L’OL et ses repentis pour un tour

RANK’N’OL #S02E26. Comme à chaque fois qu’il l’a emporté cette saison – à l’exception de Guingamp qui s’était offert un peu vite –, l’OL a eu très chaud avant de se détacher sur la pelouse de Bastia (1-3). Pas de quoi changer ses perspectives pour autant. Parce qu’une victoire lyonnaise, c’est un peu comme s’éclairer au lumignon : ça égaye un moment, mais ça ne permet pas de voir loin.

Olympique Lyonnais

Benzia et Lacazette : le coup classique des types qui n’auraient jamais dû bosser ensemble mais qui sortent tout le monde de la merde. (Photo Panoramic – Jose Ignacio Unanue)

Dimanche 8 décembre 2013, 17e journée de Ligue 1

SC Bastia – Olympique Lyonnais 1-2

Pour Bastia : Raspentino (34e)

Pour Lyon : Lacazette (54e), Benzia (56e), Gomis (85e)

OL : Vercoutre – Miguel Lopes, B. Koné, Umtiti, Bédimo ; Ferri (Tolisso, 80e), Gonalons (cap. ; avert., 32e), Fofana – Grenier – Lacazette (Danic, 89e), Benzia (Gomis, 73e). Entr. : Rémi Garde.

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Alexandre Lacazette

Le 4-4-2 losange est en train d’échapper à toute logique. D’abord, parce qu’à voir Garde s’y accrocher au-delà de toute raison tacticienne – pour finir par se passer de Gourcuff et de Gomis, par exemple –, on sent poindre la tentation d’en faire un nouveau talisman à la manière du 4-3-3 maison. Pour se rendre à cette autre évidence qu’on n’a jamais vu venir : c’est Lacazette qui finit par en tirer le plus grand profit. L’affaire pourrait en dire long sur le bordel qui règne au rayon tactique du côté lyonnais. Elle n’en contredit pas moins cette autre idée selon laquelle un technicien a besoin de son déménageur pour faire sonner la mélodie du bonheur en 4-4-2. Le Kid de Mermoz est venu rappeler pour la seconde fois de la saison qu’on pouvait se passer de Gomis et de ses appels statiques et préférer ceux autrement plus chiens pour une défense de Benzia. Surtout si, à l’image de sa seconde période, Lacazette confirme qu’il sait y faire lui aussi question protection de balle, temporisation et pression sur la relance adverse. Preuve qu’il peut en aller des histoires de complémentarités comme d’une carrière : c’est là où l’attend le moins qu’elle peut devenir la plus convaincante.

BENZIA2. Yassine Benzia

Parmi les choses dont le Rank n’a pas grand chose à foutre, parfois à l’encontre du bon sens, il y a les statistiques. Parmi les choses que le Rank aime bien, parfois au-delà du raisonnable, il y a Yassine Benzia. Alors quand le Rank se rend compte que le gamin (19 ans) en est à deux buts et deux passes dé’ en 400 minutes de Ligue 1 cette saison, il y a moyen de faire consensus. Car Yass’ reste avant tout un joueur d’émotion. Des émotions. Il y a donc eu à Bastia comme il y aura très souvent dans sa carrière des moments où l’indocile heureux a été agaçant. Mais à la fin, c’est encore les défenseurs bastiais qu’il aura le plus emmerdés. Les statisticiens ne diront pas le contraire : c’est ce qui compte.

Olympique Lyonnais3. Clément Grenier

Plus personne à Lyon et dans ses colonies, plus communément appelées la France, n’est capable de s’emballer après une victoire de ce genre et un renouveau éphémère. Mais au moins la victoire à Furiani aura-t-elle marqué un tournant dans l’automne olympien, même si on peut déplorer que cela arrive à dix jours de son terme : Clément Grenier a enfin pris la mesure du 4-4-2 en losange. Peu importe ce que l’on pense de ce système et les raisons qui ont conduit Rémi Garde à le mettre en place. Mais s’il y avait une personne qui devait en tirer profit, avant même Lacazette, c’était bien Grenier. Il aura donc fallu attendre un mois et demi à l’enfant gâté de Tola Vologe pour profiter pleinement de ses pleins pouvoirs, de sa liberté, des appels de Bédimo, de la protection de trois autres milieux et de la présence de deux pointes devant lui. Au bout du compte, avec un caviar pour Benzia (54e), une talonnade inspirée pour lancer Bédimo sur le troisième but (85e) et une bonne activité générale, Clément Grenier a montré l’espace d’un après-midi qu’il pouvait assumer son rôle de numéro 10. Ne lui reste plus qu’à être capable de le faire plus d’une fois par trimestre.

Olympique Lyonnais4. Maxime Gonalons

Gonalons peut bien se remettre à faire pleuvoir des coups durs pour dominer son milieu toute la seconde période, ça ne changera rien à la suite. Il peut évoquer en fin de partie ces mots qu’on s’envoie dans le vestiaire et qui changent tout, on a compris en milieu de semaine qu’il avait lâché. C’était après le match nul face à Toulouse : « On sait qu’il nous reste encore la Ligue Europa. » Un aveu qui le place du côté des losers qu’on adore en général surtout chez les frères Coen, à commencer par le dernier, Llewyn Davis. Un de ces héros qui possèdent ce qu’il faut pour gagner le succès après lequel il court, mais qui ne sait pas s’y prendre pour provoquer le destin. Un type qui finit par laisser filer, en général pile dans l’intervalle où tout promet de se jouer. Car en acceptant d’être le capitaine d’une équipée à l’inconstance suffisamment médiocre pour se remettre à jouer sur un coup de gueule de mi-temps, Gonalons laisse un peu plus la place à l’idée qu’il n’a plus l’envergure pour aller disputer une place au milieu parmi les cadors. C’était le cas pourtant la saison dernière, mais c’était déjà trop tôt. Là, c’est trop tard. Pour Llewyn Davis, la seule silhouette de Dylan annonce que tout va changer d’ici peu. Pour le capitaine lyonnais, c’est Pogba qui est en train de changer les règles. Et comme les frères Coen sont moins intéressés par Lyon et le foot que par la folk et l’histoire populaire des Etats-Unis, ça ne fera même pas un biopic brillant. Dommage, parce que Washing Maxime reste un titre qui claque.

Olympique Lyonnais5. Henri Bedimo

Le latéral camerounais a inventé le concept du « baromètre + ». C’est-à-dire être capable de s’adapter au niveau général, mais en restant toujours au-dessus. À Bastia, Bédimo n’aura été qu’à la peine quand tout le monde – ou presque – se noyait. Mais il a été de ceux qui ont lancé la révolte après la mi-temps. Comme souvent, mais au moins cette fois-ci a-t-il été entendu. À tel point que Grenier l’a même trouvé alors qu’il lui tournait le dos, pour lui permettre de délivrer le centre décisif pour Gomis (85e). Alors même s’ils sont condamnés à courir derrière, les Lyonnais ont tout intérêt à suivre Bedimo. Au moins iront-ils dans la bonne direction.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon

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