OL féminin : un mercato galactique ?

OL

FÉMININES. L’OL va voir partir cet été trois de ses grands noms (Lotta Schelin, Amandine Henry et Louisa Necib). Pour combler cet exode des talents, le club a déjà prévu de grandes manœuvres sur le front des transferts. Au risque de succomber au syndrome « Galactique » et de bloquer l’éclosion de ses jeunes pousses ?

 

La victoire en finale de Ligue des Champions a marqué la fin d’une époque avant la révolution que va être la prochaine intersaison. L’équipe féminine de l’OL voit partir trois monuments que sont Louisa Necib, Lotta Schelin et Amandine Henry. Avec Sarah Bouhaddi, Wendie Renard et Camille Abily (avec une infidélité d’une saison et demie), elles formaient une ossature assez invraisemblable de joueuses titulaires à peu près indiscutables depuis sept ou huit saisons sous trois entraîneurs différents. La dernière fois que l’OL a été battu par plus fort, elles étaient toutes les trois sur la pelouse. C’était une demi-finale de Coupe d’Europe en 2009 contre Duisbourg perdue 3-1. Élodie Thomis et Corine Petit étaient également de la partie et Wendie Renard était restée sur le banc. Autant dire que c’était une autre époque.

 

Trois monuments en moins

Amandine Henry et Louisa Necib étaient arrivées en même temps à l’OL, juste après le premier titre. La méthode consistant à aller piocher les meilleures joueuses de Montpellier ayant bien fonctionné à l’été 2006, elle avait été réemployée un an plus tard pour attirer deux internationales A très prometteuses : Louisa Necib et Élodie Thomis. Et comme le club avait profité de l’euphorie du titre pour faire partir de manière assez inélégante Delphine Blanc, Ludivine Bruet, Aurélie Naud ou Anne-Laure Perrot qui étaient déjà là à l’époque du FC Lyon, il avait complété son effectif avec Laura Georges et de jeunes joueuses issues du CNFE (le centre de formation de la FFF à Clairefontaine, ce qui avait l’avantage de ne pas compter comme des joueuses mutées, dont le nombre était limité), Emmeline Mainguy et Amandine Henry.

Louisa Necib arrivait en terrain déjà conquis. Elle comptait 18 sélections à 21 ans et était déjà annoncée comme une des futures stars des Bleues. Amandine Henry était précédée d’une réputation presque aussi flatteuse : trois ans plus tôt, alors qu’elle n’avait pas seize ans, elle était la meilleure joueuse d’Hénin-Beaumont en D1, où elle avait été placée en position offensive et où elle figurait parmi les dix meilleures buteuses du championnat. Une performance notable pour une milieu défensive de formation qu’elle renouvelait par deux fois avec le CNFE. Lotta Schelin est arrivée un an après. L’OL venait de remporter son deuxième titre de rang mais avait buté en demi-finale de Coupe d’Europe face aux Suédoises d’Umeå sans avoir perdu un seul match. L’effectif, qui s’était enrichi en joueuses nordiques pendant la saison était complété par l’arrivée de la meneuse internationale de Soyaux Corine Petit, par l’espoir suisse Lara Dickenmann, par deux joueuses de Göteborg Ingvild Stensland et Lotta Schelin. L’attaquante venait de finir meilleure buteuse du championnat suédois en devançant même Marta.

Si Louisa Necib et Lotta Schelin se sont imposées tout de suite comme des titulaires indiscutables (en marquant notamment dès leur premier match), Amandine Henry mettra un peu plus de temps en raison de blessures qui la tiendront éloignée des terrains pendant près d’un an et demi. Ce sont donc deux fois neuf et huit saisons qui tirent leur révérence. Amandine Henry part jouer à Portland dans le championnat américain, Lotta Schelin devrait retourner à Göteborg pour finir sa carrière chez elle et Louisa Necib semble arrêter sa carrière après les Jeux Olympiques.

 

Changer d’ère

Il faut donc les remplacer, ce qui n’est pas une tâche aisée : il faudra non seulement trouver des joueuses du même niveau, ce qui n’est déjà pas facile, mais aussi reconstruire un vécu commun de près de dix ans. Cette situation était sans doute plus ou moins connue du club depuis déjà quelques mois ce qui explique certainement la frénésie de transferts qui s’en est emparée, et surtout la communication abondante sur le sujet. Quand Jean-Michel Aulas se répand dès le mois d’avril en annonces sur la volonté de construire pour la saison prochaine une équipe capable de remporter la Ligue des Champions, on ne voit pas tout de suite où il veut en venir : l’équipe est déjà capable de remporter la Ligue des Champions.

On parle alors de l’arrivée de plusieurs joueuses parmi les meilleures d’Europe et d’internationales américaines. On craint alors une équipe de galactiques qui perdrait un peu de la force collective bâtie sur la durée à Lyon.

Il semble que la réalité va être plus nuancée. En premier lieu donc parce que ce recrutement va se faire pour répondre à des départs qu’il faut bien compenser. On peut discuter la manière dont l’arrivée de Dzsenifer Marozsán (merci de prononcer « Jennifer Marojane » sans zozoter) a été annoncée comme celui de « la meilleure joueuse d’Europe ». La meilleure joueuse d’Europe était en fait déjà à Lyon et elle part pour Portland. Mais c’est à coup sûr une bonne recrue, surtout pour succéder à Louisa Necib dont le départ n’était alors pas annoncé.

La suite du recrutement de « joueuses issues des meilleurs clubs européens » est en fait surtout l’occasion saisie de profiter du délitement de l’équipe du PSG pour attirer quelques unes de ses meilleures joueuses. Jessica Houara va arriver pour prendre le poste d’arrière droit qui se cherche une titulaire depuis les blessures de Sandrine Dusang. Caroline Seger et Kheira Hamraoui (probablement) ne seront pas trop de deux pour succéder à Amandine Henry. Ou pour être les remplaçantes de Saki Kumagai, puisque la Japonaise a fini la saison au milieu. On parle aussi du retour de Kenza Dali.

 

Alex Morgan en star américaine ?

 

Enfin, la touche finale voulue par le président en personne serait le recrutement de la star américaine Alex Morgan qui aurait deux avantages. D’une part c’est une excellente joueuse dont le profil serait très complémentaire des joueuses déjà présentes. D’autre part parce qu’elle a une notoriété qui dépasse nettement tout ce qu’on peut imaginer ici dans le cadre du football féminin. La recherche de médiatisation dans les pays de football féminin par le biais du recrutement est un axe de développement qui n’est pas nouveau. On n’explique sans doute pas autrement les arrivées de Megan Rapinoe et Shinobu Ohno il y a quelques années. À l’époque, cela n’avait pas été une franche réussite (surtout pour la seconde). Mais Dzsenifer Marozsan et hypothétiquement Alex Morgan émargent sans doute dans la catégorie supérieure.

Toutefois, le recrutement de l’attaquante américaine n’est pas très bien parti. Il semble qu’une des pierres d’achoppement s’appelle Servando Carrasco. Cet attaquant américain présente la caractéristique d’être à la ville le mari d’Alex Morgan. Il faudrait donc réussir à l’attirer aussi en France. On a évoqué la possibilité d’user des liens de l’OL avec un club de Ligue 2. Bizarrement, le joueur ne serait pas totalement convaincu par l’hypothèse de quitter Orlando pour rejoindre Bourg-en-Bresse. Et il n’est pas sûr que Bruno Genesio le veuille dans son effectif. Le recrutement galactique de l’OL pourrait donc se limiter à quatre Parisiennes et une Allemande.

 

 

L’Académie grande perdante ?

Cinq arrivées pour trois départs, le ratio n’est pas exorbitant mais on peut déjà prévoir que c’est la formation qui sera perdante dans l’opération. On attendait l’ancien formateur Gérard Prêcheur pour valoriser le très bon travail de formation fait à l’OL. L’an dernier, on a un peu vu Ève Périsset mais elle a été barrée cette année par le retour d’Aurélie Kaci. Cette année, Delphine Cascarino a pu faire quelques matchs mais entre le retour de Kenza Dali (s’il se confirme) et l’arrivée de Jessica Houara qui devrait permettre à Pauline Bremer de postuler en attaque, les places seront encore plus chères. Enfin Mylaine Tarrieu a eu du temps de jeu comme arrière gauche mais il n’est pas certain qu’elle reste une solution prioritaire alors que l’effectif compte encore Amel Majri et Line Røddik Hansen.

Avec les transferts déjà plus ou moins annoncés, l’effectif lyonnais devrait compter l’an prochain 20 joueuses internationales A. Il s’agit sans doute d’éviter tout risque en cas de blessure à la veille d’un des quelques matchs importants de la saison. Mais comme il faut bien faire jouer un peu tout ce monde, cela empêche de profiter des nombreux matchs plus faciles pour intégrer quelques uns des nombreux jeunes talents dont dispose l’OL. On a pourtant vu lors du dernier match contre Montpellier qu’elles pouvaient largement se hisser au niveau de la D1.

CHR$

(Photo Damien LG)

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