OL : pas (que) de la faute de Bruno Genesio

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PLAIDOYER. On nous reproche souvent d’être trop critiques envers l’OL. Et on répond à peu près inexorablement qu’on dépend surtout de nos contributeurs. L’un d’eux, au fort esprit de contradiction et piqué au vif par le challenge, a donc accepté de relever le défi et de défendre Bruno Genesio. Ou en tout cas d’atténuer ses torts…

 

C’est (aussi) la faute à Aulas

Les déceptions, c’est avant tout la faute de JMA. Certains diront que l’argument en lui-même prend des airs de contrefeu sans réellement défendre l’action de Genesio en elle-même. N’empêche : Aulas joue suffisamment la carte de l’omnipotence pour être placé très haut dans la chaîne de responsabilité – et donc décharger en partie ses subordonnés.

Ses mauvais choix ont, pour beaucoup, plombé son staff depuis deux ans (pour ne pas remonter plus loin). Certains recrutements made in JMA viennent rapidement à l’esprit. La campagne de recrutement 2017 est, pour partie, un aveu d’échec(s) : un poste d’arrière gauche totalement renouvelé, quand les deux candidats l’an passé étaient arrivés en 2015 (Morel) et 2016 (Rybus). Un taulier est attendu en défense centrale, alors que l’OL a déjà tenté de cocher cette case en 2015 (Mapou) et 2016 (Nkoulou). Valbuena pas retenu, Nkoulou a priori invité à partir, Mateta envoyé en Ligue 2… Les choix les plus clairement « aulassiens » relèvent au mieux du verre à moitié vide, quand ce ne sont pas des bides absolus. Difficile de reprocher à Genesio l’absence de valeur sûre à certains postes (ou de doublure) quand le recrutement se joue au-dessus de lui… Dans la même veine, Aulas n’a clairement pas eu une inspiration absolue en collant une star non qualifiable pour la Ligue Europa, Memphis, dans les pattes du staff alors même que cette compétition était une priorité dès l’élimination en Ligue des Champions.

Aulas enfin (même si ça reste un moyen très relatif de défendre Genesio), a surtout eu le tort de ne jamais véritablement hausser le ton face à la saison moyennasse de son équipe en L1. Défendant un bilan largement critiquable, justifiant un nombre de défaites inacceptable, JMA n’a pas aidé à la remise en cause. Il a même, en montant Genesio au pinacle de manière grossière, amplifié le malaise autour de son coach. Un soutien teinté de lucidité aurait probablement moins excité les impatients et limité la faille entre « l’approche tactique exceptionnelle » qu’il prétend voir et l’incompréhension des supporters devant certains choix de Genesio. Au bout d’un moment, le soutien mordicus d’Aulas a fini par cristalliser autant d’agacement que les ratés de son entraîneur.

 

C’est (aussi) la faute aux joueurs

C’est un argument imparable quand il faut s’interroger sur les responsabilités d’un entraîneur. Ce n’est pas Genesio qui tire sur la barre à trois mètres du but adverse et ce n’est pas lui qui lâche son marquage pour réclamer vainement un hors-jeu. Ponctuellement ou sur la longueur, le niveau de beaucoup de joueurs a déçu. Nombreux sont ceux qui n’ont pas répondu aux attentes. Et quand leur entraineur les aligne à leur meilleur poste, sa responsabilité ne peut être totale. Et, justement, s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut reprocher à Genesio, c’est de se laisser aller à la fantaisie dans ses compositions. Les joueurs alignés ailleurs qu’à leur poste de prédilection n’ont pas été nombreux, et quasiment toujours sous la contrainte d’absences.

Après une poignée de matchs sur l’aile, Fekir, par exemple, a obtenu de ne jouer que dans une position axiale. S’il y a réussi ses meilleures perfs, il y a également largement déçu, bien après que l’excuse de la reprise post-grosse blessure ne tienne. Gonalons, Cornet, Mapou… et bien d’autres sont passés à travers dans des positions où ils ont déjà brillé, y compris sous Genesio. Au final, Tolisso et Lacazette semblent être les deux seuls dont la saison est quasiment inattaquable. Ça ne fait pas lourd…

Les joueurs, enfin, un peu à la manière d’Aulas, ont contribué à la colère de certains supporters en manifestant un soutien absolu à leur coach. Après avoir été moins coulants avec Fournier, sans que les motifs de cette différence d’appréciation ne soient limpides vus de l’extérieur, leur mansuétude a interpellé et ouvert la porte à des interprétations du type « ils veulent garder leur copain ». Toujours difficile d’évaluer la justesse d’une telle analyse sans être in vestiairo. N’empêche que les joueurs, dans les perfs comme dans leurs postures, ont largement leurs torts dans cette saison 2016/17, dans une mesure que Genesio ne peut assumer seul, même si un coach a toujours un minimum d’influence sur ses joueurs.

 

Beaucoup de détracteurs avaient jugé Genesio avant même qu’il n’arrive

Ça ne doit pas être loin d’une situation inédite (Girard a eu le droit au même traitement quand son nom circulait du côté du FC Nantes, quelques mois plus tard) : avant même sa nomination au poste de numéro 1, Genesio était la cible d’une pétition, dont les 2812 signataires se positionnaient contre sa promotion. Le technicien s’y voyait reproché ses supposés savonnages de planches contre Puel et Perrin, son bilan (objectivement) mauvais avec les clubs amateurs qu’il avait dirigés précédemment et des choix défensifs lors de ces expériences.

Et si beaucoup d’observateurs ont qualifié l’ensemble de sa première demi-saison de réussie, les suiveurs du club n’ont pas tous fait cet arrondi. Les premières semaines n’ont guère séduit et l’écroulement des concurrents au podium, par la suite, a été mis en avant par les Genesio-sceptiques. Puis 2016-17 a marqué une montée en puissance des « je l’avais bien dit » et des #Genesiodémission. Même si certains ont pris le temps de laisser sa chance au produit, beaucoup de supporters semblaient convaincus que ça ne marcheraient pas, pour certains dès le départ. Ceux qui ont amplifié le moindre défaut du coach, tout en trouvant d’autres causes à tout ce qui a pu se produire de bien, ne sont pas si rares…

Dans la même idée, tout au long du marasme L1 du premier semestre 2017 (parfois également valable en Europe malgré un beau parcours), il est devenu répandu de critiquer chaque option de Genesio, en mode automatique. En gros, s’il aligne tout le temps le même 11, on l’accuse de s’entêter. S’il en change, on pointe du doigt un manque de repères. S’il titularise untel, le remplaçant devient le sauveur qu’on cantonne injustement au banc, etc.

Si tous les supporters n’ont pas adopté ces postures, il est clair que l’agacement des matchs médiocres ou perdus (ou les deux) a pu exacerber les analyses subjectives ou orientées, même sur les forums plus selects que la rubrique « commentaires » de lequipe.fr. Encore une fois, l’argument sert davantage à relativiser les critiques plutôt qu’à les nier. Mais il semble évident que Genesio n’est pas jugé de manière complètement neutre par une frange de ses détracteurs – qui auraient sans doute un regard plus bienveillant sur un coach différent.

 

Il a quand même un peu de caractère

Décrit comme un technicien passif, docile, voire carrément comme un pantin de Jean-Michel Aulas, Genesio a su, par épisode, montrer du caractère pour défendre ses idées. Valbuena peut en témoigner. Dans les semaines précédant la liste à DD avant l’Euro 2016, Aulas pousse fort pour que Petit Vélo’v soit de la partie. Entre ses propositions de conciliation Benzema-Valbuena et l’ensemble de son travail de com’ pour justifier la pertinence du recrutement de ce dernier, JMA ne fait pas de mystère sur son envie de voir Valbuena à l’Euro. Une communication qui laisse Genesio de marbre : son trio offensif est Cornet-Lacazette-Ghezzal, et l’ex-Marseillais reste remplaçant (ce que ses perfs justifient alors amplement).

La mise au rencard de Bedimo au profit de Morel, la même saison, a également alimenté le fantasme d’une « consigne venant d’en haut », visant à sanctionner le Camerounais pour son refus de prolonger. S’il est difficile de mesurer la validité de cette hypothèse, la récurrence du choix Morel est restée longtemps suspecte. Quoi qu’il en soit, Genesio a fini par changer son fusil d’épaule. À Toulouse, J-Mo est sorti en cours de match et Bedimo prend sa place jusqu’à la fin de la saison, match pour du beurre à Reims y compris.

Le début de saison 2016/17 montre également des traces de détermination chez Genesio. Si elle a fait beaucoup ricaner pour diverses raisons, la blague Adebayor montre que l’entraineur lyonnais peut avoir le dernier mot sur certains dossiers. Si l’arrivée de Matetasemble clairement ne pas s’être jouée à son niveau, la porte fermée au Togolais si. Dans les mêmes eaux, Genesio prend le contrepied de son président suite au rouge reçu par Gonalons contre Bordeaux. Alors que JMA hurle à la simulation et veut réduire les 4 matchs de suspension de son capitaine (pourtant pas volés), Genesio exprime publiquement sa réticence à faire appel. Et convainc son président d’y renoncer.

 

Et aussi…

C’est le syndrome Domenech, finaliste de la coupe du monde quoi qu’en disent ses détracteurs. L’OL de Genesio a bel et bien réussi des choses. Certaines très symboliques : deux victoires à Toulouse et une victoire aux tirs au but, par exemple. Soit ce que les supporters attendaient depuis de trop longues saisons. D’autres plus mémorables : une demi-finale de coupe d’Europe au scénario qui fait vibrer (à défaut d’être très accomplie), par exemple. Trois coachs seulement l’ont fait à Lyon. Dont Genesio. Et les twittos de tout poil n’y pourront rien changer.

Le redressement de l’OL début 2016, malgré tout ce qu’il comporte d’heureux et de conjoncturel, est également à mettre à son crédit, d’autant qu’il relève de choix clairement genesiens (le 4-3-3, Ghezzal…). Les victoires convaincantes contre Paris et surtout Monaco, sur cette période-là, en ont bluffé plus d’un, lui conférant un bonne dose de crédit, notamment auprès des observateurs « extérieurs ».

Éloi Paillol

(Capture d’écran Eurosport)

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