L’OL dit la mène à Valbuena

Olympique Lyonnais

MERCATO. C’est le transfert vers l’Olympique Lyonnais le plus clinquant depuis cinq ans. Pourtant, il ne soulève pas un enthousiasme débordant. Parce que Mathieu Valbuena est un ancien Marseillais, qu’il n’est pas un « vrai » meneur de jeu et qu’il n’incarne pas tout à fait l’avenir. Mais l’OL veut faire vite. On verra s’il fait bien.

 

Les supporters de l’OL sont dans la merde. Enfin pas tous, mais beaucoup. Puisque la venue de Mathieu Valbuena les exaspère, ils n’ont désormais plus que deux choix : ce sera la peste ou le choléra. La peste, ce serait d’avoir raison, que Valbuena ne soit pas à la hauteur, qu’il mine le vestiaire, qu’il se préserve pour l’Euro, qu’Hubert Fournier n’ose pas le mettre sur le banc, etc. La choléra, ce serait que tout se passe bien, qu’il faille l’acclamer après en avoir douté très fort.

9 et demi, c’est pas 10

À vrai dire, la pertinence du recrutement d’un joueur qui aura 31 ans fin septembre, alors qu’un gros tiers de l’équipe type devrait faire ses valises dans un an, pose question. À force de vendre le futur, Jean-Michel Aulas a donné des habitudes à tout le monde. On ne reviendra pas sur Bahlouli (oups, trop tard…), mais si la rumeur Younes Belhanda avait ses partisans, c’était notamment parce que l’international marocain n’a que 25 ans. L’ancien Montpelliérain avait aussi pour lui d’être un meneur-milieu, quand Valbuena -comme Fekir-, est un meneur-attaquant, autrement dit plutôt un neuf et demi qui, s’il voit clair, est plus là pour provoquer que pour fluidifier le trafic. Reste à savoir si à 32 ou 33 ans, il sera capable de se réinventer quand ses accélérations sur cinq mètres ne seront plus aussi efficaces.

Le latéral de United, le meneur des Bleus

Mais JMA et Fournier n’en sont pas encore là et il savent aussi qu’il va falloir être prêt tout de suite. L’OL est déjà en situation de mini-crise et la Ligue des champions commence dans un mois. Alors après le latéral de Manchester United, c’est le meneur de jeu de l’équipe de France qui débarque. Le factuel a de la gueule. Il ne sera a priori pas le n°10 qui marquera le plus l’histoire des Bleus -il lui reste néanmoins un Euro pour monter un peu dans la hiérarchie- mais Valbuena demeure un des joueurs les plus réguliers de l’ère Deschamps, quand bien même l’ère en question mériterait d’être renouvelée. Ils sont d’ailleurs quelques-uns à pousser derrière l’ex-Marseillais. Ses plus gros concurrents : son ancien coéquipier Dimitri Payet et le nouveau, Nabil Fekir.

Fekir et Valbuena, Euro ensemble ?

Associer Fekir à Valbuena, est-ce une bonne idée? Leur technique les rend certainement compatibles sur le terrain, reste à savoir dans quelle mesure il est avantageux de faire briller l’autre quand il n’y a de la place que pour un en équipe de France. On parle ici de celle de faux ailier droit qui vient se replacer derrière Karim Benzema et le troisième joueur du trident offensif (Griezmann ou Lacazette) dans le 4-3-3 de Didier Deschamps. Tant que ce n’est que la place dans le onze, ça va encore. Mais il ne faudrait pas que les deux joueurs se retrouvent à se disputer un strapontin dans la liste des vingt-trois, si un outsider devait entrer dans la course.

Bernès prend de la place

Deschamps, Valbuena, Fekir, et donc Jean-Pierre Bernès. Vu comme ça, on pourrait se dire que tout va se régler entre gens intelligents, puisque tout le monde a le même agent. Le sélectionneur a juré craché (et n’a pour l’instant jamais été pris en défaut) qu’il restait totalement indépendant des intérêts de son conseiller et donc des joueurs de son écurie. Bernès a pesé le pour et le contre pour en conclure que Valbuena, en tant qu’historique, ne craignait pas grand-chose, alors que Fekir, ne serait-ce qu’en joker, semble déjà inévitable. Le risque est moindre.

Fournier et Lacombe ont dit oui

N’empêche, entre la visibilité et la Ligue des champions, Mathieu Valbuena semble pour l’instant être le grand gagnant du deal. Son agent a donc plutôt bien géré son coup, qui plus est avec un club qui aurait pu lui en vouloir depuis le faux-départ de Jimmy Briand à Monaco en janvier 2013… puis le vrai, sans indemnité, un an et demi plus tard. Mais depuis Nabil Fekir s’est attaché ses services et il a fallu collaborer, plutôt bien a priori, même si les chiffres annoncés lors des premiers contacts (on avait évoqué  400.000 euros mensuels) n’ont sûrement pas dû faciliter les négociations avec Alexandre Lacazette. Difficile toutefois d’imaginer Jean-Michel Aulas subir la situation, d’autant qu’Hubert Fournier et Bernard Lacombe sont particulièrement emballés par l’idée – ce n’est pas forcément un argument pour les plus sceptiques. Mais Valbuena reste sur 43 passes décisives lors des quatre dernières saisons de championnat, et 12 sur ses 26 dernières rencontres de l’équipe de France. Alors si ça continue comme ça, la pilule devrait bien passer aussi.

Pierre Prugneau


(Photo Franck Pennant – Panoramic)

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