Coups francs directs à l’OL : retour sur l’après Juni

Olympique Lyonnais

SAUDADE. Si limiter l’apport de Juninho à l’OL à sa capacité à battre le gardien sur coup franc est une grossière erreur, force est de constater que le milieu brésilien a marqué les esprits -et débloqué bien des matchs- dans cet exercice. Six ans après le départ de Juninho, 44 coups francs inscrits en huit ans, retour sur le bilan moins reluisant de sa relève. Jusqu’au réveil de Nabil Fekir ?

 

(Re)lire l’interview de Juninho

 

Il ne faut pas attendre longtemps pour voir des buts sur coup franc au cours de la saison 2009-10, la première sans Juninho (et Karim Benzema, qui avait parfois tenté sa chance avec succès à l’OL). Dès la première journée, Lisandro égalise ainsi en toute fin de match au Mans pour arracher le 2-2. Toujours en août, Miralem Pjanic, numéro 8 dans le dos, envoie le ballon sous la barre de Silvio Proto, portier d’Anderlecht, en tour préliminaire de la Ligue des Champions lors d’une victoire 5-1. Le même Pjanic renouvelle l’opération lors d’une victoire 4-0 à Debrecen en phase de poule, courant septembre. La fréquence diminue ensuite, et il faut attendre fin novembre pour voir Lisandro tromper Abdoulaye Diallo, troisième gardien de Rennes, lors d’un 1-1 tristounet sous le déluge.

Bastos et les gauchers

Si Pjanic va régulièrement prendre sa chance par la suite sans retrouver le chemin des filets, l’Argentin va peu à peu lâcher l’affaire. Le cinquième et dernier coup franc de cette saison 2009-10 est inscrit par Michel Bastos, au détour match particulièrement accompli à Sochaux lors la 25e journée (0-4, triplé pour le Brésilien). Le début d’une prise de pouvoir des gauchers à l’OL.

2009-10, 5 : Lisandro (2), Pjanic (2), Bastos (1)

 

Les saisons suivantes sont certes pauvres en coups francs directs (quatre en tout). Mais Bastos est dans le coup à deux occasions, lors d’un nul à Rennes en 2010-11 (1-1, 12e journée), puis contre Nancy en 2011-12 (3-1, 10e journée).

Kim Källström complète la (courte) liste. Le Suédois marque à Nice (2010-11, 29e journée) lors du fameux 2-2 qui vit la défense Cris-Diakhaté sombrer (chose plutôt fréquente à l’époque) et Lloris fondre un plomb (beaucoup plus rare). Le souvenir sera meilleur lors du quart de finale gagné au Parc face au PSG en 2011-12 (3-1, égalisation à 1-1 de Källström) en Coupe de France, une compétition que l’OL remportera d’ailleurs par la suite.

2010-11, 2 : Bastos et Källström
2011-12, 2 : Bastos et Källström

 

La saison 2012-13 sera plus prolifique. Pour son dernier semestre lyonnais, Bastos inscrira deux nouveaux coups francs. L’un tire l’OL d’un traquenard à Annecy face à Évian TG (2e journée, 1-1). L’autre renvoie Romeyer à son art de la métaphore. Avant le match, le président de Sainté affirme sur RMC que : « On ne compare pas une Ferrari (Ruffier) à une 2CV (Vercoutre) ! » Sur le tir pourtant plein centre du Brésilien, c’est bien un placement hasardeux du portier stéphanois qui offre le derby à Lyon (1-0, 16e journée), malgré l’expulsion de Mouhamadou Dabo et quelques jours après une première victoire à Geoffroy-Guichard en Coupe de la Ligue.

Le dernier gaucher de cette liste est plus anecdotique : en Ligue Europa, Fabian Monzon (mais si, rappelez-vous… latéral gauche… Argentin… venu de Nice…) marque lors d’une victoire 4-3 en Israël contre Kiryat Shmona.

 

Grenier prend le relais

Au mercato hivernal, Bastos fait ses valises pour Schalke. Clément Grenier, qui a bien failli rejoindre Nice six mois plus tôt, s’empare du rôle d’artificier avec brio. À la clé : les fameux deux coups francs à Nice (37e journée, 1-1) et contre Rennes (38e journée, 2-0), qui contribuent à la troisième place de l’OL à l’issue de la saison, et à la hype Grenier de l’époque.

2012-13, 5 : Bastos (2), Grenier (2), Monzon (1)

 

Dès la première journée de l’exercice 2013-14, Yoann Gourcuff nettoie la lucarne de David Ospina, contre Nice (4-0). Ce sera l’unique coup franc inscrit par l’ancien Bordelais sous les couleurs lyonnaises. Et une métaphore de ses deux dernières saisons avec l’OL : sublime mais trop rare.

Grenier poursuit son œuvre à un rythme honnête, avec trois nouvelles réalisations : contre Nantes (3-1, 6e journée) et Sochaux (2-0, 20e journée), avec entre-temps un but de quarante mètres lors d’une victoire 6-1 contre La Suze (DH) en Coupe de France aux dépens d’un gardien peu inspiré.

2013-14, 4 : Grenier (3), Gourcuff (1)

 

L’Ardéchois réussira même à marquer l’unique coup franc inscrit par l’OL en 2014-15, malgré une saison à six matchs seulement, lors d’une victoire contre Évian (2-0, 35e journée).

 2014-15, 1 : Grenier

 

À Fekir de jouer

En six saisons, l’OL a donc inscrit dix-neuf coups-francs directs. Et l’ensemble des artificiers de cette période n’est plus dans l’effectif, à l’exception de Clément Grenier, malheureusement pas près de remettre ça. L’occasion de lancer une nouvelle « ère » de tireurs ? Alexandre Lacazette, qui a quelques fois tenté sa chance l’an passé, et Mathieu Valbuena, auront sans doute des arguments à faire valoir quand l’OL obtiendra des coups francs « pour droitier ». Un peu plus loin dans la hiérarchie, Corentin Tolisso, Jordan Ferri, Arnold Mvuemba voire Samuel Umtiti ont pu prendre leur chance ponctuellement et honorablement par le passé. Mais c’est Nabil Fekir qui ressemble le plus à un « héritier » pour Juninho. Nabilon est régulièrement derrière le ballon en ce début de saison. Il a même fait trembler les filets du Milan lors de la préparation. S’il a touché les montants à deux reprises dans l’exercice, il n’a en revanche toujours pas débloqué son compteur en match officiel. À Saint-Priest, il s’en était pourtant fait une spécialité en U19 nationaux. En Ligue des champions, ça marquerait peut-être un peu plus les esprits.

Les buteurs lyonnais sur coups francs depuis 2009

Grenier (6), Bastos (5), Pjanic (2), Lisandro (2), Källström (2), Monzon (1), Gourcuff (1)

Éloi Paillol

(Photo Nolwenn Le Gouic – FEP / Panoramic)

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