Cédric Tuta, de retour à la Duchère : « Je n’aurais jamais dû partir »

Cédric Tuta

NATIONAL. Cédric Tuta a vécu une année chargée. Vainqueur de l’élection de Mister République Démocratique du Congo International en décembre dernier, l’attaquant de la Duchère a ensuite rejoint Dunkerque cet été. Dans le Nord, il a disputé 10 matchs et marqué trois fois. Mais son dernier but a sans doute été l’un des plus étranges de l’histoire du football : Tuta a en effet converti un penalty après un accrochage avec son coéquipier Marc Fachan, tireur désigné, sous les sifflets de son propre public à qui il a adressé un poing rageur. Sorti à la pause par son entraîneur 10 minutes plus tard, il n’a plus jamais rejoué avec Dunkerque et a été libéré par le club la semaine dernière. Cédric Tuta s’apprête donc à finir l’année là où il l’avait commencée, à la Duchère qui a annoncé ce mardi son retour.

 

On commence par une question un peu anecdotique : tu as le 23 sur tes affaires sur la photo de ta signature. Ce numéro est déjà pris, pourtant…

C’est le numéro d’Hamadi [Ayari], il me l’a prêté comme je n’ai pas encore mes équipements. On n’a pas vraiment le même gabarit, donc c’était compliqué. Je vais récupérer mon numéro 14.

On suppose que ton intégration s’est bien passée…

On ne peut même pas parler d’intégration. C’est les nouveaux qui doivent s’intégrer à moi ! C’est comme si je n’étais pas parti. Les nouveaux m’ont tout de suite adopté. Je suis un mec facile à vivre, je déconne toujours, je n’hésite pas à aller vers les gens, donc le courant passe déjà très bien.

 

« Quand t’as été 2 ans et demi à Lyon et que tu atterris à Dunkerque, le changement est brutal ! »

Avant le dernier match, à Dunkerque justement, Karim Mokeddem était interviewé par FFF TV et on sentait que la porte était ouverte pour un retour. Ça semblait presque être une évidence que tu reviennes.

On aurait dû tout faire pour garder un maximum de joueurs, et moi je n’aurais jamais dû partir à part pour aller au-dessus, en Ligue 2.

Avec Karim, on a toujours eu une relation particulière depuis que je suis arrivé en 2015. Parfois c’est « Je t’aime, moi non plus », mais il y a toujours eu du respect entre nous. On est restés en bons termes, même après mon départ cet été alors qu’il voulait me garder. On est partis en bons termes avec le président aussi, d’ailleurs. C’est aussi pour ça que ça semblait une évidence quand j’ai quitté Dunkerque, surtout qu’ils avaient besoin d’un attaquant. Ils me connaissaient déjà, ils connaissaient mes qualités, ils connaissaient l’homme. C’était plus simple pour eux de me faire revenir que de faire venir quelqu’un qu’ils ne connaissent pas.

Au fond on peut presque se demander pourquoi tu es parti…

Comme j’ai dit à Karim, je n’aurais jamais dû quitter Lyon. On aurait dû tout faire pour garder un maximum de joueurs, et moi je n’aurais jamais dû partir à part pour aller au-dessus, en Ligue 2. En fin de saison dernière, j’avais des offres. Une ou deux offres du dessus, et d’autres en National. En Ligue 2 cela ne s’est pas fait, et il me restait les offres de National. Dunkerque, Chambly, ces clubs-là. Mon choix s’est porté sur Dunkerque parce qu’il y avait Djibi [Banor], avec qui j’avais vécu la montée de CFA ici. S’il n’avait pas été là-bas, je n’aurais sans doute jamais été à Dunkerque. C’est Djibi et ensuite le discours de leur coach qui ont fait que j’ai atterri à Dunkerque.

 

 

« J’ai juste pris le ballon pour tirer un penalty. Je n’ai tué personne, je n’ai violé personne. »

On est obligé de parler de ton court passage à Dunkerque. Tu n’a pas un mauvais bilan comptable, mais il y a eu l’affaire du penalty…

On va dire que le penalty m’a ouvert les yeux sur le fait que je n’étais pas à ma place là-bas.

J’ai joué 10 matchs, 9 comme titulaire, et j’ai marqué 3 buts. Ce n’est pas un mauvais bilan, mais ce n’est pas le top. Avec les qualités que j’ai, sans être prétentieux, je pense que j’aurais pu marquer plus de buts que ça. Bon, le meilleur buteur du championnat n’est qu’à 6 buts donc je me dis que ce n’est peut-être pas trop tard pour moi. (rires) Après, c’est vrai que s’il n’y avait pas eu l’histoire du penalty, je serais encore dunkerquois à l’heure qu’il est. Je ne suis pas du genre à laisser une mission inachevée. J’aurais préféré finir la saison là-bas pour voir ce que ça aurait donné. Maintenant, il y a des trucs qu’on ne contrôle pas. Déjà, je n’étais pas spécialement enchanté d’arriver à Dunkerque. C’est un autre environnement. Quand t’as été 2 ans et demi à Lyon et que tu atterris à Dunkerque, le changement est brutal ! Ce n’était pas la même mentalité de club qu’ici. Ce n’est pas le problème, parce que j’y étais quand même bien, mais je ne me sentais pas dans mon environnement dès le départ. On va dire que le penalty m’a ouvert les yeux sur le fait que je n’étais pas à ma place là-bas.

Les semaines suivantes ont dû être compliquées. On a beaucoup parlé de ce penalty y compris dans des médias nationaux, tu as été mis à pied, tu as rompu ton contrat… Ça a été dur à vivre ?

Franchement, non. Je m’en tapais complètement. Y a pire dans la vie. J’ai juste pris le ballon pour tirer un penalty. Je n’ai tué personne, je n’ai violé personne. J’ai mes torts, mais l’autre aussi avait ses torts. Ce que je n’ai pas aimé là-bas, c’est qu’on a essayé de tout me mettre sur le dos et de me faire passer pour un mauvais gars. Tous ceux qui ont évolué avec moi, joueurs ou coachs, savent très bien que je suis un bon gars. On a essayé de me donner une mauvaise image et c’est ça qui m’a un peu embêté. J’étais aussi désolé pour l’image du club. C’est juste ça qui m’a chagriné : qu’on me fasse passer pour un mauvais gars et la mauvaise image donnée au club.

 

« Même s’ils ont le statut pro, mon cœur est plus à Lyon qu’à Laval. »

Tu as eu des contacts à part la Duchère depuis la rupture de ton contrat ?

Ouais, plusieurs clubs de National m’ont contacté. Les Herbiers, Concarneau, Béziers, des équipes de CFA aussi. Et hier, Laval est entré en jeu. J’ai failli signer à Laval. C’est un club qui a un statut pro, qui vient de descendre de Ligue 2. Même si j’ai 29 ans, je suis ambitieux et je sais qu’il me reste de belles années devant moi. Ce qui m’a convaincu de revenir à la Duchère, c’est le discours de Karim, qui voulait vraiment que je revienne, et celui du président. J’ai préféré jouer la sécurité et faire le choix du cœur. Même s’ils ont le statut pro, mon cœur est plus à Lyon qu’à Laval.

Je ne sais pas si tu as suivi la Duchère depuis ton départ, mais tu arrives dans un secteur où personne n’est arrivé à vraiment s’imposer. Kamel Bennekrouf est retourné à Andrézieux, Jérémy Bekhechi n’est pour l’instant pas très convaincant, Reda Rabeï et Farez Brahmia ont été blessés en début de saison et peuvent jouer ailleurs qu’en pointe, tout comme Jackson Mendes…

L’avantage, c’est que j’arrive en connaissant les lieux. Ce qui joue aussi en ma faveur, c’est que Karim sait ce dont je suis capable, dans le bon comme dans le mauvais. Je viens ici pour apporter un plus et j’espère aider les gars à casser cette spirale de quatre défaites consécutives dès vendredi.

Tu peux donc jouer le match de vendredi, contre Laval à domicile ?

Oui, normalement je dois être qualifié. J’ai signé mardi et il faut 48 heures, donc ça devrait être bon. Physiquement, ça fait trois semaines que je n’ai pas joué de matchs officiels. Je me suis quand même entraîné. On va dire que je ne suis pas au top de ma forme, mais ça va.

Propos recueillis par Hugo Hélin

(Photo Lyon Duchère AS)

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