Gourcuff is Bach

RANK’N’OL #S02E29. Pour pouvoir briller, il faut savoir être laborieux. Une fois de plus, l’OL a respecté le principe à la lettre, brillant dans le jeu pour mieux ramer au moment de l’emporter sur le Stade de Reims (3-2). Un vrai match de Champagne’s Ligue qui doit finalement plus au retour comme Bach de Gourcuff qu’au retourné comme Bako.

Olympique Lyonnais

Eh oui Max, c’est vrai. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

Mercredi 18 décembre 2013, 8e de finale de la Coupe de la Ligue

Olympique Lyonnais – Stade de Reims

Pour Lyon : Gomis (58e), Lacazette (61e), Gourcuff (82e)

Pour Reims : Oniangue (65e), Ayité (87e)

OL : A. Lopes – Miguel Lopes, B. Koné, Umtiti, Bédimo – Grenier, Gonalons (cap.), Fofana – Gourcuff – Lacazette, Benzia. Entr. : Rémi Garde

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Yoann Gourcuff

Suffit qu’un meneur à tête d’ange se montre inspiré dans sa partition du jour pour qu’on lui envoie du Mozart. On n’en est pas encore à dire qu’il est au-dessus de ça, mais Gourcuff n’a rien à voir avec cette catégorie dans laquelle Pjanic et Grenier ont pu frayer un jour. Yoyo s’en remet toujours à ce travail méthodique appris dans l’enfance. C’est le geste sans cesse répété à même le bitume de Bretagne, le délié que l’on sonde dans des étirements sans fin et cette science du placement qui doit aux préceptes du paternel. Pas de grâce, ni d’inspiration divine à revendiquer ici. Seulement un sens de la variation hors du commun gagné à force de travail et qui finit par ravir quand, l’espace d’une fin d’après-midi, Yo’ peut pratiquer l’art de la fugue, du milieu bien tempéré, de la suite en intervalles majeurs. La prouesse est d’autant plus retentissante qu’elle étire à l’infini les possibilités du losange. Une passe dé’ (61e) et une lucarne plus tard, il y en aura bien assez pour alimenter une fois de plus l’idée d’un retour de l’ex-enfant chéri du foot français. En bon repaire pour mélomanes un rien contrariants, le Rank préfère encore cette autre sentence : Gourcuff is Bach.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

Il y a dix jours, on voulait voir sous la barbe un hommage évident à Licha. Une impression sur laquelle Lacazette est venu mettre ses mots, pas aussi marquants que ceux tirés d’un aphorisme lisandriste, mais suffisamment clairs pour y lire la référence : « hargne », « teigneux ». Pour cette fois, Lacazette a décidé d’élargir la famille des joueurs à barbe. D’abord sur ce centre qui amène le but de Gomis (58e) et qu’un contrepied insolent rend tellement facile qu’il en rappelle un exercice mémorable dans le coin droit de l’attaque lyonnaise, celui de Kanouté. La suite, c’est Petit qui la réclame sur une accélération dans la surface rémoise : « Enroule-la ! Enroule-la ! » Pas contrariant, Alex répond à l’injonction sur laquelle s’est fondée une bonne partie de la carrière d’Henry (61e). Jamais pilosité et name dropping n’auront fait si bon ménage. De là à voir l’amorce d’une nouvelle carrière inscrite dans les pas de ces quelques géants barbus, il n’y a qu’un pas qui tient dans ce titre : Lacaz’ départ.

Olympique Lyonnais3. Maxime Gonalons

Il y a deux sortes de Lyonnais. D’abord, il y a Lacombe, le type qui voit tout avant les autres. Depuis les tribunes, Bernie a encore une fois dû impressionner ceux qui se trouvaient à côté de lui en annonçant les deux buts que le duo Umtiti-Koné s’est ramassé. La faute à l’autre part lyonnaise qui anime l’OL, à même le terrain cette fois, celle de Maxime Gonalons. Qui, bien qu’il puisse revendiquer lui aussi un sacré sens de l’anticipation, préfère encore pratiquer le jeu vers l’avant. Un genre d’orientation devenu d’autant plus nécessaire qu’il est aussi là pour palier la baisse de régime de Malbranque, passé maître dans l’art de faire basculer le jeu dans le sens du but. De quoi faire passer (dans l’ordre) : Gonalons pour un relanceur un peu trop précieux pour ne pas apparaître un brin pyromane, en atteste sa relance foireuse à l’heure de jeu qui manque d’envoyer Ayité marquer face à Lopes ; la défense lyonnaise pour une paire de têtes brûlées pour peu qu’on s’en remette aux dégagements plein axe de Koné ou aux savatages qui font péno d’Umtiti. Pour cette fois, la marque finale donne raison au capitaine lyonnais. Pour les autres, elle pourrait aussi expliquer, si ce n’est bien des défaillances, au moins les absences d’un récupérateur tenu désormais d’être présent pour deux.

Olympique Lyonnais4. Henri Bedimo

Les performances de Bedimo sont tellement régulières qu’elles finissent par en devenir suspectes. Au point de se demander si on ne le considère pas tout simplement comme la meilleure recrue lyonnaise depuis Källström au nom d’un seul mérite, celui d’avoir réussi à faire mieux que Miguel Lopes de l’autre côté. Pour laborieuse qu’elle soit, la performance de Zeffane à droite n’en est pas moins restée un cran au-dessus que toutes celles du Portugais affreux, sale et méché. Du coup, si Bedimo finit par rallier tous les suffrages à son compte, c’est aussi et surtout pour avoir su ramener le jeu lyonnais à son déséquilibre originel, côté gauche. À première vue, on pourrait croire que le Camerounais doit s’employer à la façon d’un Rémy Bricka pour envoyer à son tour sa décharge maloudabilienne. C’est précisément l’inverse que donne à voir l’ancien Montpelliérain en faisant le choix d’une reprise réduite au strict nécessaire de la paire des années de domination et qui tient en un enchaînement : son corps qui se sert de celui de l’adversaire comme d’un point d’appui à son propre débordement que déclenche un genre de roulette. Du One+One qui donne Satisfaction avec le même dépouillement que Cat Power.

Olympique Lyonnais5. Gueïda Fofana

À force de jouer sans cesse l’expérimentation, Fofana finit par perdre son monde. Au vu de la réussite du jour, il faut croire que c’est encore comme ça qu’il réussit le mieux. Car après s’être épanoui dimanche dernier dans un registre plus récup’ que relayeur, il s’est mis cet après-midi à occuper les couloirs pour apporter au losange la latéralité qui lui manque parfois. On pourra toujours y voir cette polyvalence qui semble tant plaire à Garde au moment de coucher son onze titulaire sur la feuille de match. Il y a peut-être une autre idée que sous-tend cette activité composite : Fofana pourrait bien être cet homme de base qui donne au losange sa forme du jour. En l’occurrence, pour cette fois, un quatuor qui donne dans la projection vers l’avant, le redoublement de passe – parfois jusqu’à l’absurde – et le surnombre aux abords de la surface, avec intervalle dans l’espace ou fenêtre de tir à suivre. S’il lui manque encore ces quelques grammes de finesse proportionnelles à son volume d’art brut, cette façon de faire évoluer son jeu au gré des exigences du jour est encore une des meilleures raisons de voir en lui l’Essien de Garde.

Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

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