Sidy Koné, le prêt à taux zéro

MAUVAISE IDÉE. Le 31 janvier, Sidy Koné rejoignait la Ligue 2 et Caen, afin d’aider le club à monter en Ligue 1. Malherbe n’atteindra pas son objectif, mais le jeune Malien prêté par l’OL n’y sera pas pour grand-chose : en plus de trois mois, il n’a pas joué une seule minute.

Alain Cavéglia et Sidy Koné

Le jour où Sidy Koné, ici avec Alain Cavéglia, a porté le maillot de Caen. (photo smcaen.fr)

Lundi soir, pour le match de la montée face à Nantes, le milieu un temps présenté comme le successeur de Djilla Diarra, n’était pas sur le terrain, ni sur le banc. Ni même sur la liste des absents

Bonne surprise de la préparation estivale 2011, Sidy Koné avait disparu des radars le 20 août après avoir reçu un carton rouge pour sa deuxième -et dernière- apparition en Ligue 1 à Brest (1-1). On ne l’a revu qu’une fois, seize mois plus tard, pour une deuxième mi-temps plutôt convaincante face à Kiryat Shmona (2-0). Pas de quoi remettre en cause l’ordre établi, mais suffisant pour laisser croire qu’il y avait au moins un vrai remplaçant à Maxime Gonalons, Gueïda Fofana ne se montrant pas assez convaincant au poste (ou pas assez convaincu par le poste). Aussi, son départ en prêt pour Caen dans les dernières heures du mercato d’hiver pouvait surprendre. « L’autre Koné » était le potentiel deuxième récupérateur d’une équipe en course pour la qualification en Ligue des champions. Il est devenu un sixième choix en Ligue 2.

Cramer Agouazi plutôt que le faire jouer

« À part pour aller visiter les plages du Débarquement, ce prêt aura été de l’inutilité par excellence. » Sylvain Letouzé, qui couvre l’actualité du SM Caen pour la radio Tendance Ouest et le quotidien la Presse de la Manche, ne se moque même pas. Au contraire : « C’est une catastrophe pour le malheureux Sidy Koné. » Mais Patrice Garande, l’entraîneur normand, avait prévenu d’entrée de jeu lors de la conférence de présentation du 31 janvier : « Sidy vient en complément d’effectif pour palier les blessures, notamment celle de Laurent Agouazi. Comme tous les autres joueurs du groupe, il devra s’imposer pour jouer. » Agouazi, qui forme avec Nicolas Seube la paire de récupérateurs, vient en effet de se blesser au genou à l’entraînement. Il sera écarté des terrains durant trois mois. Mais dans ce duo, c’est Seube le costaud et Agouazi le passeur. « Koné a un impact physique sans équivalent dans le groupe, explique Sylvain Letouzé. Mais ce n’était pas le profil souhaité par Garande. » D’ailleurs, le choix de conserver le remplaçant Thibault Moulin, alors sur le départ pour Châteauroux, a été acté avant même l’arrivée de l’international malien (3 sélections). Qui fait donc office de deuxième recrue.

Même lorsqu’il cherche des solutions pour faire réagir une équipe qui ne remporte qu’un match en deux mois, Garande teste à peu près tout (dont le 5-3-2) et tout le monde… sauf Koné. Leca, Moulin et même le meneur Fajr jouent tour à tour aux côtés de l’indéboulonnable Seube. Et quand celui-ci est suspendu, on accélère le retour d’Agouazi, quitte à le cramer à un poste qui n’est pas vraiment le sien (Caen-Dijon, 2-2, le 27 avril) !

Une lutte d’influence ?

Alors qu’est allé faire Sidy Koné dans cette galère ? La date de la blessure d’Agouazi a obligé le club à agir dans l’urgence. Alain Cavéglia, directeur sportif de Malherbe depuis deux saisons, a sûrement profité de sa bonne connaissance de l’OL pour ramener un joueur à fort potentiel. Après, est-ce que Garande a voulu faire passer un message à sa direction en snobant le joueur choisi par un homme intronisé sous l’ère Franck Dumas, son prédecesseur ? Vu de Caen, il semblerait plutôt que le club joue l’union sacrée alors qu’il entre dans l’année de son centenaire. Il s’agirait donc tout simplement du mauvais homme au mauvais endroit au mauvais moment.

Sidy Koné va donc revenir à Tola Vologe en juin, à un an de la fin de son contrat, en ayant perdu un semestre. Il pourra toujours se rassurer en pensant qu’il était arrivé la même chose à François Clerc, qui avait passé une année quasi-blanche à Toulouse en prêt (2004-2005, sept apparitions), avant de convaincre Gérard Houllier la saison suivante et même d’être convoqué en équipe de France par Raymond Domenech. Il faut parfois trouver les motifs d’espoir où ils se trouvent. Même loin.

Pierre Prugneau

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