Very bad Tripoli

Olympique Lyonnais

EUROPA LEAK. Contraint à l’exploit lors de ses deux derniers matchs, l’OL a vécu une mésaventure cocasse hier. Attendu à Tripoli, en Grèce, l’avion des joueurs s’est en effet posé à Tripoli… en Libye. Récit d’une journée particulière.

 

Vous le saurez désormais, Tripoli n’est pas seulement la capitale de la Libye mais aussi celle de la région administrative du Péloponnèse. Un beau petit coin de Grèce chargé d’histoire, entre modernité et tradition, où l’OL était attendu dès hier pour préparer son match face à l’Asteras. Une erreur de réservation de l’intendant aura pourtant fait atterrir les Gones dans le pays de Mouammar Kadhafi… Une gaffe qui aurait pu être sans conséquence, mais qui a déclenché un imbroglio digne d’un film de Ben Stiller. La liaison Tripoli-Athènes ne partant que le lendemain, les joueurs de l’OL étaient en effet contraints de dormir une nuit sur place. La suite est confuse, et la chronologie reconstituée à partir des éléments fournis par le ministère des Affaires étrangères.

12h27. Abu TakTak, pilier de la filière djihadiste française, arrive dans le hall de l’hôtel des Lyonnais. Il y attend Gaël Le Garrec (le nom a été changé, ndlr), Quimpérois de 14 ans parti combattre pour « protester contre l’augmentation du prix des Snickers au distributeur du collège Christophe-Miossec ».

12h28. Dans la chambre 237, Gaël Le Garrec vient de découvrir l’existence des pay-per-view à caractère pornographique. L’adolescent est occupé.

12h29. Jean-Michel Aulas a demandé de ne pas remplir le mini-bar de la chambre de Gaël Danic « pour raisons budgétaires ». N’ayant pas envie de boire l’eau chargée de terre qui coule du robinet, l’ancien joueur de Valenciennes décide de descendre à la réception.

12h31. Dans le lobby de l’hôtel, Abu TakTak sifflote « la jument de Michao », signe de reconnaisance prévu avec Le Garrec. Gaël Danic passant par là l’interpelle : « Breton aussi ? » TakTak répond du tac au tac : « Gaël ? » Surpris et flatté, le milieu gauche demande : « Vous m’avez reconnu ? Ouah, c’est la première fois ! »

12h32. Abu TakTak demande à Gaël Danic si d’autres frères djihadistes l’accompagnent. Habitué aux supporters lui préférant les jeunes du centre de formation, le Breton répond : « Fares et Yass ? Je pense qu’ils sont dans leur chambre. » Le duo monte en direction de la suite des deux pépites de Tola-Vologe.

12h36. Ayant fini ses basses œuvres, Gaël Le Garrec descend dans le lobby et, ne trouvant personne, remonte dans sa chambre afin d’envoyer un message à TakTak.

12h39. Habitués aux préparations commandos au col de l’Iseran et pensant qu’Abu TakTak est envoyé par le club, les trois joueurs de l’OL prennent place à l’arrière d’un pick-up et font route vers le désert.

12h41. Recevant le message snapchat de Le Garrec, Abu TakTak comprend qu’il a été roulé dans la farine.

13h15. Gaël Danic, Farès Bahlouli et Yassine Benzia sont enfermés dans une pièce sans fenêtres d’un camp d’entraînement djihadiste. Pensant qu’il s’agit d’espions français, TakTak contacte l’ambassade et exige une rançon.

14h00. Jean-Michel Aulas est mis au courant de l’enlèvement de ses joueurs par l’ambassadeur. Le Président propose immédiatement le retour de Benzia et Bahlouli, et affirme que les djihadistes peuvent garder Danic. Il est « prêt à rajouter Mvuemba. Un duo évalué à 5 millions d’euros, plus que ce qu’ils demandaient au départ. Dernière offre ! »

14h15. Après une heure de détention, la pression psychologique devient trop forte pour Gaël Danic. Le Breton est atteint du syndrôme de Stockholm et annonce à ses geôliers qu’il souhaite se convertir à l’Islam et partir combattre en Syrie.

14h25. Un communiqué officiel est diffusé sur Al-Jazira. Dans la vidéo, authentifiée par les experts de la CIA et un stagiaire 3e de la DGSE, l’ex-otage affirme : « Gaël Danic était mon nom d’esclave. Je refuse ce mode de vie occidental fait d’opulence et de bancs Recaro. Appelez-moi dorénavant cheikh Ahmed al-Bretonni. »

14h45. Jean-Michel Aulas décide que « ça suffit les conneries maintenant ». Le Président de l’OL, accompagné de l’ambassadeur et de Clinton Njie (qui souhaite revoir ses cousins mercenaires dans le Sahara), se rend sur place après avoir rédigé un tweet « STOP djihad. rendé joueurs OL 2eme centre formation Europe. Fares Yass et gael font excellent boulot tt comme partenaire Oknoplast ».

14h52. Après d’âpres négociations, Abou TakTak accepte la libération des otages si l’OL ferme immédiatement sa section féminine. Jean-Michel Aulas accepte après un échange de SMS avec son conseiller Bernard Lacombe.

14h53. Filou, Jean-Michel Aulas continue les négociations et conclut un contrat avec Abu TakTak concernant la vente de 50.000 logiciels de comptabilité CEGID à l’État Islamique. Une péripétie qui se termine heureusement bien, puisque le groupe lyonnais au complet a pu prendre l’avion pour la Grèce aujourd’hui. La principale interrogation concerne désormais l’état psychologique du groupe (et l’orientation du banc de touche de l’Asteras, que cheikh Ahmed al-Bretonni espère orienté vers la Mecque).

Compo. Place donc au match, que Hubert Fournier devrait jouer à fond « sans penser au Derby », comme il l’a annoncé dans une de ses fameuses conférences de presse aussi débridées et passionnantes que celles de Marcelo Bielsa (au cours de la dernière on a par exemple appris que le technicien « était flexible au niveau tactique », « souhaitait avant tout une équipe bien équilibrée » et trouvait que « Celio taillait un peu large »).

Prono. Pour son premier grand match ensemble, la génération dorée de l’OL ne déçoit pas. Victoire 5-0 (Lacazette x3, Bahlouli, Benzia) et un titre qui revient dans tous les journaux sportifs d’Europe vendredi : « TakTak ». Un terme qui fera date et sera l’équivalent du « jogo bonito » ou du « tiki-taka » dans l’imaginaire collectif des années 2010.

Zénon Zakine

(Photo Sudan Al-Ardenni)

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