Grenier, parce qu’il faut bien passer

RANK’N’OL #S02E01. Les belles histoires de coupe commencent toujours par un match pénible contre une petite équipe sur un terrain éclairé aux phares de bagnoles. Rien ne dit que l’OL ira loin en Ligue des Champions, ni même qu’il ira tout court. Mais contre les Grasshoppers, on sait qui a apporté la lumière.

Olympique Lyonnais Rank'n'OL

Clément Grenier a un peu galéré en début de match. Puis il a ouvert les yeux et tout s’est arrangé. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

 

Le compte rendu du match : L’OL, grâce au père Grenier

 

Rank'n'OL s02e01

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Clément Grenier

La promesse faite en juin par Rémi Garde a bien été tenue : Grenier est bien au centre de toutes les attentions. Et l’affaire est à la mesure de la hype qui s’est emparée du jeune meneur en chef depuis le printemps dernier. Nouveau numéro un au hit parade des flocages qui s’offraient au regard hier soir aux abords de Gerland, c’est aussi son nom qui est scandé le premier quand il se prépare à tirer un coup franc en tout début de seconde période. C’est un peu comme si les supporters étaient en droit de réclamer le miracle permanent. Il suffit de souffler un peu fort et de demander au bon Juni qu’on a cru reconnaître sous le coup de patte du gamin de faire le reste. De ce qu’on a vu hier soir, l’Ardéchois prend le rôle à cœur. En dépit des premiers taquets qui le mettent à vif et de ce maillage zurichois tressé à la maille de fer qui efface la moindre ligne de passe. On se dit qu’à l’échelle d’une saison, ce dispositif a déjà tout de l’épreuve de vérité pour celui que tout un club veut voir comme son nouveau fuoriclasse. Pour cette première, Grenier s’est contenté de réciter la leçon du bon petit numéro 10 apprise dans les pages du dernier So Foot : prendre un maximum de ballons, aller les chercher un peu plus bas en première parce que c’est ça le foot moderne et creuser un peu plus son sillon d’homme providentiel sur un nouveau geste décisif. Pour cette fois, sa passe.

Olympique Lyonnais2. Samuel Umtiti

Pour décoller du chewing-gum collé sur un vêtement, une seule solution : passer un glaçon dessus. Alors quand les Zurichois sont venus s’accrocher tel un énorme Malabar à la surface de réparation lyonnaise, le sang froid du Fossoyeur de Ménival a fait l’affaire. Certes, l’opération est fastidieuse et nécessite du temps, mais l’OL aurait pu y perdre plus qu’un morceau de tissu si un gamin de 19 ans n’avait pas déjà toute la maîtrise des remèdes de grand-mère. Un instinct grand-maternel qui lui aura aussi permis de rassurer le petit Danic, perdu dans le couloir gauche, quand il a fallu suppléer Dabo, sorti sur blessure (61e). On s’entend : Umtiti n’a pas été génial. Juste indispensable. Car ce type-là est unique. Et c’est ça le problème.

Olympique Lyonnais3. Alexandre Lacazette

S’il y en a un dont la montée en grade de Grenier fait les affaires, c’est Lacazette. D’abord parce que les deux se pratiquent depuis leurs onze ans, ce qui a laissé le temps de construire une complicité évidente. L’écart de talent et de facilité qu’il y avait hier soir entre le cool droit, celui de Lacazette et Miguel Lopes, et le revers du double Da(-bo & -nic) ne racontait rien d’autre. L’autre raison renvoie à toutes ces années passées à apprendre le foot en général et le 4-3-3 en particulier. Où le Kid de Mermoz a pu compter sur l’attention de tous les instants qui entourait (déjà) Grenier, sur le terrain et en dehors. Pas vraiment concerné par les attentes démesurées, moins soumis aux marquages serrés de près, c’est à l’ombre de son coéquipier que le style de Lacazette a pu s’épanouir, avec sa grammaire qui renvoie aux parties sans fin sur FIFA. Dans une première période trop tendue pour ne pas faire résonner un peu trop fort l’enjeu démesuré de ce tour de chauffe pour la Ligue des Champions, c’est ce même style qui a servi de jeu offensif pour l’OL. À coups de crochets, d’accélérations, de dribbles et de détours par le centre, Alex s’est contenté de rappeler que les meilleurs sont encore ceux qui savent rester imperméables à la pression du jour. À sa manière : cool en silence.

Olympique Lyonnais4. Milan Bisevac

D’un côté, les ambitions de jeu pour la saison à venir, dans un 4-3-3 tenu de jouer encore plus haut et de tenir la balle plus longtemps. De l’autre, la réalité qui fera dire à la 8ème journée de championnat que, décidément, l’OL n’a pas réglé son problème en défense. On s’en est rappelé quand Lang a récolté un poteau sur sa reprise (16e). C’est là qu’on s’est dit que les Grasshopper avaient davantage la gueule de l’emploi que l’OL pour emporter la mise dans ces préliminaires qui ne sont pas encore la Ligue des Champions. Plutôt un genre de compétition occulte qui fait resplendir les médiocres, les quelconques, les anonymes. Ceux qui sauront l’emporter sur un coup du sort, sur un but hors-jeu, qu’il s’agisse d’un poteau ou d’une erreur d’arbitrage. Des joueurs qu’on sent limités, qui se marrent quand ils entendent parler « beau jeu », tiki taka et autres fadaises, eux qui ont appris le foot dans des bréviaires du XIIème siècle, la belle époque quand on y repense, où les hommes et les bêtes savaient coopérer pour donner un tour aussi divertissant qu’efficace à la torture de l’ennemi. Le genre de description qui colle tellement à la carrière de Stéphane Grichting qu’elle fait même courir le frisson dans les travées de Gerland. Jusqu’à ce que Gashi se hisse à la hauteur de son patronyme en larguant sa tête sur la barre de Lopes (23e minute). Il n’en faut pas plus pour se dire que la médiocrité pourrait bien cette fois ne pas toucher sa part de sublime. Et mieux se rendre à l’évidence une mi-temps plus tard en voyant Bisevac couper le coup franc de Grenier : la médiocrité a juste choisi l’autre camp.

Olympique Lyonnais5. Miguel Lopes

La meilleure des deux recrues, pour l’instant, est donc celle qui suscitait le plus d’interrogations. Mais s’il n’y a a priori pas un grand intérêt à comparer un latéral droit et un ailier gauche, le Portugais réussit partout où le Breton pèche. Mordant et disponible, il n’est pas pour rien non plus dans les bonnes performances de son compère du flanc droit. Et si Lacazette parvient à faire sauter la banque cette saison, Miguel sera forcément de mèche.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

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