Simon Tchoukriel veut partager son rêve américain

Tchoukriel

AMERICAN DREAM. Simon Tchoukriel n’a pas eu la chance d’être conservé par l’OL après son passage au centre de formation. Parti tenter sa chance aux États-Unis, il y a découvert le football universitaire. Et a adoré l’expérience, au point de vouloir désormais réaliser un documentaire sur la saison des Red Storm de St John’s.

 

On a entendu parler de son nouveau projet sur les réseaux sociaux grâce à ses anciens potes du centre de formation, parmi lesquels le transfert le plus cher de l’histoire du Bayern Munich. « J’étais avec Corentin Tolisso lundi, je lui ai demandé un petit coup de pouce. C’est sympa de sa part de l’avoir fait. » Il faut dire que Simon Tchoukriel a visiblement laissé de bons souvenirs à l’OL. « J’ai envoyé un message à Florian Maurice il y a quelques jours en lui montrant ce que je voulais faire. Il m’a répondu en me disant que c’était super, qu’il ne doutait pas de ma capacité à rebondir et en me souhaitant bonne chance. Ça fait plaisir de voir que les mecs ont gardé un bon contact. »

« C’est ma mère qui m’a parlé du système de bourses, en me demandant pourquoi je n’irais pas aux États-Unis pour faire des études tout en continuant à jouer au foot. »

Pur Lyonnais, le défenseur de la génération 1994 n’a pourtant jamais porté le maillot de l’équipe première, ni même de la réserve. « Je suis apparu deux fois sur la feuille de match en CFA, sans entrer en jeu. En fin de deuxième année de 19 ans nationaux, le directeur du centre de formation Stéphane Roche m’a fait comprendre que ce n’était pas possible de continuer avec eux. » Après quelques essais infructueux dans des clubs français, le jeune homme tente alors l’aventure américaine. Sur les conseils de sa maman. « C’est ma mère qui m’a parlé du système de bourses, en me demandant pourquoi je n’irais pas aux États-Unis pour faire des études tout en continuant à jouer au foot. Je suis passé par un agent, qui m’a demandé une vidéo pour l’envoyer à des facs américaines. Peu de temps après, cette fac de New-York m’a approché. Je m’entraînais un peu avec la réserve de la Duchère pour garder la forme. Un des coachs de la fac est venu pour me voir jouer et pour me parler un peu. »

Simon Tchoukriel

« J’avais le cliché des Américains assez bourrins. Je pense que c’est un niveau CFA2-DH. En un peu moins physique forcément, parce qu’il n’y a que des jeunes et que les premières années ont 17-18 ans. Mais ça joue vraiment pas mal. » (Photo SJU)

St John’s, université située dans le Queens, a en effet un adjoint qui écume le monde pour dénicher les talents. Et un autre chargé de la même tâche aux États-Unis. Un indice du professionnalisme qui règne dans le sport universitaire américain. Cela n’empêchera pas le Français d’être impressionné par les équipements lorsqu’il arrive. « C’est un truc de ouf. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de clubs de Ligue 1 qui ont des vestiaires comme ça. » Et tant pis pour les désagréments. « Ça nous arrive de jouer sur des terrains de foot américain. On n’y voit rien, il y a des lignes partout ! »

S’étant vu accorder une bourse complète, Tchoukriel vit dans une maison à proximité du campus avec d’autres joueurs des Red Storm. Il découvre un nouveau rythme : « On joue en gros du 15 août au 15 décembre, si tu vas en finale de championnat national. T’as un match tous les deux-trois jours, c’est intense. » Et dans un pays aussi immense, le système de conférences n’empêche pas les longs voyages : « Le plus loin qu’on ait joué cette année, c’est à Omaha, dans le Nebraska, vraiment Mid-East. Sinon, on a joué à Chicago, à Cincinnati, sur toute la côte est, Providence, Rhode Island… Toujours en avion, sauf quand on joue à moins de cinq heures de route. »

St John's University Soccer

(Photo SJU)

Si le soccer n’a pas encore la popularité du football, il attire malgré tout des affluences qui se chiffrent en milliers de supporters. « À Penn State, une grosse fac de foot, il y a 5000 personnes. Nous, le plus qu’on ait eu c’est 2500 ou 3000 personnes. » De quoi convaincre des joueurs du monde entier, qui espèrent le plus souvent se servir du football universitaire pour lancer leur carrière. « Dans l’équipe cette année on était 31, il devait y avoir 10 ou 12 Américains. On était 2 Français, 3 Italiens, 2 Anglais, des Scandinaves, Norvégiens, Finlandais, Suédois, on avait même un Japonais. C’est vachement cosmopolite. Dans le vestiaire, on parle tous anglais avec des accents différents. »

 

« In the Eye of the Red Storm », le projet Kickstarter

 

Même s’il lui reste encore une année d’études, Simon Tchoukriel est désormais trop âgé selon les règles du sport universitaire US et a vécu sa dernière saison chez les Red Storm. L’idée de réaliser un documentaire pour faire découvrir ce monde aux jeunes Européens tentés par l’aventure a donc germé dans son esprit. Soutenu dans son projet par son frère Paul, journaliste, l’ancien pensionnaire du centre de formation de l’OL sait qu’il pourra compter sur des personnages à la hauteur. « Dr David Masur, c’est vraiment le coach américain typique. Il entame sa 26e saison à St John’s. Il a été nommé plusieurs fois meilleur coach des États-Unis. »

À côté de cet entraîneur qui pourrait sortir de Friday Night Lights, Tchoukriel souhaite filmer des joueurs étrangers pour permettre aux spectateurs européens de s’immerger plus facilement. « On suivra Harry Cooksley, un Anglais formé à Reading, le meilleur joueur de notre équipe. Il aurait pu aller à la draft l’an dernier, sauf qu’il voulait encore jouer une année en universitaire. Il espère se faire drafter en MLS en février prochain. Et on fera la connaissance de Julien Rémiti. Il arrive aux États-Unis, on a échangé des mails mais je ne l’ai pas encore rencontré. Tout sera nouveau pour lui. »

Si le financement participatif porte ses fruits, le réalisateur pourrait se reconnaître dans ses deux personnages. Débarqué de France les yeux écarquillés comme Rémiti, il rêvait alors de MLS comme Cooksley. Trois ans plus tard, il ne pense plus au football professionnel mais n’a « aucun regret. » Et un bachelor en management du sport en poche, en attendant le master l’an prochain.

Hugo Hélin

(Photo Hugo Hélin / Le Libéro Lyon)

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