Saïd Mehamha : « J’ai toujours été le meilleur joueur de ma génération »

Mehamha

ENTRETIEN. Ça faisait longtemps qu’on avait envie de parler à Saïd Mehamha. D’abord parce que son club de la Duchère est toujours à la lutte avec Grenoble en CFA et est tout proche de monter en National. Mais aussi car son nom revient régulièrement dans nos discussions avec les habitués de la Plaine des jeux de Gerland lorsque l’on évoque les plus grands talents vus sous le maillot lyonnais.

On a donc parlé de la trajectoire de cet ex-grand espoir qui n’a jamais joué en pros avec son club formateur directement avec l’intéressé. Et on a découvert un type de 25 ans affable et passionné de football, qui nous a embarqué dans un long voyage entre Lyon, l’Algérie, l’Espagne, l’Angleterre, la Roumanie… et presque la Colombie.

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« Même un joueur comme Pjanic était remplaçant »

Tu étais un des grands espoirs de l’OL, mais tu n’as jamais joué un match avec les pros…

En Ligue 1 jamais. J’ai souvent fait des matchs de préparation, l’Emirates Cup, les tournois amicaux mais les matchs en Ligue 1 non jamais, malheureusement.

Tu ne te dis pas que ça aurait pu tout changer ?

Ça aurait pu. Après je suis tombé dans une génération où c’était très compliqué. Au milieu de terrain y’avait du Juninho, du Toulalan, du Källström, Makoun, Pjanic, Ederson… Même un joueur comme Pjanic était remplaçant. C’était compliqué. Aujourd’hui ça aurait peut-être été différent, surtout avec Bruno, un coach que je connais très bien. Mais bon…

Tu penses qu’il t’a manqué quoi pour jouer en Ligue 1 ?

Déjà, beaucoup de chance. Dans le foot malheureusement le talent ne suffit pas. J’ai toujours été le meilleur joueur de ma génération dans toutes les catégories où je suis passé, capitaine de l’équipe de France, j’ai été dans les meilleurs espoirs français. Après il faut beaucoup de chance dans le foot. Malheureusement, j’ai eu des blessures à certains moments. La malchance… C’est un tout. Je ne sais pas si aujourd’hui les joueurs se rendent compte de la chance qu’ils ont. Ne pouvoir faire jouer que des jeunes ça n’existait pas avant. C’est une chance de fou qu’ils ont, j’espère qu’ils s’en rendent compte et qu’ils en profiteront un maximum.

« Puel cherchait peut-être des joueurs un peu plus costauds. Et maintenant, il a carrément changé de philosophie de jeu : ce sont des joueurs qui jouent au ballon, des joueurs de petite taille… Mais c’est la vie. C’est le football »

Tu penses que ta taille ça a pu jouer ? On l’entendait parfois à l’époque, surtout que tu es milieu de terrain.

À l’époque, peut-être. Parce que ça dépend de la philosophie du coach. Moi à l’époque, c’était Puel l’entraîneur et il aimait bien les joueurs hargneux qui allaient au charbon. Il a changé de philosophie maintenant, avec plus de jeu. Il met des petits au milieu de terrain à Nice. Je me dis pareil : je ne suis peut-être pas tombé dans la meilleure période.

J’allais te demander exactement ça, on disait que Puel ne te faisait pas jouer à cause de…

C’est ça. Moi aussi je l’entendais. J’entendais que niveau football, y a rien à dire, j’étais au-dessus, etc. Mais lui cherchait peut-être des joueurs un peu plus costauds. Et maintenant, il a carrément changé de philosophie de jeu ; ce sont des joueurs qui jouent au ballon, des joueurs de petite taille… Son milieu de terrain, c’est trois petits joueurs, Koziello, Mendy et Séri. Mais c’est la vie. C’est le football.

D’ailleurs c’est quoi ton poste préféré ?

Moi j’aime bien partir de plus bas, donc soit en numéro six, tout seul ou à deux, soit à la limite en milieu relayeur. Je n’aime pas jouer en 10. Après certains diront : « Ouais, technique, petite taille… » Mais je n’aime pas être dos au jeu, je préfère avoir le jeu devant moi.

 

« Mamadou Sakho ou Yacine Brahimi ne comprennent pas trop non plus »

Tu continues à regarder l’OL ?

Ouais, toujours. Toujours. Je vais souvent voir Nabil. Je vais le voir un peu au stade depuis qu’il a repris. Je suis content qu’il ait repris, ça me fait plaisir. Et voilà, je suis l’OL parce qu’il y a Alex, y a Sam Umtiti, y a Anthony Lopes, Rachid, Jordan, Max, Clément Grenier. Je suis toujours en contact avec eux, c’est des bons gars et des bons joueurs. Donc voilà je les regarde souvent. Je suis content de ce qu’ils font, je suis content pour eux. C’est des amis à moi, ils sont bien classés. Tant mieux. Après moi je fais mon petit bonhomme de chemin et ça me permet encore de vivre de ça.

Tu pensais qu’ils allaient tous percer ?

Honnêtement j’aurais peut-être pas misé une pièce sur certains joueurs, mais quand on les voit à ce niveau-là aujourd’hui ça fait plaisir. Ça fait plaisir pour eux.

Tu es assez proche de Nabil, non ? Il parle parfois de toi dans ses interviews…

Ouais, Nabil c’est un très bon ami à moi. On est tout le temps ensemble, tout le temps au téléphone. Rachid aussi, que je connais bien. Même eux, ils sont déçus pour moi. Nabil j’essaye de lui parler beaucoup parce qu’il a un sacré talent aussi. C’est actuellement un des meilleurs joueurs de Ligue 1, voire le meilleur, celui qui a le plus de talent. Et je lui dis : « Dans le foot, tout peut arriver. » Donc voilà, c’est compliqué mais c’est le destin comme on dit. C’est comme ça. J’ai même tous mes amis avec qui j’étais en équipe de France, que ce soit Mamadou Sakho ou Yacine Brahimi, qui brille à Porto, qui ne comprennent pas trop non plus. C’est le football.

Tu ne te dis pas que t’es parti de l’OL un peu trop tôt ?

« Bruno, c’est un bon coach ! Après, honnêtement, je mentirais si je vous disais qu’il y a quatre ou cinq ans je vous aurais dit qu’il prendrait l’Olympique Lyonnais »

Si, mais j’arrivais en fin de contrat. Ils repartaient sur un nouveau cycle, avec des jeunes. Faut respecter parce qu’honnêtement, ce qu’a fait le président, c’est bien. On ne peut que le féliciter aujourd’hui. C’est du bon boulot. Quand tu vois que Bruno reprend l’équipe et qu’ils sont deuxièmes, c’est magnifique. Franchement, c’est bien.

Tu l’as côtoyé en CFA, Bruno Genesio ?

Quand j’ai signé pro il était coach-adjoint avec Puel. Après, il est repassé avec nous en Pro 2. Donc je l’ai eu en tant que coach-adjoint avec les pros et en tant que coach avec la CFA.

Et tu pensais qu’il pourrait être numéro 1 d’un club de L1 ?

C’est un bon coach ! L’année où je l’ai eu en CFA, on fait une bonne saison. C’est un coach qui est axé sur le jeu. À l’OL, la philosophie, c’est de jouer. Donc je pense que ça leur convient bien. Il est du club, il connaît les joueurs par cœur, c’est bien. Après, honnêtement, je mentirais si je vous disais qu’il y a quatre ou cinq ans je vous aurais dit qu’il prendrait l’Olympique Lyonnais. Mais là il fait du bon travail. C’est bien pour lui, pour les joueurs, pour tout le monde. Tant mieux.

 

« Je me suis toujours blessé à des moments cruciaux »

À la fin du contrat avec l’OL, tu vas en Algérie, à la JSM Bejaïa.

Là-bas, c’était une belle expérience, avec beaucoup de monde dans les stades. On a fait la Ligue des Champions, on a perdu contre l’Espérance de Tunis. On était neuf joueurs français, l’entraîneur était français, le préparateur physique aussi, donc c’était pas mal. Après, l’entraîneur Alain Michel s’est fait virer. Donc ça a été plus compliqué et ça s’est mal fini. Ça s’est mal fini dans le sens où… C’est compliqué là-bas. Quand il y a un entraîneur français ça va, après c’est plus compliqué. Quand il est parti, c’est devenu plus compliqué donc je suis parti aussi.

Et donc tu signes en Espagne…

Avant d’arriver en Espagne, j’ai fait un essai à Nottingham Forest. Je devais rester une semaine, au final je reste trois semaines là-bas. Ça se passe très bien. Je fais une semaine super, ils me demandent de rester une deuxième semaine. Super bien. Ils me demandent de rester une troisième semaine. Au bout d’un moment je leur dis qu’il faudrait qu’ils me proposent quelque chose parce que ma femme était en France avec ma fille. Donc voilà, c’est compliqué. Si tu es tout seul ça va, si tu n’es pas tout seul c’est plus compliqué. Donc je leur fais savoir, ils me disent qu’il faut encore patienter, ils me demandent si je peux rester encore quelques mois là-bas sans contrat. Moi je ne pouvais pas me permettre…

Tu te serais vu dans le foot anglais ?

Pourquoi pas ? Les personnes disent que c’est assez physique, un peu foufou, mais pourquoi pas. C’était pas mal du tout, dans un club avec de bonnes structures.

En deuxième division ?

« Quand le club s’est rendu compte que je valais une certaine somme, ils m’ont bloqué. Et c’est là que je me suis fait avoir »

C’était en deuxième division, ouais. Un bon club, bien structuré. C’est un club qui a gagné la Coupe d’Europe quand même ! Mais bon voilà, c’était vraiment compliqué.

Et donc tu signes en Espagne, au CF Torre Levante…

Quand je suis arrivé en Espagne, je me suis mis d’accord avec mon club. Je leur donnais un coup de main et, en contrepartie, je pouvais partir libre à la trêve. J’ai fait des très bons matchs, j’ai réussi à maintenir le club. Des clubs se sont mis sur moi, de deuxième division espagnole et même un club colombien qui était vraiment intéressé. En fait, mon directeur sportif est parti au Deportivo Cali et donc il a voulu m’emmener avec lui. Et au final, le club m’a dit que je n’étais pas libre pour les clubs de D2 espagnole où je voulais aller, alors qu’on s’était mis d’accord. Parce que le club colombien a proposé de l’argent donc ils m’ont dit : « Si tu veux aller dans le club où tu désires aller, faudra qu’ils posent tant. » Quand le club s’est rendu compte que je valais une certaine somme, ils m’ont bloqué. Et c’est là que je me suis fait avoir.

Encore les galères…

Les galères, après ce que j’ai eu à Lyon, et tout le reste. C’est vrai que j’ai pas eu une carrière si simple, ça a été compliqué. On le sait très bien qu’une carrière de footballeur, c’est compliqué, mais moi je me suis toujours blessé à des moments cruciaux ou quand j’arrivais en fin de contrat. Donc là on va dire qu’on ressort un peu la tête de l’eau, on joue la montée avec un club de CFA, on va monter en National. Même si on espérait mieux, il y a pas le choix de toute façon.

C’est après l’Espagne que tu arrives à la Duchère. Tu as rompu ton contrat du coup ?

Voilà, je suis parti un peu en froid avec le club. Je suis rentré en France. Pendant six mois, c’était un peu la galère. Je suis parti un peu en Roumanie, c’était compliqué là-bas.

Faire des essais ?

Ouais, aller voir les installations. Le coach a été viré dans la semaine, le président a été viré dans la semaine. C’était super compliqué. Au final, je suis revenu en France. C’est à ce moment-là qu’on s’est mis d’accord avec la Duchère. J’ai vu le coach (Karim Mokkedem). J’ai fini les quelques mois qui restaient de la saison dernière. On a réussi à se maintenir et cette année on joue la montée. On est premiers donc j’espère monter en National.

 

« Je garde un très bon souvenir de l’Espagne, du jeu, des gens »

C’est dommage parce que le jeu espagnol…

C’est dommage parce que ça me correspondait largement. Là-bas j’étais bien aimé, que ce soit par les supporters de mon club ou les dirigeants. Quand je suis arrivé j’ai tout de suite fait des bons matchs, on s’intéressait beaucoup à moi. Et malheureusement il s’est passé ce qu’il s’est passé. C’est le football, encore une fois.

Partir à l’étranger, en Algérie puis en Espagne, c’était un choix dès le départ ? Ou c’est les propositions qui ont fait que ?

Honnêtement, je ne vais pas me voiler la face, en Algérie c’était un choix financier. Après, quand je suis sorti de Lyon, il y avait pas énormément de propositions et c’était énorme ce qu’ils me proposaient. Je ne le cache pas.

Tu n’as eu aucune proposition en France ?

Pas de concret, ou pas assez haut. Des clubs me disaient de patienter quelques semaines, mais je voulais vraiment reprendre avec une préparation physique. Au moins faire le stage d’avant-saison, faire une prépa. Il y avait que l’Algérie qui m’a proposé ça.

« Le Deportivo Cali jouait la Copa Libertadores. Ça aurait été peut-être bien mais à cette époque-là, avec ma fille qui rentrait à l’école, j’étais pas prêt »

Pareil avec l’Espagne après ?

Non, l’Espagne, c’était pas financier. C’était pour le jeu. C’était un jeu qui me plaisait, qui me convenait et c’était à côté. Honnêtement, je garde un très bon souvenir de l’Espagne, du jeu, des gens là-bas.

Et pourquoi t’as refusé la Colombie ? Ça aurait pu être dingue.

C’était un bon club, qui jouait la Copa Libertadores. Ça aurait été peut-être bien mais à cette époque-là, avec ma fille qui rentrait à l’école, j’étais pas prêt. J’étais pas prêt dans ma tête et on sait très bien que si un footballeur n’est pas bien dans sa tête, ça se ressent sur le terrain. J’étais pas prêt. C’est loin quand même !

Revenir à Lyon, c’était un souhait ?

Aller un peu en Espagne, en Algérie, revenir, pourquoi pas repartir en Roumanie à un moment donné… Mais bon voilà, il y avait ma petite fille qui rentrait à l’école, il fallait une stabilité. Je me pose. Pour moi, pour ma famille.

Il y a pas mal de joueurs du coin à la Duchère d’ailleurs.

Ouais, il y Yacine Hima, Nico Seguin, Rafik Bouderbal, un très bon ami à moi et un très bon joueur. On a une belle équipe.

 

« Plus facile en National qu’en CFA »

C’est bien parti pour monter en National en tout cas.

C’est bien parti pour. Ce serait bien pour l’équipe, pour le club, pour la ville. On est devant Grenoble, avec les structures qu’ils ont, avec le budget qu’ils ont, trois millions d’euros ! Avec le stade qu’ils ont, aussi. On a été joué là-bas. Y’avait du monde et on a gagné là-bas. On leur a mis un bon coup sur la tête. Tant mieux quoi, c’est bénéfique pour nous.

Surtout que la CFA c’est compliqué, avec une seule équipe qui monte.

C’est super compliqué. C’est plus facile après, quand tu montes en National. Mais tant mieux, parce qu’on sort d’une saison difficile. L’année dernière on joue le maintien, on se maintient à la dernière seconde à Rodez !

« Si on monte, je pense qu’on ne sera pas ridicules. On n’est pas là pour rien »

Et l’année d’après tu joues la montée. C’est exceptionnel. C’est un parcours exceptionnel. Comme Colmar a fait l’année passée. Ils jouaient la descente en CFA, ils se maintiennent la dernière journée et après ils montent en National. Donc pourquoi ne pas faire pareil qu’eux ?

Et ils ne sont pas ridicules en National.

Si on monte, je pense qu’on ne sera pas ridicules non plus. Il y a un président qui a investi dans le club, qui a fait beaucoup pour le club ; un bon coach, proche des joueurs. C’est un bosseur, un travailleur, il vit football. Il donne cette envie-là. On n’est pas là pour rien. Certes, il y a des bons joueurs, mais il fait du bon travail.

Et personnellement ?

Honnêtement ça se passe bien. Après, il y a parfois quelques blessures qui sont embêtantes mais on va dire que musculairement ça va. C’était mon grand souci, ça pétait souvent. Cette année je me suis fait mal : je me suis fissuré le pouce au pied et ça a duré longtemps puis j’ai eu une petite élongation, mais ça va. (Saïd Mehamha n’a pu jouer qu’une dizaine de matchs en championnat)

 

Mehamha

« Même aujourd’hui quand je parle avec des gens, on me demande ce que je fais là. » (Photo Lyon-Duchère AS)

 

« Il arrivera ce qu’il arrivera. En espérant qu’il arrivera de bonnes choses »

À ton départ de l’OL tu disais que tu voulais te débarrasser de cette étiquette de joueur de CFA. Au final, on te retrouve en CFA, certes peut-être bientôt en National…

Ouais. On va monter en National. Et comme je le dirai toujours : je ne lâcherai pas. Là je suis revenu en CFA, ça a été un choix compliqué à faire parce que voilà…. quand Saïd Mehamha… même aujourd’hui quand je parle avec des gens, on me demande : « Qu’est ce que tu fais là ? » Même des joueurs professionnels, des joueurs qui sont en Ligue 1 ! « T’as rien à faire ici. » Et aujourd’hui je leur dis : « Bah je suis ici… » Et soit je me repose sur mes lauriers, soit je montre que ce n’est pas fini et que je me bats et que je me battrai encore. Si on monte en National, ça peut aller très vite derrière. On ne sait pas ce qu’il peut se passer dans le foot.

Tu as un objectif personnel ou tu te donnes à fond et tu vois ce qui arrive ?

« Ce n’est pas parce que je suis pas en Ligue 1 ou en Ligue des Champions qu’il faut oublier les potes. Je suis en contact avec beaucoup de joueurs, je suis content pour eux et je les soutiendrai toujours. Toujours. »

Je suis plutôt dans cette optique-là. Je me suis donné des objectifs et malheureusement… Pourtant, j’avais le talent, j’avais tout pour. Au final, plusieurs choses se sont passées et ça ne s’est pas fait. Maintenant, je me dis : « Je donne tout et on verra. » Ce ne sera que du bonus. Cinq ou six ans en arrière, je ne vous aurais pas dit ça. Je visais la Ligue des Champions, je visais autre chose. Aujourd’hui, je vis du football, je m’entraîne le matin et je prends du plaisir. C’est le plus important. Et après, il arrivera ce qu’il arrivera. En espérant qu’il arrivera de bonnes choses.

Ce qui est dingue, c’est que tous les habitués de la Plaine des jeux qui nous parlent de toi sont élogieux. Et tu sembles conscient de ça, tu ne fais pas de fausse modestie.

Non, c’est clair. Je ne vais pas me cacher derrière tout ça. Je ne vais pas me voiler la face et te dire : « Non, je ne sais pas. » Ça me fait toujours plaisir que des gens, joueurs ou supporters, me disent : « T’es le meilleur joueur qu’on ait vu en CFA, t’es le meilleur joueur qu’on ait vu en jeunes. » Moi je ne le prends pas en me disant : « Putain… » Au contraire, je me dis que c’est gentil. C’est flatteur. Je me dis : « Wow, c’est bien. » Les gens sont reconnaissants, c’est bien, ça fait plaisir.

 

« Le projet de monter une académie »

On a compris que tu étais toujours en contact avec pas mal de monde.

Je suis en contact avec pas mal de monde, que ce soit des joueurs, des entraîneurs ou certains agents avec qui j’ai pu travailler. Je suis quelqu’un de très ouvert, j’aime parler donc ce n’est pas parce que je suis pas en Ligue 1 ou en Ligue des Champions qu’il faut oublier les potes. Je suis en contact avec beaucoup de joueurs, je suis content pour eux et je les soutiendrai toujours. Toujours. Voilà comment ça se passe actuellement : je m’entraîne, je suis avec ma petite famille, je vois mes amis, certains joueurs. En parallèle du foot, on a le projet de monter une académie avec un ancien coach à moi.

Où ça ?

Elle va se créer à Décines normalement, limite Décines – Vaulx-en-Velin. On a trouvé une structure qui s’appelle « 5 de légende », on va s’associer à eux.

Pour des jeunes de quel âge ?

D’à peu près 11-12 ans jusqu’à 15-16 ans. J’ai vu que Diomède en avait fait une sur Paris, Mandanda en a fait une aussi. Donc c’est des bonnes choses. On veut vraiment faire quelque chose de professionnel et leur apprendre tout ce qu’on a à leur apprendre. La personne qui va faire ça est un ancien coach à moi des moins de 15 ans à l’OL. Il a tout le savoir-faire, il a été entraîneur. Et moi voilà, je suis joueur. Donc je pense qu’on peut leur apprendre certaines choses. On va faire le maximum.

« Je vais essayer de leur donner tout mon savoir-faire. Et leur éviter de faire peut-être les petites erreurs que j’ai pu faire à certains moments »

Qu’est-ce que tu pourrais leur apprendre ?

Le travail. Leur apprendre qu’il faut travailler. Actuellement, je fais déjà quelques séances à certains petits. Je fais quelques séances l’après-midi vu qu’on s’entraîne tous les matins.

Avec la Duchère ?

Même pas. En plus de ça. Je fais des cours individuels à certains petits de 12 à 16-17 ans et je suis dur avec eux. Les parents sont venus me voir, je leur ai dit que j’allais être dur parce que j’allais être exigeant. Malheureusement, pour arriver en haut, il faut être exigeant avec soi-même. Et donc moi, je vais essayer de leur donner tout mon savoir-faire. Et leur éviter de faire peut-être les petites erreurs que j’ai pu faire à certains moments.

C’est quoi ? Ne pas avoir été assez exigeant ?

Non, j’ai été très exigeant avec moi-même mais je sais qu’il faut l’être encore plus. Moi, j’ai toujours été exigeant avec moi-même, j’ai toujours été sérieux, j’ai toujours donné le meilleur de moi-même et, malheureusement, il en fallait peut-être encore plus. Donc c’est ce que j’essaye de leur apprendre. Ne jamais rien lâcher. J’ai des petits qui s’entraînent avec moi qui sont très talentueux, il faut leur expliquer que j’étais aussi très talentueux et qu’il y a tellement de facteurs, de chance, de choses qui rentrent en compte que si on travaille, ça aide beaucoup. Le plus important, c’est de ne pas avoir de regrets. Moi, je n’ai pas de regrets dans le sens où j’ai toujours tout donné. Après, il est arrivé ce qu’il est arrivé, des blessures, plusieurs choses. Mais au moins je n’ai pas de regrets dans ce sens-là… Mais je connais plusieurs personnes qui avaient du talent et malheureusement elles n’ont pas tout donné. Quand t’as des regrets, c’est dur à vivre.

Propos recueillis par Hugo Hélin


(Photo Hugo Hélin – Le Libéro Lyon)

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