OL : l’union sacrée-salée

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HUMEUR. La 38e journée de Ligue 1 a eu lieu il y bientôt une semaine, mais c’est comme si la saison n’était pas encore terminée. Le dossier Bruno Genesio accapare toujours toutes les conversations, et encore plus depuis l’annonce par Jean-Michel Aulas du maintien de l’entraîneur. Parmi tous ces avis tranchés, un supporter modéré regrette l’attitude un brin arrogante et méprisante du club, qui n’a pas prêté la moindre crédibilité à la manière conciliante, patiente et soft dont se sont exprimés les virages.

« J’ai vu les banderoles. Je comprends que nos supporters en veuillent plus. Moi aussi, d’ailleurs, je veux plus. Je crois qu’on a une marge de progression. Les supporters pensent qu’on l’exploitera mieux avec un nouvel entraîneur. Ceci étant, je suis persuadé que Bruno peut encore faire mieux. On va donc continuer avec lui, mais aussi avec beaucoup d’exigence, et nous allons montrer que notre méthode est la bonne. » Voici ce que n’a pas dit Jean-Michel Aulas samedi dernier, peu de temps après que les supporters aient exprimé leur mécontentement, malgré la victoire contre Nice et la troisième place.

Envahissement de terrain, mise sous pression du centre d’entraînement, maisons de joueurs taguées, chants et banderoles insultantes, grève des encouragements… Pour des supporters insatisfaits, la panoplie des moyens d’expressions est large. Ceux de l’OL n’ont pas voulu être nuisibles à leur équipe. Dès le printemps, ils ont décidé, en clair, de rester à fond derrière le club tant qu’il y avait un enjeu à défendre, et de garder leurs griefs pour plus tard. Une démarche de conciliation, de patience, qui rentre tout à fait dans le cadre de ce que Jean-Michel Aulas attend (ou exige ?) de ses tribunes. Le président de l’OL n’hésite d’ailleurs pas, à l’occasion, à donner sa propre définition du « vrai supporter » qui soutient l’équipe jusqu’au bout, pour marginaliser les contestations.

Contre Nice, les supporters ont donné tout ce qu’ils avaient, ont influencé le match au maximum de leurs moyens. Puis, comme prévu, ils ont passé leurs messages. Des messages critiques, mais sans violence, sans outrance ni bassesse. Entre les communiqués publiés après Moscou et l’avertissement fait au club juste avant le match, les supporters n’ont pris personne par surprise. Mais, même prévenus, Aulas et Genesio ont mal vécu l’événement. Sans doute convaincus que, enivrés par la troisième place, les supporters allaient se rendre compte de la futilité de leurs griefs et gentiment remballer leurs banderoles.

L’entraîneur s’est montré vexé. Son « Je ne l’oublierai pas » semble davantage tenir de la bouderie que d’une remise en cause personnelle. Parmi ses quatre ou cinq répliques habituelles quand on le contredit, Aulas a lui choisi le fameux rappel de ses 30 ans à la tête du club, avec un rien de mépris sous-entendu au passage (« …donc les jeunes losers qui animent les tribunes n’ont pas de leçon à me donner »). Dommage.

Car le maintien de Genesio, en soi, aurait pu passer. Même dans leurs doléances, les supporters ont montré leur attachement envers le technicien. En y mettant les formes, le club aurait pu faire passer la pilule. Mais en ignorant (voire en méprisant) la communication pourtant mesurée et patiente de ses supporters, l’OL prend le risque de voir ceux-ci changer de méthode. Lors de la prochaine période de résultats décevants, les virages pourraient se montrer plus virulents. Les épisodiques appels à « l’union sacrée » autour du club n’auront sans doute pas la même prise la saison prochaine.

Éloi Paillol

(Photo Damien LG)

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