« Désolé Sergi », lettre à Darder

Darder

LETTRE OUVERTE. Sergi Darder semblait parti pour être titulaire avec l’OL cette saison. Il n’a finalement pas résisté à la première tempête, son expulsion contre Bordeaux. L’Olympique Lyonnais a annoncé le prêt à l’Espanyol Barcelone (avec option d’achat de 8 millions d’euros) de son milieu de terrain espagnol, arrivé à l’été 2015. Lettre ouverte à Sergi Darder, joueur qui laissera forcément une impression de gâchis à l’OL.

 

Ton départ me fait chier, Sergi. Parce que j’aime bien le joueur que tu es, évidemment. Mais aussi parce que j’ai déjà dû écrire sur le départ d’Emanuel Mammana et que j’ai l’impression que je vais forcément devoir me répéter. C’est pour ça que je t’ai plutôt décidé de te faire une lettre, que tu liras peut-être (tu ne dois pas avoir la référence, c’est un truc chiant qu’on apprend à l’école primaire en France, laisse tomber).

Je ne te connaissais pas à ton arrivée. J’avoue d’ailleurs que j’ai dû avoir une pensée pour Marc Crosas, autre Espagnol lui aussi précédé par une réputation flatteuse (mais pas par des compils Youtube, ça se faisait moins à l’époque). Ça a d’ailleurs permis de se rendre compte qu’il ne fallait pas croire tout ce qu’on raconte : on nous avait promis que ce fameux Darder avait une belle frappe de loin, ses tentatives ont le plus souvent fini dans les panneaux publicitaires. Il faut dire que le jeu est différent en Ligue 1 de ce que tu avais connu jusque-là en Liga. Moins de temps et d’espace pour frapper. Et sans doute aussi une autre densité physique.

Tu as d’ailleurs mis six mois à t’y faire, en ne brillant pas vraiment dans le losange de Hubert Fournier alors qu’il n’y a pas vraiment de raison objectif à ce que ce système qui multiplie les combinaisons axiales te déplaise. On l’oublie trop souvent, mais tu as ensuite été l’un des hommes forts de la folle remontée pour coiffer Monaco au poteau. Six mois extraordinaires qui ont permis à Rachid Ghezzal de signer à Monaco et à ceux qui défendent Bruno Genesio d’avoir au moins un argument à sortir (on savait pourtant bien qu’il ne fallait jamais juger un entraîneur sur une mission où il arrive en cours de saison).

Je m’en suis déjà aperçu ici ou là, et surtout sur les réseaux sociaux : ton départ réjouira ceux qui voient le football comme un sport de combat et te préféraient un besogneux à la souffrance expressive. Mais je sais aussi que nous sommes nombreux à être déçu de cette fin prématurée à ton aventure lyonnaise. Au nom de tous ceux-ci, je voulais te dire désolé Sergi. Désolé que tu sois tombé au mauvais moment et que tu aies été la principale victime d’un coach qui voit le football comme un mauvais formateur de la DTN post-Aimé Jacquet. Des défenseurs qui défendent, des attaquants chargés de faire des exploits individuels et des joueurs d’impact au milieu : ce n’était pas ton jeu, tout simplement.

Ton départ est peut-être une bonne chose pour tout le monde : avec un peu de chance tu retrouveras une équipe qui tente de jouer au football, et cela m’évitera quelques crises de foie en lisant des commentaires Facebook te reprochant d’être trop lent ou pas assez costaud. Je te souhaite désormais bonne chance. Et je nous le souhaite aussi. C’est bien parti : Florian Maurice nous a déjà débusqué de nouvelles pépites. Reste juste à les exploiter un peu mieux que toi ou Mammana.

Hugo Hélin

(Photo Damien LG)

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>