Koné, le mythe décisif

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E12On peut être le héros ultime de l’absurde et rendre un résultat logique. À condition que ce soit malgré soi. À Nantes, Bako Koné a libéré l’OL, l’a sauvé puis l’a enterré. Si cette faute inutile laissera des regrets aux Lyonnais, tous savent qu’une victoire aurait été un sacré coup de bol. À commencer par le fautif lui-même, qui n’a jamais été une bête de concours, même de circonstance, mais qui continue à écrire sa légende avec la probité de celui qui a toujours su rester tel qu’on l’attendait. Limite.

 

Le match : Fragile mais correct

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Alexandre Lacazette

À devoir penser à ceux qui l’entourent – ou plutôt qu’il entoure –, Alexandre Lacazette est en train de devenir un attaquant qui s’oublie. Et on ne parle pas seulement de ce nom qui disparaît peu à peu parmi les buteurs qui comptent en Ligue 1. On veut aussi évoquer toutes ces actions qui finissent par ne plus faire leur effet face au but : une tête bien trop bien cadencée pour tromper Riou (38e) ou cette frappe qui aurait mérité de ne pas être feintée (71e) plutôt que de finir en contre décisif pour les Nantais. Aujourd’hui, le geste qui pèse pour le Kid de Mermoz n’est plus celui qui sera décisif face au but, mais bien cet appel, ce relais ou cette passe qui libère les espaces dans une défense dense canarie. Pas pour rien qu’il s’embarque dans la partie sur cette ouverture de 30 mètres qui trouve la course de Fekir (9e). Comme un préambule à la passe dé’ qui suit sur coup franc pour profiter du talent de Koné quand il faut disputer une balle ailleurs que devant son propre but (51e). En fin de match, Lacazette s’ouvrira de cette confusion des genres : « On prend un penalty qu’on peut éviter, mais on n’a pas non plus survolé le match. » Une façon de se rappeler que l’art de mettre en valeur les autres sur une passe ou par le don de soi n’est pas seulement un talent. C’est un métier.

Olympique Lyonnais2. Nabil Fekir

Le petit meneur n’est pas encore un grand attaquant. Ce qui ne l’a pas empêché d’être le plus enthousiasmant de ceux aperçus sur la pelouse durant l’heure qu’il y a passée. Outre cet appel parfait à la réception d’une passe de Lacazette, le duel à l’épaule avec Cisso’bro et la frappe à la sortie (9e), on retiendra ces quelques gestes, aussi beaux qu’utiles, comme cet enchaînement sur la droite au terme duquel il élimine Alhadur et tous les Nantais venus pour (tenter de) l’aider (33e). On n’aura pas eu l’occasion d’en voir bien davantage, et c’est un peu le problème quand Fekir est coincé aux avant-postes. Pourtant, quand Gourcuff puis Grenier seront revenus, cela risque de devenir sa mission à plein temps. Un gâchis peut-être, beaucoup moins de ballons à bichonner sûrement. Mais on s’y fera, parce qu’après tout, on ne demande pas grand-chose à Nabil Fekir. Juste d’être génial.

Olympique Lyonnais3. Clinton N’Jie

Rémi Garde a fini par voir la lumière le jour où il a accepté d’empiler les créateurs. Hubert Fournier a perçu le bout du tunnel quand il n’eut plus d’autres choix que de croire aux feux follets. C’est un fait : l’OL d’aujourd’hui ne peut plus se permettre de rationaliser. Sa force, c’est le miracle. Il ne sert parfois à rien de donner un sens aux choses. Et ça, Clinton N’Jie l’a bien compris. Personne n’est assez fou pour avoir vu le Messi. Mais pas grand-monde n’est prêt non plus à se retaper une heure comme celle que l’on a passée avant l’entrée en jeu de Fast and Curious. Même si les Lyonnais avaient ouvert le score quelques minutes plus tôt, c’est tout de même après qu’ils ont été le plus proches de réaliser le hold-up, au bout des courses échevelées de leur attaquant camerounais. On s’en doutait un peu au coup d’envoi, on en est désormais persuadé: N’Jie était le seul capable de faire fondre la glace. Et peu importe s’il ne maîtrise pas son art et encore moins la manière. Car c’est bien connu, le football est un sport qui se joue à onze contre onze et à la fin c’est toujours ceux qui portent le scandale avec leurs chaussettes qui gagnent.

Olympique Lyonnais4. Christophe Jallet

Bien sûr, il y a cette première période passée à devoir éteindre le feu à chaque déboulé d’Audel. Shechter et Veretout en profitent pour venir combiner faute de compensation lyonnaise. Si bien que les occasions nantaises peuvent s’empiler. Voilà pour la face visible. À peu de choses près, la même que lors des deux derniers matchs. Et puis il y a tout le reste. Le jeu qui bascule toujours plus vers la droite, le retour de Bedimo tellement imperceptible qu’on remarque à peine le glissement de Tolisso à sa place (78e), N’Jie qui finit par venir chercher les combinaisons dans sa zone histoire de toucher ces quelques ballons qui comptent, le furia nantaise qui baisse d’un ton à mesure que la défense de Jallet monte dans son couloir. On pourra bien reprocher à Jallet de faire un peu trop le vide autour de lui, au point de devoir rappeler à Ferri pour le troisième match consécutif que la couverture n’est pas seulement celle qu’on tire à soi sur une passe traversante, mais aussi celle qui permet de compenser les montées inspirées de son latéral. En même temps, comment lui en vouloir quand cette prestation suffit largement à combler tous ces bides qui, de Dabo à Miguel Lopes, ont fini par hanter le couloir droit ?

Olympique Lyonnais5. Bako Koné

L’état de grâce n’aura duré que trois minutes. Soit juste le temps d’envoyer dans les filets de Riou le coup franc tiré par Lacazette (51e), avant de contrer un tir que Bammou a eu le tort de vouloir trop bien placer (54e). Une fois ce sommet atteint, la pierre pouvait à nouveau dévaler la pente dans l’autre sens et Bako redevenir ce boulet que l’OL se traîne à intervalles réguliers. Il faut croire que les dieux de l’Olympique Lyonnais en veuillent tout particulièrement à Koné pour le renvoyer à ce point à son destin de Général déchu. L’affaire commence par une occasion mal négociée par Lacazette et se termine en poussette dans le dos de N’Koudou en pleine surface (71e). A priori, tout sauf une mauvaise inspiration quand on sait que la malédiction squattait jusque-là chez les tireurs de penalty nantais – cinq tentatives pour autant d’échecs depuis le début de la saison. Le charme du grand Burkinabè est de venir à bout de tous les coups du sort en apparaissant lui-même comme un coup du sort. Et c’est ainsi qu’un penalty mal tiré du côté où Lopes se jette finit malgré tout par rentrer (72e). On a peut-être le destin qu’on mérite, mais l’OL ne méritera jamais assez le destin Koné.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Nolwenn Le Gouic – FEP / Panoramic)

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