OL – Lorient (1-4) : Lorientada et Lyoncata

Ferri

LES NOTES. Cela devait être un samedi soir comme les autres. La réception du 19ème de Ligue, ou le meilleur prologue possible à un quart de finale européen, fût-t-il dans la moins prestigieuse des deux coupes d’Europe. On aimerait écrire que cet OL bis, sans Lacazette ni Valbuena au coup d’envoi, a fait le boulot. A été sérieux et appliqué bien que parfois sans génie. S’est mis en confiance avant de jouer son match le plus important de la saison. Bien loin de ce scénario qui, sans être rêvé, serait au moins rassurant, l’OL a concédé sa 12e défaite en Ligue 1 en 32 rencontres, et, sous le regard médusé d’un Parc OL qui sonnait creux, a été tout sauf sérieux, sombrant face à une équipe qui occupait au coup d’envoi la 19e place de Ligue 1. Heureux sont ces Merlus qui auront pris 19% de leurs 31 points en Ligue 1 face à l’OL, et qui continuent leur remontée au classement.

 

Samedi 8 avril 2017, 32e journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – FC Lorient 1-4

Buts : Tolisso (28e) pour l’OL, Waris (42e), Marveaux (49e) et Moukandjo (73e et 80e) pour Lorient

Avertissements : Rafael (12e), Fekir (44e) et Mammana (83e) pour l’OL, Lautoa (39e) pour Lorient

OL : Lopes – Jallet, Mammana, Yanga-Mbiwa, Rafael – Ferri (Lacazette, 64e), Gonalons (cap.), Tolisso – Cornet (Valbuena, 64e), Fekir, Depay. Entr. : Bruno Genesio.

Lorient : Lecomte – Moreira, Peybernes (Z. Touré, 46e), Ciani (cap.), Le Goff – Mvuemba, Lautoa (Wakaso, 75e) – Moukandjo, Marveaux, Waris – Aliadière (Jeannot, 46e). Entr. : Bernard Casoni.

Lopes 3 – Jallet 4, Mammana 2, Yanga-Mbiwa 3, Rafael 4 – Ferri 5, Gonalons 2, Tolisso 5 – Cornet 1, Fekir 3, Memphis 4

 

Puisque nous sommes aussi là pour parler des joueurs, commençons par cela. Genesio avait couché sur le papier un 4-3-3 assez classique, laissant sur le banc Lacazette et Valbuena en préparation de Besiktas, et alignant Ferri au milieu ainsi que Fekir en pointe. Tout avait pourtant bien commencé, avec un pressing haut d’entrée, des latéraux très présents, un Memphis actif et un Ferri très intéressant dans ses déplacements comme ses orientations de jeu. Pour preuve, cette superbe action collective de la 12e minute, où Memphis finissait par buter sur Lecomte au bout d’une action initiée par Rafael sur le côté gauche, relayée par Fekir puis talonnade gourmande de Ferri. Puis, progressivement, tout s’est doucement effrité, avant de s’écrouler franchement et brutalement en seconde mi-temps.

 

Une défense à la rue

Dans les buts, Anthony Lopes a d’abord pensé passer une soirée tranquille. Une première frayeur sur une frappe enroulée d’Aliadière lui a mis la puce à l’oreille, avant que celle, si semblable, de Waris ne trouve son petit filet. Abandonné par sa défense en seconde mi-temps, avant de définitivement sombrer comme les autres sur cette relance cauchemardesque qui amena au quatrième but des Merlus. Saudade.

Devant lui, Mapou Yanga-Mbiwa aura confirmé qu’on ne l’a peut-être pas vu faire un vrai bon match depuis le départ de Samuel Umtiti. Constamment gêné par les déplacements des attaquants lorientais, et trop facilement effacé sur l’action menant à l’égalisation. Emmanuel Mammana s’est mis à son niveau et a livré ce qui est sûrement son pire match sous les couleurs lyonnaises, avec en prime cet hommage émouvant à Dejan Lovren avec ce dégagement raté menant au but de Marveaux. Sur les côtés, Rafael et Christophe Jallet ont apporté du surnombre et du poids offensif en début de match, avant de s’éteindre doucement en seconde période.

 

Gonalons, le calice jusqu’à la lie

La présence de Maxime Gonalons au coup d’envoi pouvait déjà se discuter, ou au moins le système tactique de Genesio en tout cas. Était-il réellement nécessaire d’aligner une sentinelle et deux 8 face à une équipe regroupée ? Le capitaine lyonnais a été d’une majestueuse inutilité ce soir. Pas d’apport dans les duels, des transmissions vers l’avant catastrophiques et une incapacité totale à insuffler un esprit de révolte lorsque le vent a commencé à tourner. Le capitaine a coulé avec le navire.

À ses côtés, Jordan Ferri avait très bien commencé son match. Une première demi-heure de qualité, avec de l’influence dans le jeu, des déplacements intéressants et une vraie justesse dans les transmissions. Il est peu à peu redevenu lui-même par la suite, avant de céder sa place à l’heure de jeu. Corentin Tolisso a commencé très doucement, avant de trouver les filets de Lecomte sur une frappe placée – sa treizième réalisation de la saison. Pas mal pour un milieu relayeur. Mais son match est redevenu terne ensuite.

 

Cornet ou la négation du football

Aligné comme d’habitude à gauche, Memphis Depay a confirmé ce que l’on savait déjà, à savoir que le néerlandais est le thermostat de l’OL. Quand le collectif va bien, lui aussi. Sa grosse activité en début de match le prouve. Il a tourmenté Moreira et s’est montré très actif, bien qu’imprécis par moment. Mais il disparaît quand l’OL souffre et cherche un leader technique pour s’extirper du gouffre. On attend plus de lui dans les moments difficiles. On pourra tenter de se rassurer en se disant que cela sera toujours mieux qu’un Maxwel Cornet désespérant. Mauvais choix et insuffisances techniques ont été couronnés d’un énorme raté alors qu’il aurait dû faire le break en première mi-temps. L’entêtement de Genesio à l’aligner est une énigme. Aligné en pointe, Nabil Fekir s’est d’abord appliqué à se rendre disponible. Il a balayé tout le front de l’attaque pour offrir des solutions, mais n’a au final jamais fait de vraies différences.

 

Et maintenant, le vide ?

Mais bien au-delà de ces performances individuelles médiocres, c’est l’état actuel de l’OL qui pose question. Avec un effectif taillé pour le podium et un budget si confortable, la distance mathématique avec le trio de tête et le nombre de défaites au compteur frisent l’inadmissible.

Que l’on ne se voile pas la face: un parcours satisfaisant en Europa League n’excuse pas tout. Allons même plus loin – même si cet OL devient à Stockholm le premier club français à soulever une Coupe d’Europe depuis 1996 (en passant, cela n’arrivera pas), cette saison 2016-2017 restera comme l’une des plus médiocres de l’ère moderne du club (dont nous situerons le début en 1999).

Soyons clair: cet OL a tout pour réussir. Le plus beau stade de France, une génération dorée, un budget confortable. Mais au 9 avril 2017, le bilan de la saison est famélique. Des éliminations prématurées dans les coupes nationales. Une sortie au premier tour de la Ligue des Champions. Un parcours chaotique en championnat, où le podium n’est plus une option depuis des mois (n’en déplaise au discours officiel) et où la quatrième place apparaît comme tout sauf garantie.

 

Aulas, Genesio et le déni de réalité

Alors que la génération Lacazette-Fekir-Tolisso arrive à maturité, l’OL est incapable de valoriser leur talent. Toute la saison, Bruno Genesio aura tâtonné tactiquement. Son équipe n’a ni repères tactiques, ni identité de jeu. Son incapacité à trouver un système capable de faire évoluer ensemble les forces vives de l’équipe tout en conservant un équilibre nécessaire est frappante. Nabil Fekir est devenu au mieux une doublure de Lacazette, au pire un second attaquant qui ne débute que face aux petites équipes, quand l’équilibre défensif devient moins impératif. Deux des plus gros salaires du clubs, Memphis Depay et Mathieu Valbuena, sont désormais forcés d’alterner au même poste. Le côté droit est une friche que se partagent un joueur dont le comportement est un manque de respect patenté envers le club (Rachid Ghezzal) et un autre dont les limites techniques sont une insulte à ceux qui pourraient prétendre à plus de temps de jeu (Maxwel Cornet).

Cet OL n’a pas de fond de jeu. Cette absence d’identité offensive pourrait encore se faire au prix d’une vraie solidité défensive. Cela serait triste, certes – mais cela aurait au moins le mérite de fournir une petite part de certitude. Ce n’est bien entendu pas le cas. Ce match est là pour le rappeler.

Face à cela, Jean-Michel Aulas apparaît en plein déni de réalité. Son discours de soutien aveugle à son coach devient de plus en plus exaspérant et insoutenable au fur et à mesure que l’OL enchaîne les désillusions. Le bilan actuel de l’OL est pourtant tout sauf « admirable ». Couacs à répétition et éliminations précoces s’ajoutent à un manque de renouvellement d’un effectif auquel les recrues n’apportent rien et au seuil duquel les jeunes du centre se heurtent à un plafond de verre. La lassitude des supporters ne s’exprime pas que sur les réseaux sociaux: les tribunes parsemées du Parc OL un joli soir d’avril, à cinq jours d’un choc européen, sont là pour en témoigner. Nul ne sait dans quelle direction se dirige cet OL. Et le plus inquiétant, c’est que ses dirigeants ne semblent pas le savoir non plus.

Étienne M.

(Photo Bruno Perrel / FCL)

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