Dans la tête de Mouhamadou Dabo

SÉANCE #6. À la manière de son entrée dans le foot pro, Mouhamadou Dabo a débarqué dans le cabinet du Dr Cherchab un peu par hasard. Et après un tour sur lui-même, il s’est allongé sur le divan comme il tacle : la tête la première.

Olympique Lyonnais

Mouhamadou Dabo est à peine revenu que déjà Henri Bedimo décline. Alors, c’est qui le patron ? (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

Aujourd’hui on joue Montpellier. Ça faisait un bail que je n’avais pas vu la couleur de la pelouse. Deux, trois, quatre mois ? Je sais même plus. Quand Rémi Garde m’a dit que je faisais partie du groupe, j’étais le plus heureux du monde. Ouais le foot m’a manqué ! Même si je sais déjà que je ne vais pas jouer, condamné à rester sur le banc. Comme un vulgaire Gaël Danic ou Arnold Mvuemba.

Kevin, un mec de la sécu, vient me voir : « On t’avait dit de surveiller la tribune des Bad Gones, tu fous quoi là ? » Trois ans que je suis dans ce club et ce mec me prend toujours pour un stadier. Je ne cherche pas à discuter et j’obéis. Les supporters disent que je leur ai manqué, moi je ne sais plus trop qui ils sont. Ça me fait plaisir de voir que j’ai quelques fans. J’ai toujours cru que j’étais le mal aimé de la bande. Le match avance au ralenti, on s’emmerde sur le banc. Gaël me propose une clope, je refuse. Ça a tendance à m’exciter et à m’énerver et c’est franchement pas le moment de gâcher mon grand retour. Tout ce dont j’ai envie là, c’est d’un steak bien saignant.

Sur le terrain, Henri Bedimo a du mal. Les gars sur le banc disent que c’est parce qu’il joue contre son ancien club, mais je sais qu’il flippe depuis qu’il a appris que j’étais de retour. Et il a raison. Il n’y a qu’une seule hype à l’OL et c’est celle de Mou Dabo. Voilà que je me mets à parler de moi à la troisième personne, c’est mauvais signe…

Le match avance, je bous. Jordan Ferri vient s’asseoir à mes côtés. L’odeur du sang qui coule dans son bandage me donne des envies de tacles. Ouais le sang, ça m’excite. Je m’impatiente. Bruno Génésio s’approche de moi. Je me lève en sursaut, je me déshabille : fausse alerte, il vient juste me taxer un chewing-gum. Je m’en fous, je m’approche du bord du terrain et je laisse traîner ma jambe histoire de faire tomber un ou deux mecs de Montpellier. L’arbitre me voit, je suis grillé.

On termine le match sans le gagner, j’ai la rage. Même pas un petit tacle, pas de bobo, rien. Tout le monde en sort indemne. Kevin vient me voir dans les vestiaires : « Dépêche-toi, faut vider les tribunes ! » Finalement, je l’ai trouvée ma victime.

Merien Cherchab

 

 

#1 Clément Grenier ; #2 Arnold Mvuemba ; #3 Milan Bisevac ; #4 Bafé Gomis ; #5 Bako Koné


Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>