OL: la Dream Team du Derby

LÉGENDE. L’OL dispute ce soir son 109e Derby contre l’AS Saint-Étienne en match officiel, le 97e en D1/L1. Au cours de ces 63 ans de confrontations, certains Lyonnais, par leur régularité ou leurs coups d’éclat, ont marqué l’histoire de ces rencontres pas comme les autres. Old School Panini et le Libéro les avaient réunis pour constituer une équipe de légende(s). Retour sur cette Dream Team du Derby.

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Le gardien : parce que Kastendeuch ne suffit pas

Gilles ROUSSET (à l’OL de 1990 à 1993). Contrairement à Grégory Coupet qui était d’une valeur constante sans toutefois être exceptionnel dans les derbys, Gilles Rousset se surpassait dès qu’il affrontait les Stéphanois. Déjà performant avec Sochaux (1982-1990) face aux Verts, il dispute son premier derby avec l’OL le 15 septembre 1990. Et il va tout simplement être héroïque ! Pendant 90 minutes, il va tout repousser. Il n’y a qu’une seule équipe sur le terrain mais les Verts ne réussissent pas à marquer . Et on connaît la suite : à dix minutes de la fin, Ali « Mouche » Bouafia s’en va tout seul sur son aile gauche et centre pour personne, si ce n’est le genou de Sylvain Kastendeuch pour le CSC le plus célèbre de l’histoire du Derby. L’OL réalise le hold-up parfait et le héros du jour n’est autre que son gardien, qui déclarera après la victoire : « Gagner à Geoffroy-Guichard c’est fantastique. On nous avait tellement parlé de ces derbys que c’était un rêve. » Rien que pour avoir été l’artisan de ce match inoubliable, Rousset, aujourd’hui entraîneur de la réserve avec Stéphane Roche, se devait d’être le gardien de onze lyonnais spécial Derby. (Vidéo ci-dessous : extrait de « Au cœur du Derby », par OLTV)

Les défenseurs : les « bouchers » et le dernier buteur du siècle

 

Le choix s’est naturellement porté sur les « bouchers de Gerland« , qui officiaient au début des années 70. La défense était alors composée de Raymond Domenech, Jean Baeza, Ljubomir Mihajlovic et Bernard Lhomme, même si ce dernier, qui n’était d’ailleurs pas le plus méchant du quatuor, n’apparaît pas dans notre sélection (pour une bonne raison). Mais pourquoi avoir choisi ses défenseurs des années 70 ? Tout simplement parce qu’à cette époque, les Verts sont les plus forts comme le dit la chanson, en France mais presque également en Europe (enfin si les poteaux avaient été ronds…) Sauf pour l’OL, qui restera une menace constante dans les confrontations directes. Le bilan est même à l’avantage des Lyonnais de la saison 1971-72 à 1976 ! Durant ces cinq saisons, au cours desquelles les Stéphanois décrocheront trois titres, l’OL empoche quatre victoires pour quatre nuls et seulement deux défaites face à la grande équipe des Verts. Contrairement à une idée reçue, à l’époque de son apogée sur la scène européenne, Saint-Étienne n’était pas souverain dans le Derby. Et s’il est vrai que le trio magique Chiesa-Di Nallo-Lacombe faisait des dégâts devant, ce que craignaient plus que tout les joueurs de l’ASSE, c’était d’affronter ces défenseurs, fous, féroces, qui ne reculaient devant rien.

Raymond DOMENECH (de 1970 à 1977). L’homme des derbys côté lyonnais. Joueur puis entraîneur, il a passé sa vie à donner des coups et à chambrer les Verts. Arrivé à l’OL à l’âge de 8 ans, il est élevé au Derby, en jeunes puis surtout en finales de Gambardella. Deux années de suite, la finale opposera les deux meilleurs ennemis. Si Saint-Étienne de Jacques Santini l’emporte aux tirs au but en 1970 (3-3), les Gones des frères Domenech et Bernard Lacombe prennent leur revanche un an après (2-1). L’anecdote la plus célèbre concernant Raymond et le Derby se déroule trois jours après un match avec l’équipe de France espoirs. Tout commence dans l’avion qui ramène les jeunes footballeurs sur la région lyonnaise. À bord se trouvent Domenech et Lacombe ainsi que les Stéphanois Santini, Christian Lopez et Christian Sarramagna. Raymond Domenech explique : « On discutait, on se chauffait sur le match, on s’allumait, c’est logique. En rigolant pour faire peur à Sarramagna je lui lance : Toi, tu ne feras pas plus d’un quart d’heure ! » La suite, c’est Bernard Lacombe qui la raconte : « Le match venu, sur le premier ballon, Sarra avait tellement peur qu’il est parti en travers vers l’extérieur du terrain. Il a marché sur la lice en fer qui délimitait la piste d’athlétisme et il s’est bousillé la cheville. Entorse. Raymond n’avait même pas eu le temps de le toucher. » Il faut dire qu’à l’époque, la réputation de casseur de Domenech n’était plus à faire et le futur sélectionneur ne s’en cachait pas. Il était si peu discret dans ses coups que ses propres coéquipiers lui disaient : « Quand tu chopes un mec, même René l’aveugle te voit… »

Pour l’anecdote, Raymond Domenech a disputé sa dernière rencontre sous le maillot lyonnais face aux Verts à Gerland (9 septembre 1977, 2-2) avant d’être vendu à Strasbourg, puisque le club connaissait ses premières difficultés financières.

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Raymond Domenech qui court après Jean-Michel Larqué sous l’œil de Serge Chiesa, le 8 octobre 1972 à Geoffroy-Guichard (1-1). (Photo Presse Sports)

 

Jean BAEZA (de 1969 à 1974). Un joueur qui a fait beaucoup de bien dès son arrivée au sein de la défense lyonnaise. Mais aussi l’un des plus fous de l’histoire de notre championnat. Pour résumer l’attitude de « Jeannot » sur un terrain, il faut garder cette phrase qu’il aimait répéter : « Lorsque ça castagne, on ne peut pas rendre des fleurs. » Son empreinte sur le Derby ? Il donnait des sueurs froides aux attaquants de Saint-Étienne et surtout au grand Salif Keita qui perdait ses moyens quand il se retrouvait face au défenseur de l’Olympique Lyonnais. Celui que de nombreux observateurs considèrent comme le plus grand joueur africain de tous les temps avait une peur bleue de Baeza au point qu’avant chaque rencontre face à l’OL, il mettait deux paires de protège-tibias à chaque jambe, un devant et un autre derrière ! D’ailleurs voici ce que disait le tout premier Ballon d’or africain : « Cette équipe ne m’a jamais vraiment réussi. Je n’aimais pas trop jouer contre l’OL. Lyon était une équipe dure, très dure, vraiment pas facile à jouer, ni à Gerland, ni à Geoffroy-Guichard. La défense était vraiment trop rude à mon goût. Les Baeza, Lhomme, Mihajlovic et Domenech étaient tout sauf des enfants de cœur. Franchement, j’avais parfois la trouille de jouer contre eux. »

Ljubomir MIHAJLOVIC (de 1970 à 1977). Quand Bernard Lacombe parle du défenseur yougoslave, il pose d’entrée le bonhomme : « Raymond Domenech et Jeannot Baeza étaient durs, d’accord. Mais le plus méchant, c’était Louba Mihajlovic. Lui, il tapait avec ou sans le ballon. Du côté des attaquants, il avait un vrai palmarès de joueurs qu’il avait dégommés. Lui, il disait : Celui-là, je vais l’opérer. » Mihajlovic est arrivé à Lyon en 1970 en provenance du Partizan de Belgrade, après avoir notamment perdu la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions avec face au grand Real Madrid (2 -1, 1966). Un grand coup pour l’OL que de faire venir l’un des tout meilleurs défenseurs d’Europe. Mihajlovic va permettre à l’OL de connaître une période faste (vainqueur de la Coupe en 1973, finaliste en 71 et 76, 3e de D1 en 1974 et 1975) notamment face aux Verts, qui font alors plier bien des défenses en Europe mais qui auront toujours du mal à franchir la ligne Baeza-Mihajlovic.

Christophe DELMOTTE (de 1997 à 2004). Dans la mémoire collective, Christophe Delmotte restera l’homme du Derby du 21 décembre 2000, le dernier match de l’OL au XXe siècle. Lui-même le confesse en 2007, ce Derby le suit à la trace : « En décembre 2000, j’ai eu la chance de marquer de la tête dans les arrêts de jeu (90e+2). C’était le dernier match à Gerland avant la trêve hivernale. Ce but est gravé à vie dans ma mémoire d’autant plus qu’il nous a permis de l’emporter sur le fil (2-1). Les gens m’en parlent encore, ils gardent cette image de moi. » Mais il ne faut pas s’y tromper : il y a de la fierté dans les propos de Christophe Delmotte, car le Derby à une haute valeur à ses yeux. « Pour moi, le seul derby du championnat de France est celui du Rhône. Avant de venir à Lyon en 1997, j’ai porté les couleurs lensoises. J’ai donc disputé le derby nordiste, Lens-Lille. L’engouement est différent. La ferveur populaire est moindre qu’entre Rhône et Saône. À mon arrivée à Lyon, les supporters parlaient déjà du fameux derby alors que Saint-Étienne évoluait en Ligue 2. » Et puis il n’y a qu’à le voir marteler le sol après son but pour comprendre ce que l’on ressent quand on offre le Derby aux siens.

 

Milieux de terrain : les fils préférés

Finalement, c’est pour les milieux que le choix aura été le plus simple. Rémi Garde, capitaine emblématique de cet OL qui a retrouvé la D1 puis la Coupe d’Europe, s’impose naturellement, par ses actions d’éclat sur le terrain et sa capacité à inculquer les valeurs du Derby dans le vestiaire. Dans ce milieu, le Gone de L’Arbresle est accompagné par deux légendes, Juninho et Serge Chiesa. D’ailleurs, quand se pose la question de savoir quel a été le plus grand joueur de l’Olympique Lyonnais, on cite généralement Juni, Chiesa et Di Nallo. Trois joueurs que l’on retrouve dans ce onze, et ce n’est pas un hasard : pour marquer l’histoire de l’OL, il faut aussi avoir marqué l’histoire du Derby.

Rémi Garde OL

« Être plusieurs pour qui cette notion de Derby parle vraiment au niveau du cœur, c’est un facteur important », expliquait Rémi Garde il y a un an. Le voilà servi. (Photo Panoramic)

 

Rémi GARDE (de 1984 à 1993). Ancien pensionnaire du centre de formation, l’actuel, il a été rôdé aux joutes du Derby depuis son plus jeune âge. Né à L’Arbresle, à 25 km de Lyon, il soutient l’OL depuis tout petit dans une région encore marquée par les exploits des Verts. Par deux fois, en tant que joueur, il s’illustrera dans le Derby. Il y aura le 7 mars 1992. Alors que l’OL est mené 1-0 depuis la 5e minute (but d’Étienne Mendy), Rémi Garde va être l’homme fort du succès surprise à Geoffroy-Guichard, alors que l’OL traverse une saison pénible qu’il terminera à 16e place. Il dépose tout d’abord un coup franc sur la tête de Bursac pour l’égalisation (29e). Puis c’est lui qui va donner la victoire aux siens sur penalty (33e), en bon capitaine. Un rôle qui lui tenait à cœur car Garde s’est toujours senti investi d’une mission auprès de ses coéquipiers : « Le Derby, c’est un match de coupe qu’il ne faut pas perdre, c’est une question d’honneur. C’est ce que je tentais d’expliquer aux joueurs qui arrivaient à l’OL quand je suis devenu capitaine. J’essayais de leur transmettre la fibre du Derby. Parfois, les mecs me disaient : Oui, moi, tu sais, j’ai déjà joué des derbys, je sais ce que c’est. Et puis une fois le match terminé, ils revenaient : Ah ouais ! C’est quand même pas pareil. » Mais l’image qui restera de Garde le joueur dans le Derby est antérieure à cet exploit dans la Loire. Un an plus tôt, le 26 mars 1991, l’OL est mené à Gerland (Lubomir Moravcik, 66e) quand le milieu lyonnais égalise d’une superbe demi-volée qui finit sa course dans la lucarne de Gilbert Ceccarelli (1-1, 77e). Le plus beau but de sa carrière de son propre aveu : « Le ballon me revient après un coup franc. Je revois ma frappe : le ballon, la lucarne. Il y avait de la rage dans cette frappe. Je vois encore Gilles Rousset sortir de sa cage et faire 50 mètres pour me sauter dans les bras. »

JUNINHO (de 2001 à 2009). Forcément, le meilleur joueur de l’histoire du club, ou tout du moins celui qui lui a plus apporté, fait partie de cette équipe. Juninho est particulièrement lié à deux derbys. Le premier, c’est celui du 3 octobre 2004, son premier puisque les Verts sont descendus en seconde division l’été où le Brésilien débarque en France. Ce Derby est fou et sans doute le plus beau de l’ère Aulas. Juninho ouvre la marque pour les triple champions de France sur un coup franc magique qui laisse Jérémie Janot sans réaction (35e). Les Verts, en ébullition, égalisent puis prennent l’avantage (Marin à 47e puis Feindouno à la 60e). Mais, à trois minutes de la fin, Juninho commence sa série de duels avec Janot qui durera quelques années. L’OL obtient un penalty, Juninho le tire, Janot repousse mais le Brésilien suit et permet à l’OL d’égaliser à trois minutes de la fin. Jérémie Janot est dans une rage folle et saute les deux pieds joints sur son poteau, confirmant par la même occasion que les Stéphanois ont un problème avec cet objet. Mais la cerise sur le gâteau arrive dans les arrêts de jeu, avec un but de Sidney Govou qui permet à l’OL de remporter l’un des plus beau derbys de l’histoire (2-3).

Le second acte entre Janot et Juninho intervient le 14 octobre 2006. L’ASSE a pendant longtemps cru à l’exploit d’arracher un match nul sur le terrain de l’une des toutes meilleures formations d’Europe. Le score est de 1-1 jusqu’à la 82e minute, quand l’OL obtient un penalty. Juninho tire mais Janot arrête le tir du Brésilien et, cette fois, le ballon file en corner. Tout le monde pense que l’OL a laissé passer sa chance. Mais c’est mal connaître la soif de vaincre de Juni. À la toute dernière minute, le Brésilien reprend un centre en retrait et, du plat du pied, donne une nouvelle fois la victoire à l’OL dans les derniers instants. « Le propre du haut niveau, c’est de faire des erreurs ou des actes manqués, expliquera Juninho. Après mon penalty repoussé par Janot, j’ai tout fait pour me remettre rapidement dans le match. De toute façon, je préfèrerai toujours rater que refuser. »

Serge CHIESA (de 1969 à 1983). Serge Chiesa, dit le Petit Mozart, est tout simplement le joueur qui a disputé le plus de derbys, puisqu’il n’a raté aucune des trente rencontres (28 en D1, deux en Coupe) au cours des quatorze saisons qu’il a passées au club. Même s’il n’a marqué que trois buts lors de ces confrontations, il se dit qu’il a inscrit le plus beau. La légende veut que le 1er juin 1976 (1-1 à Saint-Étienne), Serge Chiesa aurait battu Ivan Curkovic après avoir dribblé cinq joueurs. Le problème, c’est qu’il n’existe pas d’images de ce match. Toutfois, Chiesa confesse : « C’est vrai qu’on me parle très souvent de ce but. C’est plutôt agréable, mais les journalistes ont parfois tendance à exagérer les choses. C’est vrai que j’ai marqué un joli but, mais de là à éliminer cinq joueurs… » Un Chiesa qui, un jour, quittera Geoffroy-Guichard dans un fourgon de police. La scène se passe le 26 mars 1972 et l’OL, grâce à Fleury Di Nallo, s’impose 1-0 chez les Stéphanois. « À l’époque, les rencontres étaient âpres et acharnées, raconte Chiesa. On ne s’était pas fait de cadeau sur le terrain. En tout cas, c’était tellement chaud à la fin du match que, pour échapper aux supporters stéphanois, j’ai dû monter dans un panier à salade pour quitter Geoffroy-Guichard. Il n’y a que la ferveur du Derby qui peut amener de telles situations. »

Les attaquants : la vie de bourreau

L’idée de départ était d’aligner en attaque les trois attaquants qui ont réalisé un coup du chapeau dans l’histoire du Derby. Fritz Woehl a marqué l’histoire à jamais en inscrivant le tout premier but du tout premier Derby (4-2 pour l’OL 28 octobre 1951), avant d’en inscrire deux autres ce jour-là. Mais ce fait d’arme, tonitruant mais isolé, n’a pas résisté à ceux, plus récurrents, de Jimmy Briand ou Karim Benzema, en ballottage. Et à ce petit jeu, c’est encore Jimbo qui s’est montré le plus cruel vis à vis des supporters stéphanois.

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11 novembre 2013. En une seconde, la dernière du match, Jimmy Briand change le cours de la saison lyonnaise. Et celui de son histoire avec l’OL. (Photo Panoramic – Nolwenn Le Gouic)

Angel RAMBERT (de 1960 à 1970). Si, des années 60, c’est le nom de Nestor « la foudre » Combin qui a mieux traversé les années, il ne faut pas oublier l’autre star franco-argentine de l’OL. Surtout que, contrairement à son compatriote parti chercher fortune et gloire de l’autre côté des Alpes (Juventus, Varese, Torino, Milan), Rambert va lui rester fidèle au club et s’illustrer dans le Derby. Il est donc, avec Di Nallo et Woehl, l’un des trois seuls joueurs (tous lyonnais) à y avoir inscrit un triplé, malgré la défaite à Gerland (4-5, 22 septembre 1963). Au total, Angel Rambert inscrira 6 buts face aux Verts. Il reste aussi le héros du Derby du 25 mars 1962. Ce jour-là, l’OL s’impose 4-0, sa plus large victoire enregistrée face au voisin (jusqu’en 2006, sur le même score) et Rambert réaliste un festival. À la 25e, il sert Di Nallo qui ouvre la marque, avant de récidiver à 82e pour le 3-0 (Combin avait doublé la mise entre temps). Enfin, à la dernière minute, l’homme de la rencontre s’échappe sur son aile gauche pour marquer le dernier but de la rencontre. Un but, deux passes décisives : Rambert a fait exploser la défense stéphanoise.

Jimmy BRIAND (de 2010 à 2014). Il inscrit son premier but dans le Derby quand l’OL s’impose 4-1 à Geoffroy-Guichard le 12 février 2011, en convertissant dans les arrêts de jeu (déjà) un caviar de Chelito Delgado. C’est encore lui qui ouvre la marque en 8e de finale de la Coupe de la Ligue le 26 octobre 2011. L’OL s’impose 2-1 sur la pelouse des Verts. Trois jours plus tard, les deux meilleurs ennemis s’affrontent à nouveau, mais en championnat cette fois-ci. L’OL s’impose 2-0 et c’est encore Jimmy Briand qui libère Gerland en marquant le premier but des siens à la 82e (Gourcuff double la mise ensuite). Trois buts lors de ses quatre premiers derbys, mais le dernier – pour l’instant – justifie à lui seul sa place dans cette sélection. Dans une rencontre sans supporters lyonnais, Briand va offrir, à la dernière seconde, une nouvelle victoire à l’OL, et pas la plus méritée. Pourtant en délicatesse avec le club depuis son non-transfert à Monaco, Jimmy Briand conquiert à jamais le cœur des supporters lyonnais. Depuis cette fameuse 93e minute il a sa propre chanson à Gerland. « Bon, les paroles ne sont pas de moi… »

 

Fleury DI NALLO (de 1960 à 1974). Le dernier, mais pas des moindres. En effet, Fleury Di Nallo est peut-être le Lyonnais qui a le plus brillé dans les matchs face à Sainté. Meilleur buteur de l’histoire du Derby avec 14 réalisations, à égalité avec le Stéphanois Hervé Revelli, il a souvent été l’homme qui sauva l’OL. Des buts pour la victoire, pour arracher des matchs nuls, dix en tout en championnat et quatre en Coupe de France. Et si on ne devait retenir qu’un Derby du Petit Prince de Gerland, ce serait évidemment ce 8e de finale retour de la Coupe de France, le 9 avril 1971. « Comment oublier cette soirée ?, interroge le héros. Après notre défaite 2-0 à Saint-Étienne lors du match aller, personne ne nous croyait capables de renverser la tendance. Il n’y avait que nous pour croire en l’exploit. On l’a fait et j’ai marqué les trois buts. J’en ai même inscrit deux autres refusés pour des hors-jeu très discutables. » Christian Lanier, journaliste au Progrès, est plus catégorique que le petit Prince de Gerland : pour lui il n’y avait pas du tout hors-jeu sur les deux buts refusés et l’arbitre avait bel et bien tenté de voler l’OL ce soir-là. Mais il en fallait plus qu’un arbitre mal éclairé pour arrêter Di Nallo ce jour là. Il inscrit deux buts dans le temps réglementaire mais a des crampes en fin de match. Pas grave : le Gone qui a grandi dans le quartier de Gerland reste sur le terrain pour marquer le but de la qualification, le but du 3-0 face au grand Saint-Étienne, à la 113e minute. À la fin du match, Di Nallo est porté en triomphe par ses coéquipiers et, comme le dit Lanier, « c’est de la folie à Gerland et pourtant, ce n’est qu’un 8e de finale de Coupe de France ! ». Même sa victime du jour, le grand gardien de but Georges Carnus, y va de son hommage malgré la déception de l’élimination : « Je n’ai vu que Di Nallo. Du Di Nallo par ici, du Di Nallo par là, du Di Nallo partout. Des accélérations, des crochets. Bim Bam Boum. Il m’en a fait faire des cauchemars. Il a vraiment fait un match extraordinaire. Chaque fois que je le vois je lui répète qu’il est le seul mec à m’avoir inscrit cinq buts dans le même match. Deux avaient été refusés, je ne sais toujours pas pourquoi. » Un tel hommage, de la part de son adversaire, résume parfaitement l’étendue du talent de Di Nallo et de l’empreinte qu’il a laissée sur le Derby.

Entraîneur : le Mister de l’Ouest

Raymond Domenech, le roi de la provocation, avait sa place sur le banc de cet OL de légende. Mais il a fallu se rendre à l’évidence. Quand on compare les chiffres, il n’y a pas photo : LE coach lyonnais qui maîtrise le mieux le Derby, c’est Rémi Garde.

Rémi GARDE  (de 2011 à 2014). En trois saisons à l’OL, Rémi Garde a dirigé les Gones à sept reprises, six fois en championnat et une fois en Coupe de la Ligue. Pour un bilan quasi parfait, avec cinq victoires, un match nul et une défaite. Il a obtenu quatre victoires de rang à Geoffroy-Guichard, avec en point d’orgue celle du 10 novembre 2013. Dans un contexte difficile, et alors que l’OL était en grande difficulté sportivement et qu’un arrêt préfectoral avait interdit le déplacement des supporters lyonnais dans la Loire, Garde, dont le coaching sera décisif (passage du 4-4-2 au 4-2-3-1, entrées de Gourcuff et Briand), a su motiver ses troupes comme quand il était capitaine. Avant le match, il a montré à ses joueurs la vidéo du but de Kastendeuch contre son camp avec les commentaires de Dominique Blanchard qui officiait alors sur Radio France. Et comment oublier les baskets du coach, qui feront que la saison 2013-14, même si elle se termine sans trophée pour l’OL, restera comme l’une des plus intenses au niveau de la communion entre l’équipe et ses supporters. Notamment grâce à ce derby et l’attitude du staff ce soir-là. Quand on regarde ces images, on n’y voit que des supporters.

Olympique Lyonnais

Alex Bourouf

 

SOURCES

OL-ASSE, histoire d’une rivalité de Sébastien Vuagnat et Cyrille Collot (Ed. La Taillanderie)

La grande histoire de l’OL de Vincent Duluc (Ed. Prolongations)

L’histoire de l’Olympique Lyonnais de Richard Benedetti et Serge Colonge (Ed. Hugo Sport)

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