OL – Angers (0-2) : cadeau d’odieux

(Photo Frédéric Chambert / Panoramic)

LES NOTES. Gerland n’aurait pas pu imaginer pire cauchemar pour son ultime match de Ligue 1. Le promu angevin est venu s’imposer sur la pelouse de l’OL grâce à un doublé de la tête de Cheikh Ndoye. Heureusement, il y avait le tour d’honneur des anciens et les tifos pour garder quelques bons souvenirs de cette dernière.

 

Samedi 5 décembre 2015, 17e journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – SCO Angers 0-2

Avertissements : Tolisso (32e), Valbuena (73e) et Darder (84e) pour l’OL, Saïss (30e) pour le SCO.

OL : Lopes – Tolisso, Koné, Morel, Bedimo – Ferri, Tousart (Grenier, 61e), Mvuemba (Cornet, 46e) – Malbranque (Darder, 63e) – Valbuena, Lacazette (cap.). Entr. : Hubert Fournier.

Angers : Butelle – Angoula, Traoré, Thomas, Andreu – Ndoye, Saïss, Mangani (Auriac, 33e) – Camara (Ketkeophomphone, 50e), Sunu (Capelle, 50e), Bouka Moutou. Entr. : Stéphane Moulin.

 

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Peu de temps après des adieux amers à la Ligue des Champions, Gerland a cette fois dit adieu à la Ligue 1, son championnat de France, celui qui a écrit l’essentiel des pages de sa longue histoire. Tout était prêt pour faire la fête et amener un peu de soleil dans un ciel lyonnais obscurci ces derniers temps par de lourds nuages. Si de bons souvenirs resteront associés à cette dernière, ce sera uniquement grâce aux anciens, gloires ou anonymes, qui s’étaient vus donner rendez-vous pour un tour d’honneur.
Mais la rencontre elle-même fait partie de celles que l’on veut effacer des mémoires et des livres d’histoire. Le constat est accablant : l’OL reste sur un nul et quatre défaites toutes compétitions confondues, dont trois revers consécutifs à Gerland. En championnat, les hommes d’Hubert Fournier sont restés muets lors de trois des quatre dernières rencontres. Les hommes justement, parlons-en. Dans son onze de départ, Fournier avait à nouveau fait des choix forts, dans la continuité de la purge absolue du match de Nantes – une paire Koné-Morel reconduite, un milieu en losange avec notamment Mvuemba et Malbranque, et une nouveauté cette saison : Mathieu Valbuena associé à Lacazette comme second attaquant.

 

J-Mo, beau derrière

Dans les buts, Anthony Lopes n’a encore une fois pas grand-chose à se reprocher. Battu sur deux têtes superbes de Cheikh N’Doye, il a comme souvent empêché l’addition de s’alourdir comme face à Sunu en première mi-temps ou Ketkeophomphone en seconde. On souffre pour lui d’évoluer derrière une défense si friable, encore une fois mise en danger quasiment sur chaque coup de pied arrêté.
Devant lui et pour la seconde fois en quelques jours évoluait une charnière centrale Morel-Koné que l’on n’aurait jamais pensé voir dans un match de Ligue 1. Souvent bien placé, sûr dans ses interventions et sa relance, Jérémy Morel a surpris son monde et confirmé qu’il était probablement, en l’absence de Samuel Umtiti, le meilleur défenseur central lyonnais du moment. C’est dire le niveau de détresse atteint par cet OL. A ses côtés, Bakary Koné a sombré corps et âme. Si ses lacunes dans la concentration, le palcement ou la relance sont connues de tous, c’est dans son registre favori qu’il a cette fois-ci failli : le duel. Il a été dominé de la tête et des épaules par Checkh N’doye sur chaque duel aérien ou presque, coutant deux buts et en évitant de peu un troisième. Ajoutez à cela une grossière erreur d’interception en première mi-temps ayant failli coûter un but, et vous obtenez l’une des pires prestations en défense centrale cette saison, rivalisant presque avec la sortie cauchemardesque de Mapou Yanga-Mbiwa face à Nice. Koné a confirmé ce que tout le monde savait : il n’est ni une solution viable, ni capable d’enchainer deux prestations de bon niveau. Sur les côtés, les latéraux ont été à la peine, à commencer par un Henri Bedimo imprécis dans ses centres et chahuté par Camara. Même constat pour un Corentin Tolisso forcé de dépanner à droite, en dehors d’un centre intéressant manqué de justesse par Lacazette en première mi-temps.

 

L’envie de Ferri, et c’est tout

Au milieu, le baptême du feu de Lucas Tousart aurait pu être plus tranquille. L’ancien joueur de Valenciennes, positionné devant la défense, s’est appliqué à jouer juste et à relancer proprement. Une sortie discrète mais également des duels gagnés – pas grand-chose à lui reprocher pour sa première, si ce n’est de s’être un peu caché au début du match. Remplacé par un Clément Grenier qui reste en reprise et donc sur courant alternatif, enchaînant le bon (une magnifique remise pour Lacazette malheureusement hors-jeu) et le moins bon (dont cette faculté à régulièrement disparaître pendant plusieurs minutes). La seconde titularisation consécutive d’Arnold Mvuemba reste une énigme : il a signé une nouvelle prestation insipide, incapable de créer des décalages au milieu et d’apporter un vrai plus à la récupération. L’ancien maître à jouer de Lorient reste le roi de la passe latérale inutile à Lyon. Sorti à la mi-temps et remplacé par un Maxwel Cornet supposé aller se positionner sur la droite d’un 4-3-3. On le cherche toujours. Jordan Ferri a lui joué dans son registre habituel, mêlant générosité et imprécision technique. Sa volonté de jouer vers l’avant est louable; il reste d’ailleurs l’un des joueurs qui arrivent à surnager dans le marasme du moment mais cela reste insuffisant pour porter l’équipe. Enfin, il était quasiment criminel d’aligner Steed Malbranque à la pointe d’un losange dans un rôle qu’il a porté comme une croix. Il n’est pas (plus) un joueur de dernière passe, ni capable de créer des décalages individuellement au cœur d’un bloc angevin qui a serré l’axe comme peu d’équipes sont capables de le faire. Son supplice s’est achevé par son remplacement par Sergi Darder à la 63e.

Devant, Alexandre Lacazette comme Mathieu Valbuena se sont énormément démenés pour créer du mouvement et ouvrir des brèches dans la défense angevine. Valbuena fut intéressant par ses déplacements et ses quelques différences individuelles – mais son occasion manquée (frappe sur la barre en seconde période) et le manque de solutions autour de lui, hors Lacazette, l’ont empêché de plus briller. Il n’est pas inintéressant dans ce rôle, mais il a besoin d’avoir bien plus de joueurs se projetant vers l’avant autour de lui pour lui apporter des solutions. Même constat pour Lacazette, avec en plus cette déception liée à ses occasions non converties, comme cette tête en première mi-temps mais surtout cette frappe du gauche hors cadre suite à un pressing de Cornet. Lorsqu’il a enfin réussi une frappe tranchante il était hors-jeu.

 

C’était la dernière séance

Comme souvent cette saison, les mêmes causes ont inlassablement répété les mêmes conséquences. Face à un bloc angevin regroupé et solide, remarquable de discipline collective et de don de soi, à la fois dans son replacement défensif mais aussi dans sa projection offensive, le losange lyonnais a rarement trouvé les solutions. Ce schéma tactique s’est construit autour d’un numéro 10 capable de faire des différences individuelles ou collectives, qu’il s’appelle Gourcuff ou Fékir. Privé d’un joueur de ce profil, ce losange balbutie son football, laissant les deux attaquants lyonnais bien trop isolés devant face à un bloc regroupé et athlétique. Les rares différences faites sur les côtés se terminent en centres facilement repoussés par une défense plus physique et en surnombre permanent. Le système utilisé en seconde mi-temps, un 4-3-3, n’a pas fait beaucoup mieux.

Il faut reconnaître un avantage à cette terrible passe actuelle de l’OL : on pourrait quasiment écrire nos articles en copier-coller, se contentant de changer quelques noms. L’OL du moment donne cette terrible sensation de déjà vu et d’impuissance. Le constat de ses faiblesses actuelles et de celles de son coach a déjà été fait à de nombreuses reprises. Ne nous reste que ce goût amer en bouche d’une fin gâchée, et cette impression de regarder en boucle le même mauvais film. C’était la dernière séance – ils sont entrés, ils ont jeté le pop-corn sur les murs, éventré les sièges, insulté l’ouvreuse, et sont repartis sans se retourner, sous le regard choqué de spectateurs incrédules. Ce vieux cinéma chargé d’histoire méritait mieux.

Étienne M.

(Photo Frédéric Chambert / Panoramic)

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