Christophe Galtier, le plus français des Costariciens

Galtier

INCULTURE FOOT. Le froid du domaine de Luchin est bien loin du climat tropical de Puerto Limón, sur la côté caraïbe du Costa Rica. Mais Christophe Galtier n’est pas du genre à se plaindre, et encore moins à regarder vers le passé et un pays où il n’a plus mis les pieds depuis près de 20 ans.

1999. Les Bleus sont sur le toit du monde et l’exportation de joueurs français représente 1,2% du PIB de l’Hexagone (source INSEE). La FFF fait tourner ses centres de formation à plein régime pour répondre à la demande. Ses produits phares, ailiers rapides mais pas très techniques et milieux défensifs rapides mais pas très techniques, envahissent le marché.

Mais la France manque alors cruellement d’entraîneurs, un poste que l’omniprésence de présidents comme Bernard Tapie ou Claude Bez a longtemps rendu purement esthétique mais qui est indispensable pour la « mise en valeur de la production » avant son « envoi chez nos partenaires privilégiés de Premier League » selon un rapport de la FFF.

Un constat qui pousse à la mise en place du « Plan 4-2-3-1 ». Des dizaines de jeunes de pays pauvres, soigneusement choisis parmi les épiciers n’ayant jamais montré le moindre intérêt dans le football, arrivent à Clairefontaine et y reçoivent une formation express dispensée par les plus hauts cadres de la Fédération et de l’UNECATEF.

En quelques mois à peine, ils apprennent à ne pas animer un double pivot avec deux profils de milieux purement défensifs, à transformer un attaquant prometteur en ailier capable de se repositionner rapidement pour aider son latéral à fermer le couloir, à mettre en place un turnover permettant d’accrocher un nul 1-1 sur la pelouse de n’importe quel adversaire bulgare ou chypriote lors du 2e tour de Coupe UEFA, à s’exprimer en mettant en avant uniquement « l’abnégation », « l’humilité » et le « manque d’expérience ».

Le 18 novembre 1999, cette première promotion est enfin prête. Les lauréats obtiennent la nationalité française lors d’une cérémonie animée par Aimé Jacquet en personne, devant un immense portrait de Georges Boulogne. Parmi eux, Carlos Rodriguez Herrera. Ou plutôt Christophe Galtier comme il s’appelle depuis ce jour où il a abandonné son passeport costaricien.

L’élève appliqué n’a plus jamais remis les pieds dans son pays natal ni même parlé espagnol depuis ce 18 novembre 1999. La vie de Galtier est désormais en France, où il gravit tous les échelons et reçoit même les plus hautes distinctions possibles pour un entraîneur français (trophée UNFP, qualification en coupe d’Europe après une saison à 42 buts marqués en 38 journées, fellation par Hervé Penot…).

Une intégration réussie. Galtier est désormais plus français que bon nombre de Français. Ceux qui aiment tant dénigrer Olivier Giroud au profit de joueurs qui ne chantent pas l’hymne national. Ceux qui ne savent pas apprécier la rigueur tactique de Moussa Sissoko, Kevin Monnet-Paquet ou Jordan Ferri. Ceux qui encensent Marcelo Bielsa. Il a pourtant fallu l’excellent travail d’un entraîneur français de coeur pour que le LOSC se remette du passage d’El Loco et revienne au sommet du football français. Si tout va bien, le club lillois aura l’an prochain les honneurs d’une élimination en phase de groupes de la Ligue Europa (1 victoire, 2 nuls et 3 défaites face à Ludogorets, Alaves et Saint-Gall).

Zénon Zadkine

(Photo LOSC)

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