Le Garant des Valeurs du Jeu À La Nantaise

(Photo Arnaud Duret / FC Nantes)

INCULTURE FOOT. « Porte ton sac en bandoulière. C’est comme ça que Nicolas Ouédec faisait. » Les joueurs du FC Nantes peuvent toujours compter sur Jean-Louis Serin, y compris lorsqu’ils débarquent à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry.

« Pas de sucre dans ton café. » Emiliano Sala a l’air un peu exaspéré quand Serin vient le déranger à la machine à café du terminal 2. « Loïc Amisse buvait toujours son café sans sucre. » Pourtant, ce suivi à chaque minute de la journée a pour but la réussite du club. Serin occupe en effet le poste de Garant des Valeurs du Jeu À La Nantaise, créé il y a quelques années par Waldemar Kita pour calmer la fronde des supporters.

Le jeu à la nantaise, Serin connaît bien. Alors âgé de 18 ans et pensionnaire du centre de formation, il en pose une première pierre en 1967. « C’était à l’entraînement. Georges Eo me fait une passe. Tout le monde s’attend à ce que je contrôle pour ensuite dribbler ou refaire une passe, comme ça se faisait à l’époque. Mais j’ai l’idée de lui remettre le ballon en une touche de balle. » Les deux hommes viennent d’exécuter le premier une-deux de l’histoire.

S’il ne fera pas carrière à cause d’une grave blessure, Serin deviendra malgré tout intendant du FCN. Et surtout la mémoire vivante d’un club dont il a suivi de près tous les exploits. « On se rappelle tous du but de Patrice Loko contre le PSG. C’est vraiment l’aboutissement d’un jeu unique. Il faut se souvenir qu’à l’époque les joueurs n’étaient que physiques. Nous à Nantes, on a eu l’idée de se faire des passes les uns aux autres et d’avoir des joueurs qui prenaient les espaces. Ça avait énormément choqué en France, mais quand on voit comment le Barça s’est approprié l’idée par la suite… »

Un chef d’oeuvre bâti par des petites mains comme Serin, mais aussi par des grands philosophes. « Jean-Claude Suaudeau, c’est un sage. Un monsieur qui voit des choses que d’autres ne voient pas. Je me souviens d’une interview de 2012 où il expliquait que le Bayern était une grande équipe, que Guardiola était l’un des meilleurs entraîneurs du monde et que Xavi était un joueur très intelligent. Cette vision du football, pour moi c’est ça le jeu à la nantaise. » L’OL est prévenu et ferait bien d’être attentif samedi. Les joueurs adverses pourraient en effet se faire des passes et des une-deux. Un ADN, un héritage…

Zénon Zadkine

(Photo Arnaud Duret / FC Nantes)

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