Cause-la comme Bruno

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GENESISME. Ils ont fait fureur sur les réseaux sociaux. Les deux reportages « en immersion » dans le groupe de l’OL, à l’occasion des victoires dans le Derby et contre le PSG, proposent des extraits de causeries d’avant-match de Bruno Genesio. Des mots qui inspirent. Reportage auprès des équipes de foot loisir lyonnaises, qui s’en sont massivement emparés.

« À la perte du ballon, le plus proche du porteur doit aller presser ! » Jérémy, capitaine et stoppeur du Bayer Les Verres Cul-Sec, dernier au classement de la poule « Amicale » de la FSGT du Rhône, harangue son équipe dans les vestiaires du stade Jules-Guesde de Villeurbanne. Il n’est pas le seul, sur les terrains du foot loisir local, à s’inspirer des causeries de Bruno Genesio. Nos équipes ont sillonné les complexes sportifs, révélant cette tendance lourde : les éléments de discours du technicien, passés à la postérité via les récents reportages du club, sont répétés sur les synthétiques d’une multitude de stades lyonnais.

Larmes aux yeux

Les mots ciselés de Genesio ont trouvé une résonance. Et sont parfois repris à la virgule près. « Beaucoup d’agressivité dans les duels. Beaucoup d’agressivité dans notre jeu. Quand on a le ballon, faut faire de bonnes passes », martèle lors des premières minutes du match Thomas, cariste dans le civil et avant-centre du Bistrouille FC, adversaire du jour du Bayer. Pour Bernard Lacombe, le phénomène de mode est logique : « On a longtemps empêché les reportages en interne pour protéger ce savoir-faire. Mais à un moment donné, les supporters, même s’ils sont avant tout là pour soutenir le club, ont aussi le droit de connaître le fonctionnement d’une équipe de l’élite. »

Les lèvres du conseiller du président Aulas bougent en même temps que la causerie de Bruno Genesio avant le Derby, qui passe en boucle dans son bureau et qu’il connaît par cœur. « On est meilleurs qu’eux, ça c’est sûr. Mais aujourd’hui ils sont devant nous au classement. C’est qu’ils ont un truc de plus : la niaque, la grinta. Ça ils ont un plus que nous sur certains matchs, mais ce soir je pense pas qu’ils vont avoir ça en plus », murmure-t-il, les larmes aux yeux.

Dopage moral

Terrain en ghorre de la plaine des jeux de Gerland, lundi à 18h30. « Il faut qu’on repousse nos limites, les gars, merde ! », ahane Antho, milieu défensif du FC Pieds Carrés (poule Promotion A du championnat de foot à 7 FSGT), à la mi-temps d’une rencontre mal engagée (1-6 à la pause). Son équipe ne joue qu’à 6, un changement d’emploi du temps au travail de sa femme ayant contraint Pierrot à s’occuper des enfants. Une infériorité à compenser par un dopage moral, via une formule toute génésienne : « Faut pas qu’on ait de regrets ! »

Opportunistes, certains n’hésitent pas à s’approprier les devises du coach lyonnais pour les adapter à leur sauce. C’est le cas de F-X, entraîneur auto-proclamé d’une bande d’étudiants en droit à Lyon 2 venus affronter, comme chaque dimanche matin, certains de leurs homologues d’éco-gestion. Tout le monde est arrivé et le match va démarrer d’une minute à l’autre. « Je ne sais pas où vous allez trouver Bertrand et peu importe, mais trouvez-le. Déjà 20 minutes qu’il a posé son sac à côté des ballons pour aller vomir. On a besoin d’un vrai gardien. »

Retour en FSGT. Alors que nous nous apprêtons à quitter le stade Jules-Guesde, en cours de deuxième période, Jérémy interpelle l’arbitre : « Oh, m’sieur l’arbitre, soit vous mettez rouge, soit ça part en couilles ! » Non, celle-ci n’est pas issue d’un reportage inside de l’OL et ça se sent. Mais Jérémy aura peut-être mieux en magasin dans les prochaines semaines : le club semble prêt à proposer davantage de vidéos à l’avenir.

Éloi Paillol

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