Lopes, sauve keeper

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E09Friable mais joueur, l’OL a fini par l’emporter sur Monaco (2-1), plus pour ses bonnes intentions que pour sa maîtrise. Mais le bonheur du jour ne tient pas qu’à un état d’esprit. Il doit pas mal à la chance et beaucoup à un gardien en état de grâce. Et le Rank se fout bien que tout cela soit éphémère ou pas. Il est là pour célébrer les prodiges. Et chasser les anti-Lopes.

 

Le match : Quand le football est un jeu, les Lyonnais l’emportent à la fin

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Anthony Lopes

Il a commencé par bloquer, devant Ferreira-Carrasco (22e) puis Berbatov (45e), comme si c’était facile alors que ça ne l’était pas. Puis quand les choses se sont compliquées, il a claqué : en l’air, devant Berbatov (53e) ; puis à terre, pour conter Ferreira-Carrasco (62e). Le plus beau allait suivre, mais il y avait déjà longtemps qu’on ne s’inquiétait plus. Quand Germain a repris, de la tête, le corner de Moutinho (84e), cela faisait un moment que l’on avait acquis la certitude que plus rien n’arriverait à l’OL et à Anthony Lopes. Comme quand on explique à un enfant qu’il y a peut-être des moments qui font peur dans les dessins animés, mais que les héros s’en sortent toujours. Et que si ce n’est pas plus beau, c’est encore plus palpitant quand ils s’en sortent tout seuls.

Olympique Lyonnais2. Nabil Fekir

Il faut que l’OL en soit arrivé à ce degré d’incertitude pour voir son avenir dans un battement de cil. C’est le privilège de ceux qui, après avoir passé toutes ces années à laisser leur domination en partage, doivent s’en remettre à ce qu’il reste pour que la passion continue à se consumer. Toutes les projections deviennent alors possibles, surtout quand elles ont l’intensité du coup de rein de Nabil Fekir. À force de rester bloqué sur la fiche de paye de Yoann Gourcuff, on en aurait presque oublié cet autre retour, celui du gone élevé aux terrains cabossés de l’Est lyonnais. Au moins, on n’en voudra pas à Fournier de respecter cette règle la mieux partagée du milieu et qui veut que le football ait une mémoire. Le souvenir laissé par les prises de balle nerveuses et percutantes de Fekir pendant la poignée de titularisations d’avant-saison brûlent encore assez pour en faire le nouveau compagnon de route de Lacazette. Où celui qu’on sacrifie n’est pas celui qu’on croit. Nabil serait plutôt celui auquel on croit. A ce petit jeu de dupes, son but pourrait même avoir valeur de manifeste : contrôle de Lacazette, appui sur Malbranque et tir croisé qui trompe Subasic (30e). De quoi valider toutes ces courses qui jusque-là ont manqué de mettre en vrac la défense monégasque. Au moment de quitter le terrain (74e), le retour attendu de Gourcuff ne serait plus qu’un vague souvenir s’il n’y avait ces sifflets qui descendent du Virage pour le rappeler. On voit alors deux mondes se croiser : d’un côté, celui qui est condamné à courir après son passé. De l’autre, celui qui vient de confirmer qu’il pouvait projeter l’OL vers l’avenir.

Olympique Lyonnais3. Steed Malbranque

À la découverte de la feuille de match, il y avait de quoi faire sombrer un peu plus la clique bahlouliste. À cette exception près que Fares a (une fois de plus) fini par être lâché pour refiler à Steed le rôle de meneur. Pas vraiment un coup tactique visant à tirer vers le haut un losange qui a eu tendance à bailler ces derniers temps. Disons plutôt que la présence de Malbranque reste encore la seule à même de racheter toutes les autres. Ne serait-ce que pour voir une nouvelle fois cette prise de balle dos à l’adversaire et l’accélération qui surgit sur la demi-volte à suivre. Suffit que le tour de passe-passe fonctionne pour qu’on hurle au miracle à la façon du badaud un rien complice devant un numéro de bonneteau. Tout ça pourrait bien puer l’arnaque, mais Steed sait toujours y faire pour qu’on finisse par n’y voir que du feu. Celui qu’il a encore dans les jambes pour embarquer l’équipe derrière lui, pied au plancher, à prendre à la gorge la moindre relance monégasque et donner dans la bascule en première intention comme pour mieux échapper au grand vide qui menacerait d’emporter un peu plus l’OL dans ce sale début de saison. Après vingt minutes, le blitz a suffisamment vécu pour se satisfaire de cette illusion que Malbranque a su provoquer. Quitte à oublier qu’il restait encore une occasion de briller, dix minutes plus tard, au moment de faire le lien entre un contrôle de Lacazette et la conclusion de Fekir qui suit (30e). On peut avoir toutes les bonnes raisons de se passer de Steed, on préfèrera toujours compter sur sa présence. Après quoi il y aura toute l’éternité pour qu’elle nous manque.

Olympique Lyonnais4. Alexandre Lacazette

Chaque année, l’OL repousse les limites du dévouement. Après Lisandro en milieu gauche et Grenier comme relayeur, c’est la nouvelle star qu’on envoie au sacrifice. Simple tâcheron (de rechange) en équipe de France, Alexandre Lacazette est revenu à la maison où son statut de prophète estival a vite laissé place à celui de forçat. « Il faut un attaquant de fixation ? Alors ce sera toi, Alex. » Le Kid de Mermoz a dû envoyer son mètre 75 et ses 70 kg partout où il fallait faire mal, quitte à y aller deux fois. Et s’il dut en souffrir au final plus que ses adversaires, il n’aura pas oublié d’être à l’origine des deux réalisations lyonnaise du soir. D’abord transformant en or un ballon de Jallet qui n’avait pas vocation à être décisif avant d’être contrôlé, jonglé et distribué à Fekir, qui s’appuiera sur Malbranque avant d’ouvrir le score (1-0, 30e) ; ensuite en servant de relais à Umtiti, passeur pour le but vainqueur de Tolisso, après enchaînement simple et rapide mais qui n’est futile que quand il est bien fait. Il en va ainsi du destin actuel d’Alexandre Lacazette, celui d’un attaquant dur au mal et délicieux pour faire mal.

Olympique Lyonnais5. Clinton N’Jie

Certains soirs, on a été reconnaissant à Clinton N’Jie de nous avoir permis de partager ce même destin, celui qui envoie zoner à l’entrée du Ninkasi tous ceux qui ne sont pas sur la feuille de match. Pour mieux ouvrir la voie aux sarcasmes toutes ces autres fois où il a fallu le retrouver sur le terrain. Le genre de gars qui fait tellement partie du décor qu’on ne s’étonne même plus de l’y voir s’échouer à la première accélération. C’est donc avec les fils dans les pattes, ceux que Kader Keïta avait dû laisser traîner avant de partir, qu’on a vu filer Clint’ pour la trêve internationale. Avant de le retrouver en buteur spectaculaire et passeur inspiré en deux apparitions électriques avec le Cameroun. Autant dire qu’en le voyant rentrer à la 66e, on ne rigole plus. Ou alors pour se foutre des artères de Carvalho et de Raggi qui doivent ramasser sur sa double accélération envoyée en un crochet derrière la jambe d’appui (80e). Le tir peut bien fuser devant la cage, on préfère encore laisser filer plutôt que de se joindre à Malbranque ou Lacazette pour regretter un centre en retrait qui aurait sans doute plié la partie. Le dribble plutôt que la passe, le désordre plutôt que la rationalisation : cette promesse d’une nouvelle épiphanie ne cadre pas franchement avec l’idée qu’on se fait du jeu de possession à la lyonnaise, aussi dogmatique qu’il se révèle inoffensif. Raison de plus pour célébrer l’Indomptable N’Jie en fusible qui sait faire sauter les plombs.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Frédéric Chambert  – Panoramic)

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