Vercoutre et l’OL, les petites histoires dans la grande

Olympique Lyonnais

TRANSFERT. Arrivé au terme de son contrat à l’OL, Rémy Vercoutre a signé avec le Stade Malherbe de Caen après douze ans passés à Lyon. Et s’il restera dans les mémoires collectives comme un éternel remplaçant, il n’en a pas moins marqué l’histoire de l’Olympique Lyonnais. À sa façon.

Vercoutre et la dernière victoire lyonnaise en Gambardella

Rémy Vercoutre entre dans la légende de l’Olympique Lyonnais indirectement et surtout bien malgré lui le 10 mai 1997. Alors gardien des juniors de Montpellier, entraînés par un certain Fleury Di Nallo, il assiste impuissant à l’incroyable scénario de la finale de Gambardella qui oppose son équipe à l’OL de Jérémie Bréchet et Steed Malbranque. En effet, le gardien lyonnais Cyrille Clavel se blesse en fin de première mi-temps et le coach Armand Garrido n’a que trois remplaçants sur le banc, forcément tous joueurs de champ. C’est donc l’avant-centre Roland Vieira qui prend les gants et qui résistera aux assauts montpelliérains jusqu’au bout… séance de tirs au but incluse !

Lire : Roland Vieira, le héros de la Gambardella

Vercoutre à deux doigts d’enlever le premier titre à l’OL

Mais l’histoire retiendra surtout que c’est lors d’un autre OL-Montpellier, en Division 1, qu’il suscite l’admiration tout autant que la frustration de Gerland, en contraignant presque tout seul le futur champion de France au match nul (0-0, 32e journée, 13 avril 2002). Pourtant, en balance avec Rudy Riou, il n’est pas le titulaire du poste dans l’Hérault. Quitte à être doublure, autant l’être dans le meilleur club de l’Hexagone. Angelo Hugues parti… en Pologne (Wisla Cracovie), il devient la nouvelle victime de Juninho à Tola Vologe.

Il a participé à toutes les saisons

Une riche idée qui n’est pas encore une idée de riche (mais qui le deviendra). À Lyon, Vercoutre vit dans l’ombre de Grégory Coupet. Ce qui ne l’empêchera pas de jouer, si ce n’est régulièrement, chaque année. En effet, Rémy Vercoutre n’a jamais fait une saison blanche, y compris en Ligue 1, ce qui lui permet d’être officiellement cinq fois champion de France, même s’il n’y a que lors de la saison 2007-2008 que sa participation est significative : Coupet blessé aux ligaments croisés, il dispute 19 matchs lors de la première partie du championnat.

Bonus imprévu à Strasbourg

Son prêt à Strasbourg lors de la saison 2004-2005 est un échec sportif, mais qui aura quelques vertus. Titulaire en début de saison, il se blesse au pied (cinquième métatarse) après la quatrième journée et voit Stéphane Cassard, impérial durant son intérim, lui piquer définitivement sa place. La frustration débouche toutefois sur un petit bonheur. Jacky Duguépéroux offre à son gardien remplaçant le droit de jouer la Coupe de la Ligue. Petite compensation, grosse conséquence : les Alsaciens, avec une attaque Niang-Pagis, remportent le trophée… face à Caen, grâce à un coup franc monumental de Jean-Christophe Devaux. Et Jean-Michel Aulas ne manquera pas de souligner que l’OL récupère un bonus au passage.

Il reste, car il vaut moins cher

Vercoutre rentre donc à Lyon où Nicolas Puydebois s’est révélé un très bon substitut du substitut. Selon ce dernier, Alain Cavéglia, alors agent des deux joueurs – et donc désormais directeur sportif du Stade Malherbe -, a pour mission d’en refiler un des deux au plus offrant. La cote de Puydebois, qui vient de jouer onze matchs avec le champion de France en titre dont quatre en Ligue des champions, est alors plus élevée, c’est donc lui qui part… à Strasbourg.

Lire : « Celui pour lequel on trouvait un club partait, l’autre restait comme doublure »

Le destin de joueur historique de Vercoutre aura donc tenu à pas grand-chose, surtout quand on se rend compte qu’il n’y a peut-être que trois mois dans la carrière des deux hommes où la valeur de Puydebois était la plus élevée des deux.

Il a tout gagné mais reste associé à un échec

En revanche, l’histoire d’amour du gardien né à Grande-Synthe (Nord) et la Coupe de la Ligue ne dépassera l’épopée strasbourgeoise. En effet, le nom de Vercoutre restera longtemps associé à cette sortie ratée à la 89e minute de la finale de l’édition 2007, qui a permis à Henrique d’offrir le trophée à Bordeaux. Dans la solennité du départ, on préférera se souvenir du festival offert un soir d’octobre 2012 face à Bilbao, quand Rémi Vercoutre était devenu « l’Homme de la manchette ».

Il part, car il coûte trop cher

Après avoir été quatre ans la doublure d’Hugo Lloris, période durant laquelle il continuera à grappiller ses deux ou trois matchs par an rien qu’en L1, Vercoutre se voit enfin promu n°1 après le départ du gardien de l’équipe de France pour Tottenham. La suite, on la connaît : il assure durant neuf mois, se blesse en avril 2013, voit Anthony Lopes faire des étincelles et s’enterre après avoir précipité son retour quand son cadet de dix ans est forfait à son tour. Même si la pilule passe mal durant l’hiver, ce qui lui vaudra deux matchs de mise à l’écart, Vercoutre sait bien que le Portugais est plus fort et n’a rien contre une prolongation. Ses dirigeants lui proposent alors de diviser son salaire, estimé à 100 000 euros mensuels, par quatre. Mais quitte à être mal payé, à 34 ans, Vercoutre préfère encore jouer. Ce sera à Caen, promu et bête noire de l’OL. Ce n’était pas forcément prévu comme ça. Mais le hasard, ça fait souvent de bonnes histoires à raconter.

Pierre Prugneau

(Photo Eddy Lemaistre – Panoramic)

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