8 novembre 2009, OL-OM (5-5) : le Bordel Magnifique

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ÉPHÉMÉRIDE. À quelques minutes près, cet OL-OM 2009/10 aurait pu devenir un match légendaire pour l’Olympique Lyonnais. À la faveur d’un CSC à la dernière seconde, il a préféré rentrer dans l’histoire de la Ligue 1 tout court. Retour sur un match immense, absurde, qui reste gravé dans les mémoires de tous les amoureux du foot français.

 

Dans l’imaginaire collectif de la Ligue 1, un match transcende toutes les rivalités. Que l’on soit supporter lyonnais ou marseillais, ou même d’un autre club du championnat de France, la même réponse revient souvent lorsqu’il s’agit de désigner le plus grand match de l’histoire du championnat de France : « le 5-5 », le fameux, l’unique, le match nul le plus prolifique de l’histoire du foot français, avec son scénario absurde et ses buts magique.

 

 « Quand j’ai un coup de mou, ce qui arrive rarement, je me remets ce match, ça me fait du bien »

Huit ans après, le souvenir est toujours intact pour Grégoire Margotton, aux commentaires du match sur Canal + à l’époque. « C’est ce genre de matches où tu sais très vite que chaque action va se terminer en but. » Dès la 2e minute du match, le ton est donné avec Pjanic, puis par Diawara huit minutes plus tard. À l’antenne, Margotton a déjà tout vu et lâche une phrase prémonitoire : « Ce match prend déjà une grande grande ampleur. » Pourtant, sur le coup, le duo de commentateurs (Christophe Dugarry accompagne Margotton) ne se rend pas encore compte de ce qu’il se passe sous les yeux. « Sur le moment, on est dans le match, on ne se rend pas encore compte qu’on est en train de voir un truc qui va rentrer dans l’histoire, explique Margotton. Je me souviens surtout de la tête des entraîneurs, totalement consternés. Les boulettes de Lloris, la défense de l’OM qui reste immobile sur le but de Govou, c’était irréel. »

Et ce fameux « Avec Bastoooooos ! » que personne n’a oublié sur le cinquième but lyonnais : « À ce moment-là, Gerland tremble. J’en ai fait des matches à Gerland, mais là, ça tremblait de partout. C’est marrant, mais quand Bastos met le but du 5-4, je suis sûr que c’est pas terminé. Pourtant on est quoi, dans le temps additionnel ? Je suis sûr qu’il va encore se passer un truc. » Trois minutes plus tard, Toulalan égalise contre son camp après une « touche pourrie » et un cafouillage défensif ridicule : « Je me souviens qu’à la fin, avec Duga, on finit par en rigoler. » Il y avait de quoi.

 

Boulettes et merveilles

Il y avait effectivement de quoi rire lors de cet Olympico mythique. Sur les dix buts, on compte autant de cagades que de pépites. Entre un Lloris totalement à la rue, fautif sur deux buts olympiens et la défense de l’OM complètement apathique sur les buts de Govou et Bastos, les défenses n’ont pas vraiment brillé en ce soir d’automne à Gerland. Mais comme l’écrivait Vincent Duluc dans l’Équipe le lendemain, « On oubliera avec le temps les erreurs défensives. C’est ainsi que s’écrivent les légendes. » Effectivement, qu’importent les cafouillages et les errances à l’arrière, avec une charnière Cris-Toulalan à la rue d’un côté et un Vitorino Hilton déjà trentenaire et bien en-dessous de son niveau actuel de l’autre.

Gassama à droite et Toulalan dans l'axe, on aurait du se douter que ça finirait n'importe comment...

Gassama à droite et Toulalan dans l’axe, on aurait du se douter que ça finirait n’importe comment…

À côté de ces boulettes, cet OL-OM de légende a aussi offert de sacrées douceurs des deux côtés. Du côté de l’OM, difficile de passer sous silence la sublime reprise de volée de l’extérieur du pied de Baky Koné et cette reprise du talon de Brandao qui donnent respectivement un et deux buts d’avance à l’OM. Suffisant pour l’emporter ? C’était sans compter sur l’immense Lisandro Lopez, en grande galère pendant 80 minutes avant de devenir l’homme de la remontée lyonnaise. Un but sublime pour redonner espoir aux Gones, double contrôle un peu long conclu par un amour de piqué en angle fermé. Puis un penalty transformé quelques minutes plus tard pour faire rugir de nouveau Gerland. Enfin, pour conclure ces dix minutes de récital, Licha s’offre un amour de déviation aveugle pour Gomis qui amorce le but magique de Bastos, servi par un amour de passe en retrait de Pjanic. Un but collectif exceptionnel, symbole d’un temps où l’OL perdait sa couronne mais savait garder sa superbe lors des grands rendez-vous. Quelques mois plus tard, l’OL éliminait d’ailleurs le Real Madrid en huitièmes de finale de Ligue des Champions.

 

Passage de flambeau

Peut-être cette rencontre de folie a-t-elle été un match charnière pour l’OM lors de cette saison 2009/10. Quelques mois auparavant, Marseille avait peut-être laissé échapper le titre lors d’une affiche du dimanche soir contre Lyon. L’OL, septuple champion de France en titre déjà déchu à l’aube de la 36e journée de Ligue 1 2008/09, avait en effet emporté dans sa chute l’Olympique de Marseille, leader au début du week-end, en s’imposant 3-1 au Vélodrome. Ce sont finalement les Girondins de Bordeaux qui seront sacrés deux journées plus tard.

Sans ce but contre son camp de Toulalan au bout des arrêts de jeu, l’OL aurait relégué son adversaire du soir à 5 points au classement après 13 journées, mettant une nouvelle fois du plomb dans l’aile aux espoirs de titre des Marseillais. Cette égalisation, aussi moche soit-elle, est probablement le symbole du passage de flambeau entre l’empereur lyonnais sur le déclin et des Marseillais affamés après dix-sept ans sans titre. Face à des Girondins en décrépitude et un OL trop concentré sur la plus belle campagne européenne de son histoire, l’OM rafle presque tout sur la scène nationale cette année-là : champion de France, vainqueur de la Coupe de la Ligue, meilleur buteur (Niang, 18 buts) et meilleur passeur (Lucho Gonzalez, 11 passes) de Ligue 1. L’OL, se son côté, ne verra plus jamais la couleur de l’Hexagoal, et devra attendre 2012 pour enfin décrocher un nouveau titre, en Coupe de France. Cet OL-OM de légende, c’est aussi le marqueur de la fin d’une époque dorée pour l’OL.

lequipe

 

Charly M.

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