Les 12 énigmes de Bruno Genesio à l’OL

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BILAN.  Ça y est, le rideau se referme sur une saison plus que médiocre pour l’OL. Il est désormais temps de se pencher à froid sur cette année complète de Bruno Genesio à la tête de l’OL. Vingt-et-une défaites, une quatrième place décevante mais surtout de l’ennui et des interrogations : le bilan est lourd.

 

Un projet de jeu global (très) limité

Peut-être que dans dix ans, la plupart des suiveurs du football français auront oublié cette saison 2016-2017. Peut-être considèrera-t-on cette année comme une erreur de parcours, un manque de bol en voyant les trois locomotives de devant sortir une saison incroyable en même temps. Ce que les Lyonnais n’oublieront pas, eux, c’est la tristesse et l’ennui qui ont gangréné chacun des matches de l’OL ou presque.

Pas d’ambition, pas de plan de jeu, pas de panache : le projet de jeu global de Bruno Genesio suffisait à faire de cette saison un calvaire, quel que soit le résultat final. Un plan de jeu on ne peut plus simpliste, consistant à exploiter au maximum les individualités sans jamais réussir (ou même essayer ?) à construire un bloc cohérent : le coach lyonnais n’a eu de cesse que de choisir la facilité. Problème : malgré 6 joueurs défensifs la plupart du temps, Lyon a terminé la saison avec son pire bilan en termes de buts encaissés depuis 35 ans…

A posteriori, les plus grands regrets de cette saison 2016-2017 concerneront la terrible incapacité du technicien lyonnais à construire un collectif avec des individualités aussi brillantes que Lacazette, Tolisso, Fekir ou même Valbuena. Peut-être bien le plus grand gâchis de l’histoire de l’Olympique Lyonnais en termes de rapport moyens/résultats.

 

L’intouchable Gonalons

Au-delà du projet de jeu global, c’est surtout l’incapacité de Bruno Genesio à se remettre en question et à faire des choix forts qui a plombé l’OL cette saison. Étendard de cette inexorable enlisement : Maxime Gonalons. Vétéran du club, le capitaine lyonnais a réalisé sa pire saison sous le maillot de l’OL, sans jamais avoir senti la moindre pression concernant sa place dans le onze. Toujours présent, en sentinelle ou dans le fameux double-pivot (voir plus bas), Captain Max n’a cessé de saborder l’équipe tout au long de la saison.

Sa suspension de quatre matches en fin d’année 2016 lui avait pourtant fait du bien, et laissé espérer un renouveau lorsque la concurrence de Tousart pointait enfin le bout de son nez. Peine perdue : après 4 matches à sentir le souffle du Nordiste sur sa nuque, Maxime Gonalons a eu la confirmation qu’il ne bougerait jamais du onze de départ, quelle que soit ses performances. Et vu le haut niveau affiché par Lucas Tousart, il fallait trouver une solution…

 

Double-pivot, double problème

Et quelle solution ! Pour continuer à aligner le prometteur Lucas Tousart sans créer d’incident diplomatique avec son capitaine, Bruno Genesio avait enfin la solution miracle : le double-pivot. Le double-pivot, c’est ce milieu à 2 avec deux joueurs complémentaires, un système répandu et efficace qu’utilisent par exemple le Manchester City de Guardiola (Fernandinho-Touré) ou l’Atlético Madrid (Gabi-Saul). Le principe de ce milieu de terrain : un milieu physique au profil défensif (Fernandinho, Gabi), et un relanceur capable de se projeter (Touré, Saul). Quelle surprise de voir ce schéma échouer systématiquement lorsque les deux joueurs alignés comme pivots ont exactement le même profil de numéro 6 purement défensif.

Malgré ce constat évident, validé par les nombreuses prestations catastrophiques de l’OL avec la paire Gonalons-Tousart au milieu, Bruno Genesio a insisté jusqu’au bout, sous pretexte que les deux sentinelles renforçaient la défense. Bien vu : l’OL est actuellement la 9e défense de Ligue 1 et a encaissé 13 buts en 7 matches d’Europa League.

 

Nabil Fekir, trop dur à gérer

Avec Nabil Fekir, Bruno Genesio a abdiqué. Pendant des mois, l’ancien entraîneur de Besançon a cantonné l’attaquant lyonnais au banc des remplaçants, lui préférant Rachid Ghezzal ou Maxwel Cornet en dépit de toute logique. Nabil Fekir a mis du temps à revenir, et peine toujours à retrouver le coup de rein d’avant sa blessure. Malgré ça, l’attaquant lyonnais en est à 14 buts et 12 passes dé, soit plus que les bilans de Rachid Ghezzal et Maxwel Cornet cumulés. Mais apparemment, Fékir, « n’a pas envie de faire les efforts », « Ça ne sert à rien d’insister ».

Alors oui, le numéro 18 des Gones n’a pas encore retrouvé l’intégralité de ses moyens physiques, et doit apprendre à jouer avec ses nouveaux atouts (son physique) et moins avec ses anciens points forts (sa vivacité et son coup de rein, moins efficaces qu’auparavant). Malheureusement, ce n’est probablement pas avec un entraineur qui ne lui a jamais fait confiance que cet apprentissage se fera.

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La communication perdant-perdant de Bruno Genesio

Dans le quintet de tête en Ligue 1, on ne retrouve quasiment que des entraîneurs rôdés au jeu des médias. Unai Emery, Leonardo Jardim, Lucien Favre et Jocelyn Gourvennec ont tous plus ou moins la faveur des journalistes, et leurs conférences de presse sont plutôt réalisées dans une ambiance cordiale. A l’inverse, durant toute la saison, Bruno Genesio n’aura eu de cesse d’alimenter une ambiance délétère, entre confrontation et ironie mal placée.

Dès la première partie de saison, le fameux « Ramirez Sanchez », ou les attaques contre le « Café du Commerce » posaient déjà les bases d’un entraîneur méfiant et hostile vis-à-vis de quiconque se laisserait tenter à la juger. Au milieu de la saison, le technicien lyonnais a même décrété qu’il ne parlait plus de tactique ou de ses choix. Impossible dès lors d’avoir une quelconque justification aux incessants changements de système ou de la placardisation de certains éléments (Darder, Nkoulou, Rybus, Mammana, Gaspar…). En s’enfermant dans ses contradictions, Bruno Genesio a lui-même alimenté l’hostilité avec les supporters, laissés dans l’inconnu et l’incompréhension. Un entraineur comme Lucien Favre, dont le capital sympathie est immense, bénéficiera probablement de beaucoup plus de clémence lorsque les choses se corseront. Un choix perdant-perdant pour Bruno Genesio, qui en faisant perdre la presse, s’enlève une porte de sortie ou un bouclier pour défendre son bilan.

 

L’alternance Jallet/Rafael

Autre grande thématique incompréhensible depuis le début de la saison : la concurrence entre Jallet et Rafael. D’un côté, un joueur sur le déclin, plein de bonne volonté et très important pour le vestiaire, mais souvent dépassé sur le terrain, et de l’autre, un Brésilien technique, rapide, créatif et encore jeune.

Il ne devrait même pas y avoir de doute concernant à qui revient la place de titulaire. Et pourtant, Jallet et Rafael continuent d’alterner les titularisation, avec une préférence pour l’ancien Parisien depuis quelques mois. La raison ? Une bonne mi-temps du Divin Chauve contre la Roma au Parc OL. Et c’est tout. Une énigme.

 

Annus horribilis pour l’Académie

Vous vous rappelez du centre de formation de l’OL ? Car cette année, il semble qu’il ait été un peu oublié. Alors oui, Mouctar Diakhaby, produit d’OL Académie, a été titulaire pendant quasiment toute la saison, la faute à une concurrence lamentable. Oui, Lucas Tousart s’est imposé, mais n’a eu sa chance que par la grâce d’une suspension de longue durée pour Maxime Gonalons. Pour le reste, le bilan est désastreux.

Parmi les petits jeunes de l’OL restés sur la touche en dépit de toute logique, on citera tout d’abord Jordy Gaspar. Pour le jeune latéral, c’est le serpent qui se mord la queue. A-t-il été mis sur la touche car il boudait son contrat pro, ou a-t-il refusé de signer pro car on ne lui a jamais laissé sa chance ? Quoiqu’il en soit, l’OL aurait eu grand besoin de son défenseur formé au club cette année pour compenser les performances plus que médiocres de Jérémy Morel, Christophe Jallet et Maciej Rybus, ou tout simplement pour reposer le fragile Rafael. Dans un club où Rachid Ghezzal, libre dans quelques semaines, a été un indéboulonnable, la raison contractuelle parait bien illégitime pour expliquer l’absence de temps de jeu de Jordy Gaspar…

L’autre immense gachis de la saison, c’est le très faible temps de jeu de Houssem Aouar. Brillant lors de ses rares apparitions, le jeune Lyonnais n’a jamais eu sa chance en Ligue 1, où sa seule titularisation a été interrompue par une horde de Bastiais en furie. Malgré des performances calamiteuses de Maxwel Cornet et Rachid Ghezzal, Houssem Aouar n’a même pas cumulé une heure de jeu sur la saison. Pire encore, relégué au rang de 19e homme, le jeune meneur de jeu n’a même pas pu maximiser son temps de jeu en CFA. En plus de se priver d’une cartouche offensive, Bruno Genesio a en plus freiné la progression de l’un des plus grands espoirs du club. Absurde.

Pour le reste, on aurait également aimé voir ne serait-ce qu’un tout petit peu Amine Gouiri sur le terrain. L’attaquant des Bleus U17, étincelant en sélection, n’a même pas disputé une minute en pro cette saison, barré par Jean-Philippe Mateta dont le recrutement reste une énigme. À brider ses jeunes, l’OL envoie un très mauvais message aux pensionnaires de son Académie, qui risquent d’y réfléchir à deux fois avant de signer pro dans un club qui ne leur laisse visiblement pas leur chance…

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Un mercato rendu inutile

Au début, le mercato lyonnais semblait intéressant. Un international polonais et un défenseur expérimenté gratuits, et un jeune espoir argentin dégoté au nez et à la barbe d’autres grosses écuries. Puis tout s’est écroulé. À part Memphis Depay, dont le rendement est plutôt satisfaisant, le bilan est inquiétant pour les recrues lyonnaises.

Sur la gauche, Maciej Rybus n’a jamais convaincu, que ce soit en position de latéral ou d’ailier. La bonne affaire s’est vite révélée être un peu bancale, et le Polonais pourrait vite faire ses valises. Même constat pour Nicolas Nkoulou, placardisé pendant les deux tiers de la saison avant de revenir miraculeusement dans le onze, sans que ses performances ne soient vraiment exceptionnelles non plus. Lui aussi pourrait faire ses valises cet été. Le véritable gachis concerne Emanuel Mammana (voir plus bas). Recruté pour huit millions d’euros, l’Argentin n’a jamais eu sa chance et s’est retrouvé quasiment blacklisté par Bruno Genesio.

Que dire du recrutement à prix d’or de Jean-Philippe Mateta, pensionnaire de National, qui n’a pas marqué le moindre but cette saison et ne semble vraiment pas avoir le niveau requis. À l’heure où Gouiri, Maolida voire Mohamed Bahlouli commencent à devenir des espoirs crédibles, le recrutement du Castelroussin défie toute logique.

Entre nouveaux venus de l’étranger mis à l’écart et jeunes recrues sans grande plus-value qui font barrage aux jeunes de l’Académie, le recrutement lyonnais n’aura non seulement pas bonifié l’équipe, mais envoyé un message gênant pour les futurs périodes de transferts. Comment attirer des jeunes à fort potentiel de rejoindre l’OL quand on voit le traitement réservé à Darder et Mammana ? Comment convaincre les jeunes de l’Académie de signer pro quand l’OL préfère recruter un espoir de National plutôt que de leur donner leur chance ? Deux questions épineuses pour le futur…

 

L’injustice Emanuel Mammana

En voilà un autre, un artiste incompris. Arrivé de River avec l’étiquette du crack sud-américain, Emanuel Mammana a été boycotté pendant de nombreux mois avant de s’installer dans le onze et d’éblouir les amoureux du foot de sa qualité de jeu long et d’anticipation.

Emanuel Mammana, avec sa jeunesse et son adaptation pas encore terminée, n’est malheureusement pas infaillible. Après une série de bonnes prestations qui ont fait énormément de bien à l’OL dans la relance, le jeune Argentin a eu un terrible match sans contre Lorient (comme les dix autres joueurs sur la pelouse). Comme pour Sergi Darder, aucune clémence pour les recrues. Mammana a été balancé en tribunes, puis est carrément sorti du groupe sur la fin de saison.

Lorsque l’on voit les prestations de la charnière Diakhaby-Nkoulou, difficile d’expliquer cette mise à l’écart d’une grande violence pour un joueur dont le talent est indéniable et ne demande qu’à être correctement exploité.

Darder, trop intelligent, pas assez bourrin

Ah, qu’il est difficile de faire briller un joueur comme Sergi Darder quand le collectif est la dernière des priorités. Sergi Darder est un meneur de jeu en retrait au style bien particulier. Pas très grand, pas très physique, plutôt lent, mais excellent dans la vision du jeu et sans le ballon, l’Espagnol rappelle un peu Marco Verratti dans le profil.

Forcément, dans une équipe bâtie en un gros bloc défensif avec des tanks comme Tousart et Gonalons, et un gros pâté de quatre joueurs offensifs rapides, difficile de trouver une place pour un joueur aussi doux et intelligent collectivement que Sergi Darder. Et c’est bien ça le drame de l’ancien milieu de Malaga : il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il faut faire tourner le collectif à plein régime. En l’absence d’animation offensive digne de ce nom, difficile de trouver une place au meneur de jeu espagnol. Allez hop, direction le banc, avec les autres artistes incompris. Cela pourrait là aussi accélérer son départ de l’OL.

 

Maxwel Cornet, victime collatérale

Peut-on vraiment en vouloir à Maxwel Cornet ? Voilà une question qui mérite d’être posée. Et si, au fond, l’ancien Messin n’avait jamais demandé à se retrouver dans cette situation ? Perdu sur le terrain, immensément maladroit dans ses choix et quasiment jamais décisif, Maxwel Cornet est en grande difficulté depuis plus d’un an à l’OL, et reste malgré tout un titulaire quasi-indiscutable dans le onze de départ de Bruno Genesio. La saison de l’ailier ivoirien s’est même terminée en eau de boudin avec ces 95 minutes catastrophiques contre l’Ajax Amsterdam au Parc OL qui ont fait de lui le bouc-émissaire logique de cette élimination en demi-finale.

Maxwel Cornet mérite malgré tout une certaine indulgence. A 20 ans, le jeune Lyonnais n’est visiblement pas arrivé à maturité, et ce n’est probablement pas lui rendre service que de le laisser titulaire chaque week-end. Dans n’importe quel club de Ligue 1, Cornet aurait déjà fait un tour en CFA pour se rassurer et retrouver un peu de confiance et d’efficacité. Une mise à l’écart de l’ancien Messin aurait même permis à l’OL de tester quelques jeunes, qui n’auraient de toutes façons pas eu un rendement plus négatif que le titulaire habituel.

Avec une place de titulaire indiscutable malgré ses performances abyssales, difficile pour Maxwel Cornet de se remettre en question et de progresser. Au fond, comme Mouctar Diakhaby dans une certaine mesure, Maxwel Cornet n’est qu’une victime collaterale de la rigidité et de l’absence de choix fort de Bruno Genesio cette saison.

 

La gestion atroce du cas Ghezzal

Doit-on revenir sur la gestion de Rachid Ghezzal, tant sur le plan sportif que contractuel ?

Auteur d’une demi-saison correcte l’an dernier, Ghezzal a refusé cet été à la fois de partir mais également de prolonger son contrat. La pression était donc forte cette saison pour l’Algérien, condamné à réaliser une grande saison pour pouvoir se placer au mercato d’été. C’est raté. Jamais mis sur la touche ou presque, « Rachon » a réalisé une saison pitoyable, avec un bilan honteux d’un seul but marqué en 2017.

Malgré des performances catastrophiques sur le terrain et des déclarations plus que claires dans la presse, le numéro 11 de l’OL n’a jamais semblé en danger, et va terminer la saison avec plus de 40 apparitions pour seulement trois buts. Tout au long de la saison, Rachid Ghezzal aura été un terrible boulet pour un collectif lyonnais déjà peu flamboyant. La relation privilégiée entre Rachid Ghezzal et Bruno Genesio n’est pas un secret : les deux hommes se connaissent depuis quasiment dix ans. L’entraîneur lyonnais n’a jamais caché son affection pour l’Algérien, qu’il tenait en haute estime lorsqu’il évoluait en jeunes. Dommage que cette amitié ait porté préjudice à l’équipe entière.

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Charly M.

(Photo Jean-Marc)

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