Théo Defourny : « Jouer en première division »

Théo Defourny

ENTRETIEN. Il a quitté l’OL l’an dernier pour rejoindre la deuxième division belge. Le pari du gardien de but a été payant puisqu’il a cet été tapé dans l’oeil de Mouscron, en première division. Après un imbroglio qui l’a empêché de jouer (il est considéré comme étranger alors qu’il a joué avec la Belgique en équipe jeunes), on a voulu prendre des nouvelles de Théo Defourny.

 

Raconte-nous comment tu as atterri à l’OL ? Pas trop dur au début ?
Je jouais à Bourg-Saint-Maurice, en Savoie, et l’OL m’a invité à faire un essai, puis des entraînements, un match et enfin un tournoi. Ils m’ont ensuite demandé de rejoindre le club. Mon intégration s’est super bien passée. Je connaissais un peu les joueurs suite aux tests et tous ont été super gentils. Je quittais ma famille, c’était plus simple d’arriver et de savoir que je m’entendais bien avec les autres.

Tu fais partie de la génération 92 comme ton ancien coéquipier au poste de gardien Jean N’Djalkonog (aujourd’hui à la Duchère après des passages à Villefranche et Sedan). Comment cela se passe pour toi dans les équipes de jeunes ?
Avec Jean ça s’est toujours bien passé. Jusqu’en U19 on alternait : on faisait 2 matchs chacun à tour de rôle.

Tu as commencé à jouer avec la CFA lors de la saison 2009/2010 et tu as fréquenté le groupe jusqu’en 2011/2012. Tu es barré par Joan Hartock, Anthony Lopes et Mathieu Gorgelin. Comment vis tu ce statut de numéro 4 ou 5 ?
Je suis jeune et la politique du club c’est que le gardien numéro 3 joue en CFA. Donc je le savais, et puis je jouais en U19. J’ai quand même pu faire la demi-finale et la finale du championnat de France des réserves pro (en 2011).

Tu fréquentes alors au quotidien les deux gardiens actuels de l’OL, que peux-tu nous dire sur leurs qualités mais aussi leur état d’esprit ?

À Lyon, la hiérarchie était définie, on savait qui allait jouer quoi et on pouvait donc bosser sereinement.

Déjà on avait un bon groupe de gardiens, je me suis toujours bien entendu avec les deux. J’ai souvent des nouvelles de Mathieu (Gorgelin) et avec Antho (Lopes) dès qu’on se voit on rigole beaucoup. Ce sont deux super mecs et deux super gardiens, dans des styles différents. Antho est spectaculaire du fait de sa vivacité et de son punch. Mathieu est plus sobre, à la recherche du geste juste. Honnêtement, j’étais vraiment persuadé qu’Antho allait s’imposer en Ligue 1.

Gardien de but c’est un poste à part, comment se passe la concurrence au quotidien entre gardiens d’un même club ?
À Lyon c’était clair : la hiérarchie était définie, on savait qui allait jouer quoi et on pouvait donc bosser sereinement. À Anvers le gardien est devenu un ami, à Rouen la concurrence était saine et on est resté en contact. À Virton la saison passée, les gardiens en place ne comprenaient pas ma venue au départ mais après tout s’est super bien déroulé. En fait je me suis toujours bien entendu avec les autres gardiens pour l’instant.

Tu avais un modèle plus jeune ?
J’ai vu quelques cassettes vidéos de Michel Preud’homme mais j’ai surtout pu voir Grégory Coupet et Hugo Lloris au club. C’était le top à observer.

Comment parler gardiens et OL sans évoquer Joël Bats. Qu’est qu’il t’a apporté lors de ton passage à Lyon ?
Il donne les exigences du très haut niveau et lors des séances il sait où appuyer pour faire progresser. Il m’a beaucoup appris mais Seb’ Gerin et Gilles Rousset aussi durant mes années au centre. Sans eux je n’aurais jamais pu m’entraîner avec Joël.

En 2011 tu effectues un essai à Manchester United. Comment cela s’est passé ?
Au début de la saison j’ai eu un contact puis ils ont contacté le club pour que je vienne faire un essai. Cela a été accepté et j’ai fait une bonne semaine. C’était impressionnant de côtoyer Van der Sar et Sir Alex, même si ça a ensuite coincé pour un transfert.

Lors de la saison 2011/2012 tu es prêté au Royal Antwerp en seconde division belge. C’est toi qui as fait la demande de partir ?
Je savais que ça allait être compliqué de jouer en réserve alors j’en ai discuté avec Rémi Garde qui m’a dit qu’il avait peut-être une solution. Anvers est venu me voir jouer et après avoir discuté un peu avec eux je suis parti en prêt.

Au final vous finissez 7 ème et tu es titulaire en pro pour la première fois de ta carrière. Que retiens-tu de ce passage ?
Du positif, évidemment. J’ai joué dans un club avec énormément de supporters et un bon effectif. Hélas ma fin de saison a été un peu gâchée par une blessure.

Tu repars la saison suivante, pour le National et Rouen. Tu joues 18 matchs mais la saison est un peu compliquée pour le club…
Le club a des soucis financiers. On est troisièmes mais à cause de points de pénalité on finit cinquièmes. Et à la fin de la saison le club est rétrogradé en DH…

Lors de la saison 2013/2014 tu reviens à Lyon mais tu joues peu en CFA puisque Jérémy Frick est le titulaire. C’est à ce moment que tu te dis qu’il faudra partir pour jouer?
Je me suis blessé à l’épaule, il y a eu des complications et je n’ai donc pas beaucoup joué. Ensuite j’ai eu une opportunité pour venir en Belgique et j’en ai profité.

Comment ça se passe à Virton, le plus petit budget de seconde division belge ?
Très bien. J’arrive dans une équipe qui tourne pas mal donc l’ambiance est bonne. C’est un club familial au fin fond de la Belgique avec un très bon coach et un super groupe avec qui on avançait tous ensemble. (l’Excelsior Virton finit sixième)

Le pari était osé mais réussi puisque tu signes à Mouscron cet été. Qu’as-tu ressenti en apprenant qu’une équipe de l’élite souhaitait te recruter ?
J’étais très content et le projet que le coach et le président m’ont exposé m’a plu. Mais un nouvel investisseur est arrivé et il a ramené des joueurs qu’il connaissait.

Tu as eu ce début de saison des soucis administratifs concernant ta double nationalité et le quota de joueurs étrangers pouvant être mis sur la feuille de match, c’est ça ?
Je ne suis pas considéré comme Belge alors que j’ai évolué avec les espoirs belges… En attendant que cela s’arrange je garde le rythme en réserve, je m’entraîne et je bénéficie du soutien du club.

Tu envisages un départ au mercato si les choses n’évoluent pas ?
Pour le moment c’est pas d’actualité. On verra ça plus tard.

Tu as connu la sélection belge en espoir, c’est un objectif de rejoindre les A ?
Mon objectif c’est de jouer en division 1. Le reste est un rêve.

Tu fais partie d’une génération de très grands gardiens belges avec Thibault Courtois et Simon Mignolet. As-tu eu l’occasion de les côtoyer en attendant peut-être de les rejoindre en sélection ?
Eux je ne les ai jamais côtoyés, mais j’étais en sélection avec Koen Casteels (aujourd’hui à Wolfsburg), Thomas Kaminski (prêté par Anderlecht au FC Copenhague) et Matz Sels…

…le gardien de la Gantoise qui a arrêté le penalty de Lacazette. Tu as justement été voir ce match. Qu’as-tu pensé de la prestation de l’OL ?
Je pense que c’est dommage car ils avaient l’opportunité de gagner Même si je savais qu’ils allaient avoir un match compliqué, j’ai trouvé dommage de ne pas gagner. Ils en avaient clairement l’opportunité, même si la blessure de Nabil se ressent sur leur jeu pour l’instant.

defourny

Tu as grandi avec la plupart des Lyonnais qui composent l’équipe actuelle, tu penses quoi du début de saison ?
Il faut leur laisser du temps. La saison dernière était parfaite mais l’effet de surprise a joué. Maintenant ils sont pris au sérieux et doivent trouver de nouvelles réponses.

Tu étais assez proche de Yoann Gourcuff, dont tu étais le sparring-partner pour les coups de pied arrêtés en fin d’entraînement. Tu as parlé avec lui de son transfert à Rennes ?

La saison dernière était parfaite mais l’effet de surprise a joué. Maintenant l’OL est pris au sérieux et doit trouver de nouvelles réponses.

Non je ne l’ai pas revu. Mehdi Zeffane m’avait dit que normalement il allait le rejoindre à Rennes mais pour le reste je vois uniquement ce qu’il y a dans la presse.

Tu as gardé beaucoup d’amis de l’époque lyonnaise ?
Oui. Certains sont passés pro, comme Medhi Zeffane, Jordan Ferri, Clément Grenier ou Mathieu Gorgelin, et d’autres non, comme Kevin Libert ou Rémi Fregier.

Enfin si on t’interviewe dans dix ans pour faire un bilan qu’aimerais-tu nous raconter ?
Que j’ai toujours pris du plaisir à jouer au foot et que je ne regrette rien de ma carrière.

Propos recueillis par Gary

(Photo lexel.be)

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