OL – Villarreal (0-2) : Benzia n’a pas pris le train en vain

Olympique Lyonnais

AMICAL. Contre Villarreal, l’OL a terminé sa série de matchs amicaux comme il l’avait commencée : avec plein de jeunes, sans marquer et par une défaite. Moins honteuse que celle concédée la veille par les titulaires, certes, mais la quatrième en cinq rencontres, pour deux buts marqués et douze encaissés. Le mois d’août 2014 et la saison qui a suivi retiendront tout le monde d’en tirer des conclusions trop hâtives, mais il reste du boulot. La liste des raisons de se réjouir est plutôt courte, et tout en haut se trouve Yassine Benzia.

 

Dimanche 26 juillet 2015, Emirates Cup

Olympique Lyonnais – Villarreal CF 2-0

Buts : Bruno Soriano (31e sp), Baptistao (54e).

OL : Gorgelin – Mboumbouni, Bisevac (Moufi, 46e), Koné, Labidi – Malbranque (cap.), D’Arpino (Paye, 72e), Mvuemba – Kalulu (Fekir, 58e) – Beauvue, Benzia. Entr. : Hubert Fournier

Avertissement pour l’OL : Benzia (83e).

 

Bisevac rassure, Mboumbouni galère

Après deux prestations terrifiantes contre Sion et le PSV, Mathieu Gorgelin a réussi l’un des deux meilleurs matchs de sa carrière en pro, juste après le Derby de novembre 2013. Mais comme à Geoffroy-Guichard, il n’a jamais été totalement académique dans ses mouvements, ce qui ne l’a pas empêché de sortir deux belles parades devant Gerard Moreno (4e) puis Castillejo (17e). Sur le penalty, il part du bon côté mais réussit à être trop court (0-1, 31e)… Dans l’ensemble, il a cherché à assurer, boxant la plupart des ballons. Du mieux, forcément.

Aligné à droite comme contre Sion, Dylan Mboumbouni a encore plus souffert. Il a même vécu un véritable calvaire, comme son compère de la défense centrale en CFA Ulrik Jenssen la veille sur le côté gauche. Les choix d’Hubert Fournier ont a chaque fois été une manière de promouvoir ses défenseurs préférés de la réserve, mais ils ont été autant de cadeaux empoisonnés. Cela s’est vu aux 17e et 19e minutes, quand Mboumbouni s’est fait prendre coup sur coup dans son dos, mais aussi sur la faute qui entraîne le penalty, quand il s’élance de trop loin pour dégager de la tête avant de télescoper son adversaire. Son absence de marquage sur la première action espagnole n’avait en revanche rien à voir avec son positionnement sur le terrain puisqu’il s’agissait d’un corner (4e). Plus à l’aise de ses mouvements balle au pied une fois repassé dans l’axe après la pause, mais pas plus décisif défensivement. Un bel après-midi de merde en somme.

Fahd Moufi, qui a repris le flanc droit après avoir remplacé Milan Bisevac à la mi-temps, a réalisé sa prestation la plus aboutie de l’été. Parce que lui jouait à son poste, mais aussi parce que la première période de son pote avait sérieusement dû le décomplexer. S’il n’apporte pas encore toutes les garanties nécessaires pour la Ligue 1, notamment d’un point de vue technique, l’international Espoirs marocain est tout de même plus à l’aise le long de la ligne, tient debout au duel et propose beaucoup. L’OL ne gagnera peut-être pas la Ligue des champions 2020 avec lui, mais s’il ne lui propose pas de contrat pro, d’autres s’en accommoderont très bien.

Milan Bisevac a rassuré son monde dès ses deux premières interventions au sol (4e puis 8e). Niveau relance, cela a été moins emballant, si tant est que ça l’ait déjà été avant sa rupture du ligament croisé le 1er février dernier à Monaco. Une bonne rentrée dans l’ensemble, mais pas de là à remettre en cause l’arrivée d’un défenseur central.

Difficile également d’envisager une qualification pour les 8es de finale de la Ligue des champions et une place sur le podium de la L1 avec Bako Koné. Pourtant, il y a eu face à Villarreal de quoi faire un joli montage YouTube de son match : un sauvetage devant sa ligne à la 19e, un beau retour à la 34e (à condition de couper juste avant le dribble suicidaire), une tête puissante sur la barre à la 39e et un tacle de mamouth sur Gerard Moreno (et Maxime D’Arpino…) à la 66e. Pour le reste, il y a cette fin de première mi-temps compliquée, avec en point d’orgue ce contrôle affreux à l’entrée de la surface qui débouche sur une action des Valencians (42e), puis une première intervention dans les dix-huit qui elle aurait pu coûter un penalty. Bref, une bonne performance à trois boulettes près.

Sur la gauche de la défense, le seul endroit où Hubert Fournier semble lui voir un avenir, Zakarie Labidi a réussi une très bonne première demi-heure, durant laquelle il a été agressif défensivement et percutant offensivement. Ça s’est gâté ensuite, en témoigne son intervention manquée qui conduira directement au deuxième but (0-2, 54e). À sa décharge, il avait avec Castillejo un sacré client face à lui, comme il n’en croisera pas beaucoup en Ligue 1. S’il en croise en Ligue 1.

 

D’Arpino va bien vieillir, Malbranque s’y refuse

La remarque qui vaut pour Zakarie Labidi vaut aussi pour Aldo Kalulu et, à un degré moindre, pour Maxime D’Arpino. Mais, s’il a un temps disparu de la circulation après trente minutes de jeu, le regista lyonnais a réussi à revenir. Au final, il a touché beaucoup de ballons, les a quasiment tous bien rendus – sans prendre énormément de risques toutefois. Il est en revanche coupable d’avoir trop attendu sur l’action qui amènera le penalty. Il y avait peut-être faute sur lui, mais sa légèreté physique n’est pas qu’un cliché. Et heureusement pas une fatalité. Remplacé par Mour Paye , particulièrement dynamique au cours des vingt minutes qu’il a passées sur la pelouse de l’Emirates.

Steed Malbranque a prouvé, une fois encore, qu’il était un relayeur, et un bon avec ça. Mais ce furent évidemment ses quarante-cinq premières minutes qui ont été les meilleures. Au menu : un superbe relais pour Kalulu (12e), une reprise acrobatique (16e) et une demi-volée sur la barre (21e). Il a également grandement facilité la tâche de D’Arpino, en lui offrant sans cesse une solution, comme il l’a souvent fait aussi avec Moufi et donc Kalulu. Il va se faire de plus en plus rare, il n’en sera que plus précieux.

L’autre relayeur, Arnold Mvuemba, a été très intéressant de la 38e (belle frappe des vingts mètres) à la 39e (corner déposé sur la tête de Koné). Plus inutile autour.

 

Kalulu demi-centre, Benzia meneur ?

À la pointe du losange, Aldo Kalulu a évolué comme un véritable demi-centre de hand, demandant la balle très bas, portant rapidement le danger devant et en étant le premier harceleur sur la relance adverse. Sa percée avec un appui sur Malbranque aurait mérité meilleur sort s’il avait gardé sa lucidité face à Alphonse Areola après avoir mystifié la défense centrale (12e). Mais il n’a pas tenu le rythme sur la longueur. Nabil Fekir l’a remplacé, sans faire la différence, mais en prenant bien soin de montrer qu’il avait un peu plus de talent que les autres quand même.

À deux doigts de mettre un pied dans la catégorie flop de l’été contre Milan, Claudio Beauvue a quelque peu rassuré contre Villarreal, même s’il n’a toujours pas marqué. Pas faute d’avoir essayé pourtant, sur un coup franc de près de trente mètres (16e), du gauche sur un caviar de Benzia après un bel appel (41e), d’une frappe un peu désespérée à l’angle de la surface (46e) et surtout d’une superbe bicyclette (76e). Ça fait quatre matchs sans aucune ligne de stat, mais il y a du mieux dans le jeu. Et puis il a très peu évolué avec les titulaires. Et puis ça ne compte pas. Encore.

Il ne lui a manqué qu’un but. Et pourtant, c’est presque cette carence qui a fait germer une idée : et si Yassine Benzia était le n°10 de l’OL samedi prochain à Montréal ? Clément Grenier blessé (a priori pour longtemps), Rachid Ghezzal forfait et Nabil Fekir suspendu, le Normand pourrait être un recours crédible pour animer occasionnellement la pointe du losange face au PSG lors du Trophée des champions. Car s’il s’est créé des occasions – à chaque fois du pied gauche – en reprenant de volée au premier poteau un centre trop court de Labidi (67e) puis sur un tir croisé après avoir éliminé son défenseur (82e), il s’est surtout distingué par ses offrandes pour Malbranque (16e, 62e), Beauvue (41e) et les nombreuses situations qu’il a créées aux abords et dans la surface. Sans oublier deux-trois gestes délicieux pour fluidifier le trafic : dribble derrière la jambe d’appui (38e), transversale du gauche pour Kalulu (44e), talonnade pour Mvuemba (46e), etc. Benzia a prouvé qu’il pouvait être crédible dans le rôle du quatrième meneur. Au moins autant que dans celui du cinquième attaquant.

Pierre Prugneau

(Photo Graham Wilson / Panoramic)