Fekir, le meilleur pour le fun

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E45. Le premier épisode racontait déjà une victoire lyonnaise à Rennes (0-1). Le 154e aussi et cela vient nous rappeler qu’on ne peut rester éternellement original. C’est pour cela que le Rank tire sa révérence, en prenant soin au passage de consacrer un tout dernier lauréat, plus doué que lui, mais qui aura eu le chic de porter haut cette idée qui veut qu’on peut encore s’amuser et rester efficace à la fois. C’est même le sens secret de cette histoire dérisoire : le fun justifie toujours les moyens.

 

Le match : La victoire Saint-Trop’ forcer

 

rank-Rennes-OL

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

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Olympique Lyonnais1. Nabil Fekir

Avec son parcours un rien cabossé, il est presque devenu un personnage de roman. Alors quand s’ouvre le dernier match de la saison, face à une défense qui a tout pour être martyrisée à souhait par son goût de la provoc’, on se prépare au grand show. Les événements ont beau s’être précipités cette semaine avec la convocation en équipe de France, façon de rappeler par le choix de Deschamps qu’il vaut plus que cette chair à buzz qu’on a pu soupçonner par moments, lui semble déjà prendre le large, persuadé que ses prises de balle suffisent à faire passer la foudre du couloir au plafond. C’est à peine si on se rappelle ces jours pas si anciens où, à trop vouloir forcer la décision de la Dèche, on craignait de venir à bout d’une patience volatile et de son choix de sélection en faveur des Bleus. Peine perdue. Il n’en a tellement rien à foutre qu’il continue d’allumer les défenses adverses avec la facilité des gamins qui viennent là pour amuser la galerie – et les copains du quartier d’abord. Les premiers appuis ne trompent pas. Il tient cette différence sur les trois premiers mètres qui, à l’échelle de la Ligue 1, est trop définitive pour ne pas annoncer ce qui va suivre : la Premier League qui se rencarde depuis des mois et promet déjà une montagne de pognon au monstre d’insouciance. Les fulgurances rigolardes à la limite du Messi sont dans l’air du temps. Mieux vaut profiter une dernière fois du numéro parce que rien de tout ça ne peut durer. La preuve, ça s’arrête avant même d’avoir commencé. La faute à ces soutiers de la Ligue 1 qui l’entourent et finissent par avoir raison de son talent. Ou du moins de l’idée qu’on s’en fait. Car ce match était bien pour toi, Paul-Georges Ntep. Tellement que c’est Fekir qui en a fait son terrain de je.

Olympique Lyonnais2. Anthony Lopes

Les Lyonnais remporteront donc autres choses que des parties de pétanque cette semaine, et ils savent à qui ils le doivent. Et si on doute que l’ascétique Antholopch soit le premier à se jeter sur le canon, on espère que les autres ont eu la bonne idée de lever leur verre en son honneur sitôt arrivés à Saint-Tropez. Aussi enthousiasmants ont-ils été cette saison, ses camarades n’en seraient certainement pas là sans lui. Certes, c’est son boulot, mais le Portugone, une nouvelle fois décisif ce samedi devant Ntep (35e, 44e) ou Grosicki (67e), a permis à l’OL d’être la deuxième équipe de France plutôt que la deuxième de Rhône-Alpes, et personne à Lyon n’ignore que la différence est plus importante que la proportion ne le suggère. Alors, avant de faire la saison de trop, le Rank peut se retirer sereinement en contemplant sa muse de son regard bienveillant : l’OL est bien gardé.

Olympique Lyonnais3. Maxime Gonalons

On avait besoin de trois fois rien pour revenir vers lui. On a guetté tout le match sans rien avoir à récolter d’autre que ces relances à la limite de l’oubli, de la nonchalance ou du risque inconsidéré qui auraient pu secouer la saison de l’OL si elle n’avait décidé de tourner (toujours) en sa faveur. Ainsi va cette nouvelle perte de balle qui envoie Ntep trouver Toivonen qui n’en croit pas ses yeux (22e). Comme le dit le vieux proverbe rennais : « Si la passe n’est pas aveugle, c’est que le buteur doit l’être. » Passons, puisque c’est encore ce qu’on préfère à Lyon. À ce jeu, c’est encore Gonalons qui gagne de le titre de chef de Rank quand, sur un pas, il coupe tous les circuits de passes pour aller au plus vite, vers Njie (87e). On n’en attendait pas tant. Et c’est peut-être ce qui finirait par intriguer dans le cas du capitaine lyonnais. À se demander s’il n’en fait pas trop. La force d’une équipe réside toujours dans cette part de mystère qu’elle charrie au moment d’expliquer sa réussite. On sait trop ce qu’il en est dans un club qui a fait craindre d’écraser le championnat de France jusqu’à la fin des temps lors de la décennie précédente. Avec Washing Maxime, rien de tout ça. On voudrait raconter toutes les histoires du monde sur cette équipe qui remet au goût du jour ce rêve venu d’un autre temps – huit titulaires sortis de la formation et l’idée de jeu qui va avec –, Gonalons a déjà tout dit. Jusqu’au supplément d’âme qui fait la différence certains soirs : les parties de pêche dans la Dombes avec Licha, les soirées pizza pour ne pas dessouder, les mises au point qui vont se nicher dans un détail – une Maserati ou la préparation physique. Voilà l’ordo qui livre cet art subtil de la discrétion à la lyonnaise au regard de tous. Mieux vaut alors s’arrêter avant qu’il n’y ait plus rien à raconter.

Olympique Lyonnais4. Samuel Umtiti

Samuel Umtiti est en vacances et les Lyonnais sont tous un peu déçus qu’elles arrivent deux semaines trop tôt. Lui aussi, mais jeudi, en marge de la conférence de presse à laquelle il était convié, il semblait déjà moins croire en sa sélection qu’en lui, ce qui lui aura au moins permis de ne pas gamberger au lendemain de l’annonce de la liste de Didier Deschamps. Parce que le Fossoyeur de Ménival voit avant les autres, il a choisi à la 22e de suivre Ntep plutôt que Toivonen, et la bouse de frappe du Suédois qui suivit a une nouvelle fois montré qu »il avait raison. Derrière, il en a donné à ses romantiques d’admirateurs, avec ces feintes de corps devant sa surface pour éliminer un ambitieux venu au pressing, ces diagonales qui trouvent un milieu à trente mètres et ces interceptions plus efficaces que les duels quand on préfère le ballon à la castagne. Mais Umtiti reste un défenseur avant tout, et quand Dabo et Rose -qui, eux, sont censés n’être que ça- laissent filer Ntep, c’est lui qui le rattrape (60e). Le Rennais aura peut-être un peu plus de chance face à Mangala la semaine prochaine à Clairefontaine. Ouais, c’est gratuit. Cadeau de la raison.

Olympique Lyonnais5. Clinton Njie

Le premier Rank de l’histoire s’est ouvert sur ce qui s’apparentait alors à une évidence : Benzia serait la « première grande émotion aperçue depuis 2009 sous le maillot lyonnais ». Trois saisons plus tard, il fallait bien que tout ça se finisse sur un malentendu. Lequel n’est jamais aussi bien cultivé que lorsque c’est Njie qui s’en charge. L’émotion ne sera sans doute jamais tout à fait la même, mais il faut aussi savoir reconnaître ses torts. Rien que pour cette reprise sur une aile de pigeon qui sort l’attaque lyonnaise du sommeil dans lequel les combinaisons approximatives entre Malbranque et Yattara l’ont plongée pendant une heure (68e). On aurait bien sûr préféré que Yass sorte le grand jeu pour la dernière. Mais c’est encore Clinton qui renverse tout sur son passage – surtout Sylvain Armand – pour ramasser la mise (87e). Il ne sert à rien de reporter sur le terrain ce que le Rank fantasme sur le papier, ces mille et une manières qui permettent d’accorder toutes les faveurs à ceux qu’on a vu en premiers de la classe : Lisandro, Malbranque, Umtiti, Fofana ou Benzia. Njie a fini par avoir raison de toutes celles que le Rank a pu remuer pour mieux couvrir chacun de ses exploits de ce voile de pudeur qu’on appelle la réussite. Raison de plus pour boucler l’histoire là où elle a commencé, en se rendant à l’évidence. Il faut savoir en finir avec ses idées.

Par Pierre PrugneauSerge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Stade Rennais FC)

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