Bats, l’écharpe est belle

RANK’N’OL #02E21. L’OL a vécu à Geoffroy-Guichard le sommet de sa saison et même écrit une belle page de son histoire en l’emportant dans les arrêts de jeu grâce à l’un de ceux qu’on attendait de le moins (1-2). L’apothéose d’une opération de com’ parfaitement maîtrisée que les aléas n’ont fait que sublimer.

Olympique Lyonnais

Le parcage lyonnais. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

 

Le compte rendu : La seconde décennie

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Joël Bats. Deux fois par saison, le supporter lyonnais se réveille dans la peau du grand méchant de service. Après tout, il l’a bien cherché. Un président qui incarne jusqu’à la caricature le grand patronat arrogant, une poignée d’indép’ nuques raides et bras tendus qui suffisent à oser tous les raccourcis, trop de douceur en ville pour ne pas y respirer cette opulence qu’il faut qualifier de bourgeoise. Bien sûr, il y a cette autre réalité, la seule d’ailleurs, que tout supporter lyonnais retrouve à chaque fois qu’il retourne à Gerland, cette ferveur populaire d’autant plus vibrante que la domination n’est plus au rendez-vous. Ce que le Derby lui a appris, c’est qu’il ne sert à rien de vouloir dominer l’imaginaire collectif. Mieux vaut encore en jouer. Quitte à être affreux, seul et méchant, autant l’être jusqu’au bout. Le jeu, la qualité du spectacle, la beauté du sport, on remet ça à une prochaine fois. Ce qu’on veut, c’est un Derby. Un match qui ne vaut que par ceux qui savent l’allumer. Domenech qui échauffe le Chaudron en balançant des parpaings sur le grillage qui le sépare du kop stéphanois. Michel Bastos qui envoie des cœurs à tout GG. Biolay qui trouve le maillot de Saint-Etienne dégueulasse. Au tour de Bats de nouer une écharpe des Bad Gones dans les filets pour que des supporters verts se jettent dessus. Vu de loin, c’est une provoc’ sans doute condamnable. Vu du Derby, c’est un moment d’éternité. Du grand OL Dirty Bats’art.

2. Jimmy Briand. On va poser les bases tout de suite : Jimmy Briand pourrait bien raser Perrache de ses mains ou trouver un compromis pour rapatrier le Grand stade à Gerland qu’il ne vaudrait toujours pas la racine carré d’un Sidney Govou. C’est le problème des supporters de l’OL : ils sont souvent fans de foot. Mais où qu’il parte, cet hiver ou plus probablement en juin, Jimmy B. emportera dans sa pochette Louis V. une bonne partie de la légende locale. Parce qu’il a inscrit quatre buts à Geoffroy-Guichard et que chaque Lyonnais se souviendra toute sa vie où il était quand Briand a marqué au bout des arrêts de jeu un soir de novembre. Même si aucun ne pourra dire « J’y étais !»

3. Rémi Garde. Il y a longtemps qu’on ne croit plus au Pep Guardiola à nous. Et pour tout dire, on s’est même mis à douter de son calibre à l’heure où il faut accompagner le dévissage en cours. On peut toujours croire aux vertus curatives d’un losange, difficile de se convaincre que le salut lyonnais passera par un seul réajustement tactique. Surtout quand il ne fait que confirmer cette règle communément admise dans le football, qu’il vaut mieux disputer des matchs avec des professionnels qui connaissent le métier qu’avec une bande de jeunes à peine sortis de la réserve. Et puis arrive le Derby où le fatalisme qui colle à sa gestion laisse place à un niveau d’intensité et d’acuité qu’on attend d’un coach quand il ne peut plus se contenter d’être pilote de Formule 1. La détermination l’emporte tellement sur tout le reste qu’elle lui rapporte un coup de coaching gagnant. On pourrait alors se dire que le Derby révèle cet entraîneur qui manque si souvent à l’OL pour ne plus avoir à se résigner. En vrai, il ne fait que rappeler ce que Raymond Domenech a soufflé à la prise de fonction de son (ancien) protégé : un gars du crew n’est jamais là que pour rester à la maison. Accepter tous les compromis et quelques compromissions au nom de l’intérêt général ou remporter un Derby, tout ça revient au même. En ça, on a peut-être trouvé la place de Garde : entre Domenech et Lacombe, du côté des entraîneurs lyonnais.

4. Henri Bedimo. Peut-être pas le plus à cran dans ce football bataille qui met les nerfs à vif de part et d’autre. Du coup, Bedimo a pu continuer à faire ce qu’il a réussi jusque-là : être au-dessus de tous les autres. Dans un losange qui fait la part belle aux passages par les couloirs – du moins si l’adversaire le veut bien –, il ne se contente pas seulement de tenir le sien. Il relance chaque fois un peu plus loin et tout ce qu’il manque, c’est ce cri qui vient de l’intérieur, mais qui ne suffit pas à renvoyer au vestiaire Clerc et son tacle en forme de crochet de boucher. Pas la peine de réclamer le rouge en vrai : Bedimo a posé les fondations d’une emprise à gauche pour la suite du match. Où un centre devient décisif au terme d’un échange aveugle et sourd entre Gomis, Ruffier et Lacazette (48e). Et comme un miracle n’arrive jamais seul, c’est encore de son côté qu’arrive ce but de Briand que les supporters lyonnais pensaient ne plus jamais revoir depuis que Govou s’y était collé en 2004. Bedimo est donc ce joueur qui finit par emporter la décision de manière inconsciente, en se contentant d’être là et en rappelant qu’un Derby ne se gagne jamais là où on le croit. Moins dans le coup du destin que dans celui du Dasein. Moins dans l’art de la guerre que chez Heidegger.

5. Samuel Umtiti. Personne à Lyon ne doute de la suite de événements : Samuel Umtiti sera un jour un grand joueur. Mais avant de marcher sur l’Europe, le Fossoyeur de Ménival a pris pour habitude de piétiner Sainté. Bien sûr, il n’est pas le seul Lyonnais à le faire depuis maintenant vingt ans. Mais Umtiti semble y apporter un soin tout particulier. Après les deux échauffourées de la saison dernière et (déjà) un match plein, on l’a encore vu sur tous les fronts, de la récupération à la relance. Il fait même à peu près les deux, après une sale passe de Gonalons, sur l’action qui aboutira à l’ouverture du score (48e). On l’a également vu être deux fois génial à la 55e quand Gorgelin vivait une minute pénible. Il ne lui aura manqué que l’interception devant Hamouma sur l’égalisation (65e) pour réaliser le match parfait. Mais si Umtiti n’est pas encore un joueur parfait, c’est un joueur de Derby. Et à choisir…

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

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