OL – Monaco : cacaméra embarquée

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GROS PLAN. Dimanche soir, les téléspectateurs posés devant Canal + ont pu sentir une petite différence en regardant l’OL : un nouvel angle de caméra, plus bas, plus proche des joueurs. Une innovation catastrophique sur tous les plans.

Il fallait bien s’accrocher pour suivre le match Lyon-Monaco dimanche soir. Déjà en découvrant la compo, le ton était donné : l’OL n’avait pas vraiment l’intention de défendre corps et âme sa peau contre le leader monégasque. Mais le principal défi n’était pas là. Pendant 90 longues minutes, il a fallu supporter un angle de caméra nouveau, abaissé d’un cran pour « dynamiser » la retransmission. Une idée empruntée à l’Angleterre, avec sa fameuse « intensité » qui masque le néant tactique.

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Captures d’écran : @Coeur_de_gone

 

Plus de (faux) spectacle, moins de football

Nos amis des Cahiers du Football avaient déjà abordé le sujet il y a 3 ans lors du Mondial 2014 : chaque année, la réalisation française des matches de football est de plus en plus saccadée et hachée, au détriment de la clarté. Comme il était compliqué, dimanche soir, de suivre la rencontre avec un minimum de recul ! Avec un angle de caméra très bas et proche des joueurs, impossible de voir le plan d’ensemble, de percevoir l’appel de balle assassin qui amène le danger. Finis les « À gauche ! À gauche ! » lorsque l’espace est visible pour tous les téléspectateurs. Désormais, il faudra se contenter de gros plans sur un latéral qui déborde, ou d’un plan sur entrainement en pleine phase de jeu. Plus de spectacle, moins de jeu.

Cette réalisation n’est pas nouvelle. En Angleterre, les rencontres sont très souvent filmées sous cet angle proche du terrain, ce qui donne au championnat anglais cette fausse impression « d’intensité ». Quiconque suit la Premier League sait bien que l’intensité physique ne fait que masquer des plans de jeu relativement simples une fois le premier tiers du classement dépassé. En France, on retrouve cet angle dans les tous petits stades, pour des contraintes techniques. C’est d’ailleurs ce qui rend une partie des rencontres de Coupe de France aussi peu lisibles. Désormais, la Ligue a tranché : la lisibilité du jeu est moins importante que la dynamisation artificielle de la retransmission. Tant pis pour ceux qui aiment le football.

 

Vertiges et nausées

L’absence de clarté dans la réalisation n’est pas le seul problème posé par cette nouvelle donne télévisuelle imposée par la Ligue. Avec cet angle très étroit, à la fois proche des joueurs mais aussi écrasé par le manque de hauteur, la surface de jeu couverte par l’écran ne dépasse pas 30-40 mètres. Une zone très étriquée qui pose visiblement problème aux caméramen eux-mêmes.

Dimanche soir, face à la vitesse des contre-attaques monégasques, les mouvements brusques, zooms et dézooms ont pollué le match de la première à la dernière minute. Ces mouvements intempestifs, en plus d’achever pour de bon la lisibilité du jeu, ont donné une impression de « montagne russe » à la réalisation. Une sorte de Space Mountain télévisuel version Ligue 1. Même dans leurs pires cauchemars, les suiveurs du football français n’avaient probablement pas imaginé ça.

 

Double cache-misère

Au-delà de l’argument contestable de la dynamisation du jeu, on peut surtout se demander si la véritable raison de ce changement dans la retransmission ne se cache pas ailleurs. Lors du match Lyon-Monaco, l’angle de caméra ne laissait apparaître que les tribunes inférieures et intermédiaires, pleines. L’anneau supérieur, majoritairement vide, n’est quasiment jamais apparu à l’écran.

Ce nouvel angle, qui fait déjà office d’accélérateur artificiel dans un championnat qui manque cruellement de jeu, remplit également un rôle bien pratique de cache-misère pour les tribunes. Sur les cinq premiers du championnat, seul le Paris Saint-Germain remplit son stade correctement, avec un taux de remplissage qui frôle les 94%. Derrière, c’est la misère absolue. Monaco (55%), Nice (61%), Bordeaux (55%) et Lyon (67%) affichent des taux de remplissage assez catastrophiques pour des supposés cadors du championnat. Même Marseille, autrefois bon élève, fait peine à voir avec un petit 58%. Après un Euro 2016 plutôt réussi, ces affluences ont de quoi inquiéter, surtout dans une saison où le spectacle et le suspense sont au rendez-vous.

Dynamisation artificielle de la rencontre, affluences décevantes cachées sous le tapis, et désormais idées absurdes pour révolutionner le championnat : la Ligue a effectivement bien identifié tous les problèmes du championnat français. On ne peut qu’être encore plus déprimé de voir qu’elle a décidé de tous les prendre par le mauvais bout.

Charly M.

(Capture d’écran Canal +)

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