Cédric Tuta (La Duchère) : “Je suis convaincu qu’on va monter”

Tuta

ENTRETIEN. Sur les terrains, Cédric Tuta est avant-centre de la Duchère depuis son arrivée en provenance de Saint-Priest en 2015. Hors des terrains, Cédric Tuta est aussi Mister République du Congo International 2017. Un drôle de palmarès dont on a parlé avec lui.

 

Dès son élection, les plaisanteries ont fusé. « Il paraît qu’ils étaient trois à se présenter. Mister RDC ça signifie quoi ? Mister Rez-De-chaussée ?«  Depuis, les choses ne se sont pas vraiment calmées dans le vestiaire de la Duch’ : « Les vannes qui reviennent c’est plus des “Oh les gars, laissez la place, on a Mister Congo avec nous !”, des trucs comme ça », nous explique Cédric Tuta en sortant son écharpe de sa poche pour la photo.

« Vas-y pour le délire »

Des plaisanteries de bonne guerre pour un titre que le numéro 14 de la Duchère ne pensait pas vraiment remporter : « C’est ma cousine qui m’a dit que j’aurais mes chances. Je ne l’aurais pas fait de moi-même. Je suis footballeur, je m’entraîne tous les jours, j’ai match le week-end… Elle m’a quand même inscrit, je suis allé faire quelques répétitions et tout le monde m’a dit “Allez, vas-y, pour le délire.” C’était le 10 décembre à Noisy-le-Sec et j’ai gagné. » L’écharpe en poche, il doit désormais gérer les obligations nées de son nouveau statut : « Surtout participer à des événements, pour des œuvres caritatives ou quand ça réunit la diaspora africaine. Je ne peux pas toujours honorer les invitations à cause du foot. Je les avais prévenus que c’était le football avant tout. »

L’attaquant espère aussi se rendre en RDC, pays où il n’a jamais mis les pieds. Sixième enfant d’une famille de huit, Cédric Tuta est le premier à être né en France, à Rouen plus précisément. C’est là qu’il démarre le football, et une carrière chaotique. Il écume tout d’abord les clubs normands : le FC Rouen, Darnétal (club de quartier où jouent ses potes, qu’il rejoint), Quevilly, l’US Sapins, Oissel où il signe son premier contrat seniors, puis un retour à Quevilly où il joue peu mais est dans l’effectif lors des deux saisons de la montée en National puis de la finale de Coupe de France perdue contre Lyon. À 24 ans, Tuta part alors deux ans à l’étranger en Belgique et en Écosse. Rapatrié en France, à l’US Le Pontet, par Noël Tosi, il quitte le club en même temps que l’entraîneur et atterrit finalement à Saint-Priest début 2015. Ses six bons mois ne suffiront pas à sauver l’ASSP de la descente en CFA2, mais convainquent la Duchère de faire le forcing alors qu’il avoue avoir été un peu sceptique au début. « Je n’avais pas forcément eu de bons échos, et je l’avais d’ailleurs dit au président et à Karim [Mokeddem, l’entraîneur]. Ils ont vraiment insisté malgré ma réticence, ça m’a plu. Et je ne regrette pas quand je vois où on en est aujourd’hui et comment le groupe vit. On est comme des frères. C’est ça qui fait notre force. »

Tuta

En Écosse, Cédric Tuta a joué dans des stades champêtres (comme ici à domicile avec son club d’East Fife), mais aussi à Ibrox, antre des Rangers et une « bête de stade, un stade Ligue des Champions ». Il y a d’ailleurs croisé Sébastien Faure : « On s’est affrontés quand il était à Glasgow. Je ne le connaissais pas. En plein match, ça parlait anglais et il me dit “T’es français, toi ?” “Ben comment tu sais ?” “T’as de l’accent, ça s’entend.” À la fin du match on a un peu sympathisé, même si on s’est perdus de vue ensuite. Et il y a quelques mois, j’arrive chez le kiné et on me dit “Sébastien Faure te passe le bonjour !” Je demande ce qu’il fait là et on me dit qu’il est de Lyon ! Je ne le savais même pas. On lui a dit que je venais au cabinet aussi et il se souvenait de moi. On s’est finalement croisés et on a parlé de nos parcours. » (Photo Dunfermline Athletic FC)

 

À la Duchère, la signature de Ladislas Douniama cet hiver a rajouté de la concurrence, mais Cédric Tuta a des atouts à faire valoir. « Je suis puissant, j’ai un jeu tourné vers l’avant. Je ne suis pas Usain Bolt, mais je cours assez vite pour mon gabarit. Je peux jouer en pivot comme je peux aller en profondeur. Certains pivots peuvent juste jouer en remise, moi je peux aussi faire des grandes courses. » On rajoute le jeu de tête à ses qualités, mais il nous reprend : « Je ne suis pas mauvais, mais ce n’est pas mon point fort. Faut arrêter de croire que tous les joueurs qui sont grands [il fait 1,95 m] sont forcément bons de la tête. Ce week-end, j’ai marqué de la tête et je me suis fait chambrer. Depuis que je suis là, je n’avais jamais mis un but de la tête ! » D’un point de vue personnel, il avoue que son objectif est de rattraper Sofiane Atik, pour l’instant meilleur buteur du club du plateau : « Je lui ai dit de continuer avec ses passes décisives (Atik est aussi meilleur passeur de la Duch’) et de me faire marquer. Je veux juste le dépasser pour les buts, les passes dé je m’en fous. »

 

« La montée est entre nos pieds »

Et sur le plan collectif alors ? À neuf matchs de la fin de la saison, Tuta se montre plus que confiant sur l’avenir de la Duch’ : « Avec l’équipe qu’on a, ce serait presque une faute professionnelle de pas monter. On a de la qualité partout, derrière comme devant. Pour moi, c’est le moment ou jamais. Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Là, notre force c’est d’être une famille. L’an prochain ça peut changer. Et même en Ligue 2, ça peut être bon si on ne change pas trop l’effectif et qu’on fait des petites recrues. Parfois, les clubs montent et font venir des mercenaires ou des mecs périmés juste pour le CV. C’est mieux de faire comme on a fait là en passant du CFA au National. On a gardé la grande majorité de l’effectif et on a juste pallié les départs. Je suis convaincu qu’on va monter. C’est entre nos pieds, à nous de faire le moins d’erreurs possibles. » On sait que les discours des participants aux concours de beauté sont toujours excessivement optimistes. Mais cette fois, on a envie d’y croire.

Hugo Hélin

(Photo Hugo Hélin / Le Libéro Lyon)

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