Lacazette, l’oublié perpétuel

Olympique Lyonnais

OL. Ils n’étaient pas nombreux à l’attendre à ce niveau, pourtant Alexandre Lacazette, qui rejoint le stage de l’équipe de France ce lundi, a explosé cette saison avec l’Olympique Lyonnais. Mais s’il ne suscitait pas les mêmes attentes que d’autres – qui feraient bien de s’en inspirer -, le Kid de Mermoz n’arrive pas de nulle part. Et il peut aller loin, même si ce ne sera a priori pas jusqu’au Brésil.

Lire : Grenier, Gonalons et Lacazette : qui méritait sa place dans les 23 ?

Une révélation… pour les amnésiques

Rembobinons Lacazette. À l’été 2010, après un gros Euro U19 conclu avec 3 buts, une passe décisive et un trophée, Alexandre Lacazette intègre le groupe de l’équipe première à l’OL. Il n’aura toutefois jamais la confiance de Claude Puel (11 matchs pour 194 minutes au total), qui lui préfère alors Jérémy Pied… Malgré cela, il s’en sort pas mal, avec un but ultra important contre Sochaux et quelques bonnes entrées. En Ligue des champions, il fait un tabac avec un but et deux passes décisives… en 44 minutes jouées. Pas suffisant a priori pour convaincre son coach. Mais quand l’occasion lui est offerte de quitter le confortable siège Recaro de l’équipe première, Lacazette plante en CFA, quand d’autres confondent vitesse et précipitation. Et lorsque Rémi Garde débarque sur le banc de l’Olympique Lyonnais et annonce que les meilleurs jeunes auront leur chance, que fait-il ? Il marque cinq buts lors de la Coupe du Monde U20 en Colombie et s’offre une (vraie) place dans le groupe pro. S’en suit une très bonne saison à dix buts toutes compétitions confondues. Celle que tout le monde a oublié, visiblement. Bref, un parcours linéaire et sans embûche pour un joueur jamais considéré comme un nouveau Benzema.

La saison sous-estimée

Selon les statistiques (4 buts et 6 passes décisives en 37 matchs), Lacazette a réalisé une saison 2012-2013 bien palote. Mais ne se fier qu’à ces chiffres serait réducteur, et Garde l’avait rappelé par anticipation : « Alex est impliqué de près ou de loin sur toutes les attaques de l’OL. » (5 octobre 2012) Du haut de ses 21 ans, l’ailier d’alors reste un des rares joueurs lyonnais capables de débloquer des situations par des exploits personnels. Ces statistiques ne montrent pas non plus tous les efforts défensifs exigés par son entraîneur, dont il applique les consignes à la lettre. Ces exigences qui font que Lacazette n’est plus qu’un simple feu follet mais aussi un joueur, dans la plus grande tradition lisandriste,  capable de récupérer la balle dans les pieds des défenseurs adverses pour s’en aller créer le danger dans un même élan.

Ballon d’eau fraîche et douche froide

Si l’espoir de voir Lacazette à la Coupe du Monde est peu permis, à moins d’une blessure de Rémy, Giroud, Benzema voire Valbuena, c’est assez paradoxalement à cause du Brésil. Son entrée contre la Seleçao (3-0) lors de la tournée de juin 2013 a été peu appréciée par Didier Deschamps qui a relevé un « manque d’engagement » et « peu d’efforts » (9 juin 2013). La déclaration ne lui était pas spécifiquement adressée, mais il faisait partie de « ceux qui sont entrés ». Une pique étonnante, tant il semblait compliqué d’exister dans une équipe de France complètement à la dérive, qui plus est en vingt minutes. Encore plus surprenante quand on se rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, une méchante réputation de supersub collait à la peau du Lyonnais. Au mondial U20, Smerecki adorait le faire sortir du banc alors qu’il était son attaquant le plus prolifique. Il ne s’en est jamais plaint : « Je suis assez content d’avoir la chance de jouer car je n’oublie pas que dans l’équipe, certains ont peu de temps de jeu, voire pas du tout. » (16 août 2011) Une lucidité intacte au moment où les journalistes évoquent en conférence de presse un possible retour à droite en début de saison, pour faire de la place à Bafé Gomis : « J’aime l’OL et si le coach me met dans un couloir, aucun problème. Avec la vie que j’ai, je ne vais pas dire que c’est dur de jouer sur un côté ! » (10 octobre 2013). On en conclut donc que le Kid de Mermoz ne s’est pas comporté correctement qu’à une seule reprise, en juin 2013. Enfin, on l’espère.

Lacazette aurait dû aller au Brésil mais ce ne sera pas le cas. Il aura tout fait pour – à part peut-être un site Internet -, mais cela n’a pas suffi à effacer les doutes de Didier Deschamps. Des doutes qu’il n’aurait plus depuis longtemps s’il avait regardé les matchs de l’OL.

Reminho (avec Lometto)


(Frédéric Chambert – Panoramic)

Commenter

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>