Everton – OL (1-2) : strawberry fields for Aouar

OL

LES NOTES. Après des débuts bien trop timides en Ligue Europa pour y voir clair, l’OL se déplaçait à Goodisson Park pour continuer à tenir son destin pour la suite de la compétition. Sous la pluie du Nord de l’Angleterre, les Lyonnais ont pu s’en remettre à ce qui leur reste d’ADN européen et à ce qu’il faut de talent pour emporter la mise (1-2). Avec, en point de mire, une idée de jeu qui, si elle prend forme, donnerait presque des envies de tubes taillés pour un 4-2-3-1 enfin dans le vent.

 

3e journée du groupe E de Ligue Europa, jeudi 19 octobre 2017

Everton FC – Olympique Lyonnais

Buts : Williams (69e) pour Everton, Fekir (6e sp) et Traoré (75e) pour l’OL

Avertissement : Lookman (55e), Williams (66e) pour Everton, Traoré (66e) pour l’OL

Everton : Pickford – Holgate, Keane, Williams (cap), Martina – Klaasen (Lookman, 46e), Schneiderlin (Sigurdsson, 57e), Davies – Vlasic, Calvert-Lewin, Mirallas (Ramirez, 68e). Entr. : Ronald Koeman.

OL : Lopes – Tete, Marcelo, Diakhaby, Marçal – Tousart, Aouar – Traoré, Fekir (cap) (Ferri, 61e), Memphis (Ndombele, 89e) – Maolida (Cornet, 70e). Entr. Bruno Genesio.

Lopes 7 – Tete 5, Marcelo 5, Diakhaby 5, Marçal 5 – Tousart 6, Aouar 8 – Traoré 7, Fekir 6, Memphis 5 – Maolida 6

LE JEU. Dans un monde où l’on parvient à révéler l’existence des ondes gravitationnelles, on n’est toujours pas foutu de savoir quel club de Liverpool les Beatles ont bien pu supporter. Peut-être parce qu’on n’a jamais voulu s’avouer que des mecs capables de faire taire tout un pub sans brailler, l’ascendance irlandaise en bonne et due forme, n’en avaient tout simplement rien à foutre de la plus féroce des passions qui agite encore une ville partagée entre Reds et Blues.

On ne va pas dire qu’il a fallu emprunter le même chemin pour Genesio, à savoir s’en foutre, histoire de trouver à son tour la formule qui permettrait enfin d’y voir plus clair. Reste qu’une idée de jeu a enfin eu raison des brumes qui, ces derniers temps, agitaient un peu plus la tête des suiveurs lyonnais que les rives de la Mersey. La première raison tient dans ce passage du discours à l’acte. Six mois qu’on entend le coach lyonnais s’en remettre à l’état d’esprit providence en guise de projet de jeu. Pour au final faire tenir les résultats de l’OL sur les épaules d’un joueur suffisamment au-dessus du lot pour sauver une fin de saison ou mettre fin à une série bien trop terne.

Il faut croire que la dernière prestation de Fekir à Monaco ait mené cette histoire à son terme pour convaincre Genesio de s’animer à son tour du courage qu’il exige de ses joueurs. Ce qui est d’abord passé par une composition à l’audace qu’on ne lui soupçonnait plus, balançant Aouar en Pirlo, regista à peine protégé par son Rhino de Gatousart.

Au-delà d’une performance qui n’a pas encore électrisé les foules lyonnaises à la façon d’un fab’ four-four-three, l’OL a su jouer des variations au gré des événements – la sortie de Fekir à une demi-heure de la fin – et des possibilités de jeu qui s’offraient – la pression d’Everton et les possibilités de contres qui allaient avec. Car Genesio s’en sort aussi avec un bout de coaching gagnant, Cornet envoyant sa passe dé’ à Traoré cinq minutes après son entrée sur le terrain (74e).

On sait déjà qu’il faudra retomber très vite sur un blues bien plus épais que celui d’Everton lors du prochain déplacement à Troyes. En attendant, on a pu voir un air, un rythme et même ce qu’il faut d’aventures vers des contrées plus expérimentales pour attendre la suite avec intérêt. Comme s’il avait fallu revenir sur les terres du Mersey Beat pour se remettre à croire en la possibilité d’un tube.

 

LES JOUEURS. Encore faut-il se mettre d’accord sur ce que l’on entend quand on parle de tube. Il y a celui qui met d’accord tout le monde, sur un mouvement, une façon de mener un match d’un bout à l’autre, sur une action tellement décisive qu’elle est appelée à faire date. C’est Fékir face à Monaco. Forcément, après une performance aussi allumée, on passe les premières vingt minutes de domination lyonnaise à traquer ses duels, ses appels, ses accélérations. C’est pourtant ailleurs que la présence de Nabilon finit par frapper : alors que les coups commencent à pleuvoir à chaque prise de balle, il s’emploie surtout à mettre son équipe dans le sens du but par son travail de repli et de harcèlement. Dans un milieu où les premiers duels se jouent déjà l’intensité des après-midi de Premier League, il envoie son lot de décharges suffisamment électriques pour gêner les premières relances ou gratter un ballon de récup’ qui pourra faire la différence.

 

There is Aouar

C’est surtout dans le dos du capitaine que l’on commence à deviner le premier écho du tube. Un tube pas encore taillé pour le grand public. Un de ceux qui saura gagner cette reconnaissance mutuelle qu’aime tant chercher le public lyonnais avec ses joueurs. C’est toujours la même histoire qui provoque le ravissement des tribunes. Un joueur se pointe, la classe dans le moindre de ses mouvements et l’intelligence dans le jeu pour mettre tout le monde d’accord entre Saône et Rhône. Il s’y est employé sur les rives de la Mersey avec une facilité déconcertante. A peine le temps de se frotter au monde du professionnalisme qu’on le situe déjà au-delà. C’est du moins l’impressin qu’il donne quand il provoque le grand basculement de la droite vers la gauche qui mène, en bout d’action, au pénalty sifflé sur Marçal (5e). Avant d’envoyer Fekir, dans la profondeur cette fois, sur une passe bien calibrée (9e), histoire de confirmer le premier temps fort lyonnais.

La technique a beau être brillante, elle reste toujours dans le bon tempo et fait briller l’ensemble. Maolida aurait même pu en profiter s’il n’avait transformé une récupération sur un tacle glissé et la passe qui conclue la percée plein axe du néo-regista en un joli petit naufrage sur Pickford (51e) Un joueur remarquable n’est pas forcément celui qui marque le plus ou qui fait tout pour qu’on le remarque. C’est celui dans lequel une ville et ses tribunes vont pouvoir se projeter. Avec sa classe bien au-dessus de la moyenne, il semblerait qu’Aouar ait plus que jamais la gueule de l’emploi.

 

Pacific streetfighter

Il en va des groupes comme des joueurs, certains sont appelés à vivre dans l’ombre. Sans doute parce que c’est encore là qu’ils brillent le plus. Liverpool n’a pas échappé à la règle, livrant sa plus belle paire de losers magnifiques aux amoureux de la pop à grandes envolées avec les frères Head – qui se planquaient sous le nom de Pale Fountains. Sans Ndombele, Tousart a mené son match un peu plus seul qu’à l’accoutumée, chargé de veiller sur la perle du soir, Aouar, à la façon d’un Rhino s’en prenant à ceux approchant d’un peu trop près Pirlo.

Difficile dès lors de retenir une action plus qu’une autre, comme il reste impossible de sortir un titre du Pacific Street des Pale Fountains. C’est le lot des types promis à l’oubli. Alors, on s’en remettra à cette dernière image en forme de screenshot qui voit, sur la baston déclenchée par Williams (64e), Tousart rester impassible alors que les coups pleuvent d’un peu partout, depuis le terrain et les tribunes. Le Nordiste tient déjà bien assez son match comme ça, dans la grande largeur. Il sait très bien qu’on ne lui donnera jamais le titre de MVP le temps d’un match ou d’une saison. Sa place de titulaire qui a fait valser Gonalons – né un soir d’Europe à Liverpool – plaide déjà bien assez pour lui. Pour le Nobel de la Paix, en revanche, tout reste encore possible.

 

The killing move

D’autant que sur le but qui suit, l’OL manque d’y laisser sa peau d’équipe qui domine plutôt bien son sujet. Là encore, on peut s’en remettre à la grande histoire de la pop liverpuldienne pour comprendre le fil de la fin de soirée. Et qui renvoie à Ian McCulloch, meneur d’Echo & The Bunnymen, qu’on tient plus en respect pour ses sorties vachardes en public que pour ses chansons.

Si l’OL a tenu à son tour ce soir, il le doit en grande partie à son expérience des soirs d’Europe. Là où le match menaçait de finir en noyade sous la lune mortelle de McCulloch – grand supporter des Reds, d’accord – et sous les coups de Williams, les nerfs ont tenu bon et il a suffi d’un mouvement, double accélération de Cornet et talonnade de Traoré, pour venir à bout de ces tempêtes comme on aime en déclencher sur les rives de la Mersey.

Pour sortir du temps faible qui a fini par s’étendre et gagner en intensité entre les deux mi-temps, il fallait aussi un gardien capable de signer des sorties dignes du leader d’Echo & The Bunnymen et de faire oublier les passes en retrait toujours plus au radar de Marcelo. Comme ça que Lopes est parvenu à sauver la mise à deux reprises depuis son poteau droit, d’abord face à Lookman (45e), profitant d’un lob sur Marçal, puis en s’étendant de tout son sur la tête smashée de Calvert-Lewin (85e). On ne demandait rien d’autre à Lopes que de tenir sa ligne de base. Il a fait mieux que ça, ramenant des deux poings ce foutu destin qui menaçait d’échapper aux Lyonnais en Ligue Europa. Cool, l’OL peut enfin compter à nouveau sur la scène européenne. Au moins jusqu’à Troyes.

Serge Rezza

(Photo UEFA)

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