raison est simple : Tolisso a compris ce que Garde attend de lui. Bien plus que les aptitudes du latéral de formation, celui qui sait répéter les efforts et maîtriser les gestes qui sauvent en défense, le rookie de l’Arbresle possède un sens de l’anticipation qui, en une feinte, un contrôle ou une passe, lui permet de passer devant son client du jour. Pour en arriver là, il faut connaître un peu plus que les rudiments du football tel qu’il se transmet à Lyon. Il faut être capable de disputer son premier quart d’Europe comme si on n’avait jamais joué que ces matchs-là. L’assurance du garçon peut gagner en intensité, jusqu’à ce magnifique appel de la 25ème et le centre qui libère Malbranque dans la foulée, sans pour autant parvenir à libérer l’OL. À peine lancé dans le bain, Tolisso n’a déjà plus rien du second couteau. Ou alors, il est à cran.

Olympique Lyonnais5. Jimmy Briand

« Une contre-attaque, c’est beau. Quand tu as trois joueurs qui partent en contre, putain, c’est merveilleux pour le spectacle et les supporteurs… » Tiens, voilà Xavi, apôtre du jeu à mille passes, qui y va dans So Foot de son couplet en forme d’hommage au sport préféré de Briand : le contre. Il y en aura toujours pour lui reprocher de n’en maîtriser la grammaire que de manière partielle, sur cette passe repoussée à trop tard pour Malbranque (25e), avant de l’envoyer trop longue (80e), quand il ne parvient pas à soigner sa reprise sur le centre que lui envoie Ferri (82e). En même temps, on n’a pas attendu d’en arriver là pour savoir qu’il arrive à Jimmy d’être fâché avec le dernier geste. Briand n’en reste pas moins un aimant à contre comme on en a rarement vu. Toujours à la retombée du ballon et déjà lancé, l’attaquant continue à faire beaucoup pour ce spectacle qui semble tant ravir Xavi. Pour le résultat, on sait. D’ailleurs, si l’homme de la 90e+3 avait été un attaquant aussi décisif qu’il reste doué pour servir de rampe de lancement à tout ce qui s’apparente de près ou de loin à un contre, il servirait de la même manière les intérêts de la Juve qu’il a pu le faire ce soir. Mais sous un maillot noir et blanc.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

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