Bruno Genesio, La Décision

ZÉNON C’EST NON. Le téléphone de Bruno Genesio vibre sur la table. L’entraîneur de l’OL s’en saisit et y jette un coup d’œil. « C’est qui ? », demande Hervé Penot. « C’est le Bayern Munich, ils me veulent à tout prix. Mais si j’ai dit non au Real Madrid et à Chelsea, ce n’est pas pour aller entraîner en Bundesliga », répond Genesio. « Sérieux ? », interroge le journaliste de l’Équipe. « Ben ouais. Tu ne me crois pas ? Je t’ai déjà raconté des craques ? », poursuit Genesio en effaçant le message qu’il vient de recevoir, « -15% sur les Monster Munch à Intermarché Villette-d’Anthon, offre valable jusqu’au 30/06 / STOP pour ne plus recevoir de SMS ».

C’est l’une des scènes fortes de Bruno Genesio, La Décision, documentaire produit par Loïc Perrin et diffusé aujourd’hui sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Un film conçu comme un thriller et faisant monter le suspense jusqu’à l’annonce finale, celle du choix du coach de rester ou non sur le banc de l’OL. Mais un film qui réserve aussi quelques beaux moments de rire, comme lors de ces monologues face caméra où Genesio explique sa vision de football.

Pour le reste, La Décision peine à convaincre et se perd entre plusieurs dispositifs cinématographiques, les testant tous les uns après les autres sans réelle continuité : plan fixe sur un étang de la Dombes lors d’une partie de pêche avec Mathieu Gorgelin, noir et blanc larmoyant au moment d’évoquer la dépression nerveuse post-CSKA Moscou, accéléré à la Benny Hill lorsqu’un journaliste évoque la tactique en conférence de presse, abus de chiffres sur l’écran lorsque (attention, spoiler) Jean-Michel Aulas annonce la décision de conserver Genesio en prouvant par A+B que c’est le choix le plus cohérent économiquement et sportivement…

Notre avis : Encensé par la presse locale car entièrement tourné dans la région, cette oeuvre expérimentale devrait malgré tout souvent ennuyer le public. Le film est malgré tout sauvé par les fulgurances et la gouaille de Nabil, Houssem ou Memphis, formidables acteurs amateurs issus de quartiers défavorisés.

Zénon Zadkine

(Photo OLweb)

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