OL : pour battre le PSG, il n’y a pas vraiment de secrets

Mbappé

TACTIQUE. L’Olympique Lyonnais, deuxième du championnat après sa victoire à Guingamp, s’apprête à affronter le leader parisien ce dimanche. Un choc au sommet qui n’en est pas vraiment un, vu l’écart entre les deux équipes (le PSG a 11 points d’avance sur l’OL) et les statistiques ahurissantes du Paris Saint-Germain depuis le début de la saison. Pour se rassurer, on a demandé à Florent Toniutti, qui parle tactique dans le podcast Vu du Banc ou sur le site Les Chroniques Tactiques, de revenir sur les deux défaites parisiennes en 2017/18.

 

L’avantage quand l’adversaire n’a perdu que deux matchs au cours de la saison, c’est qu’on se souvient facilement de toutes ses défaites. Celle à Munich est celle qui a le plus failli prêter à conséquence, un soir où le PSG avait semblé tout proche de laisser échapper la première place de son groupe de Ligue des Champions. « Beaucoup de gens avaient dit que le PSG était passé à côté, mais pour moi c’était plutôt un retour à la normale de la part du Bayern après un aller catastrophique (3-0 au Parc des Princes, ndlr) qu’une défaillance parisienne » se rappelle Florent Toniutti, qui avait analysé le match sur son site Les Chroniques Tactiques.


Il se souvient notamment de l’insistance des Bavarois à attaquer sur les côtés, et notamment sur la droite de la défense parisienne. « Ils avaient beaucoup appuyé à gauche avec Ribéry, James et Alaba. Ils repartaient court et allaient attaquer la zone de Verratti, le moins mobile des milieux parisiens, avec un Ribéry toujours en avance sur l’Italien. Quand il repiquait, James pouvait prendre le couloir. Il y avait une belle complémentarité entre les deux. Verratti et Alves étaient souvent dépassés, surtout que Mbappé ne redescendait pas forcément. » Un grand match allemand, qui n’a toutefois pas forcément valeur d’exemple. « C’est difficile d’imaginer l’OL faire la même chose. C’était un match où on était à 50-50 au niveau de la possession. Sur cet OL-PSG, on peut imaginer qu’on sera plutôt sur du 60-40 comme à l’aller (64%-36% selon la LFP, ndlr). »

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L’exemple marseillais plutôt que strasbourgeois

« C’était le Bayern, pas l’OL. » La sentence est cruelle à entendre, mais résume bien les choses. Il faudrait donc se tourner vers l’autre défaite du PSG, celle en Ligue 1, pour inspirer l’OL ? Toniutti n’est pas forcément d’accord. « Paris avait été défaillant, en oubliant les couloirs et en insistant dans l’axe où Strasbourg avait mis beaucoup de densité avec un 4-5-1 resserré. Il y a eu des miracles de gardiens (Oukidja avait remplacé Kamara, ndlr) et je crois qu’ils marquent deux fois en deux tirs cadrés. » Une anomalie statistique confirmée par les expected goals (xG) : pour Understat par exemple, le score logique (entre guillemets) de ce match était de 0,38 à 2,27. Difficilement reproductible.

« Au final l’équipe qui a le plus emmerdé le PSG en Ligue 1 c’est Marseille ! » poursuit celui qui intervient aussi dans l’excellent podcast Vu du Banc. Une impression là aussi confirmée par les chiffres : l’OM est la seule équipe à battre le PSG aux xG (1,31-0,32) malgré le nul 2-2 dans la réalité, et la seule avec Montpellier à avoir tenu l’attaque parisienne sous la barre des 1 xG. « Montpellier a un système très spécifique en 3-4-3 qui fait chier tout le monde. Ils n’ont perdu aucun match contre le top 4, une vraie performance défensive. Marseille, ça peut être un exemple à suivre. C’était un 4-4-2 ou 4-2-3-1 qui se rapproche beaucoup plus de celui de l’OL. Ils n’avaient pas eu peur d’aller les chercher très haut, avec Payet et Mitroglou devant qui avaient fait un gros boulot défensif. Et il y avait surtout eu un Luis Gustavo monstrueux au milieu de terrain. Il faut que ton Ndombele te fasse le même match. S’il joue, évidemment ! »

 

Deux conseils et on croise les doigts

Avant le choc de dimanche, Toniutti voit principalement deux angles d’approche pour l’OL. Être tranchants dans les premières secondes qui suivent la récupération, tout d’abord. « Les trois Parisiens de devant ne sont pas les plus rapides à se replier. Il faut arriver le plus vite possible dans leurs 30 mètres. À l’aller, l’OL n’avait pas trop mal défendu, mais je souviens de situations où Ndombele arrivait dans le rond central avec la défense parisienne face à lui et aucun appel dans la profondeur. Ça laissait le temps au PSG de se replier. Il faut des attaquants qui réagissent très vite, qui font les appels au bon moment et qui évitent d’être hors-jeu. Ça demandait trop le ballon dans les pieds à l’aller. Mariano a changé sur ce point et Cornet sera peut-être plus enclin à prendre la profondeur que Traoré. »

Toniutti revient aussi sur la nécessité d’insister sur les côtés en phase de possession. « Quand tu as la balle, il vaut mieux attaquer par les côtés. Neymar et Mbappé, ça ne défend pas trop. Si tu réussis à créer des choses sur les côtés et à les mettre en difficulté dans les couloirs, ça peut être intéressant. Mais pour ça, il te faut des latéraux qui montent et des joueurs capables de créer le surnombre dans ces zones-là. Il ne faut pas avoir peur d’envoyer les latéraux à l’assaut, même s’il y a le danger de prendre une contre-attaque derrière. Dans l’axe ils sont plus difficiles à prendre, sauf pour un Fekir en feu. »

Avoir des joueurs en feu, ce sera de toute façon une nécessité face à ce PSG. « C’est vraiment des lieux communs, mais t’es obligé de faire un match sans faute et espérer qu’ils soient dans un mauvais jour. C’est un peu ça le problème avec Paris. Si les trois de devant sont en forme, il faut juste prier. Dans un match où ils sont moins bien et où tu ne fais pas trop d’erreurs, tu peux imaginer réussir quelque chose à la seule condition d’être réaliste. Si tu gâches tes occases contre eux, c’est mort parce que tu sais qu’ils vont forcément en marquer un ou deux. » Ce n’est peut-être pas le point le plus inquiétant pour l’OL : depuis le début de saison, les Lyonnais savent en effet être efficaces dans les deux surfaces. Nabil Fekir et Mariano Diaz sur-performent ainsi au nombre de buts par xG et peuvent se créer des occasions à partir de pas grand chose, tandis qu’Anthony Lopes est l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1 selon tous les critères statistiques. Il n’y a plus qu’à croiser les doigts.

Hugo Hélin

(Photo PSG)

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