Le bac, mention Intertoto

OL

ÉPHÉMÉRIDE. Il y a 20 ans jour pour jour, le 26 août 1997, l’OL remportait le seul trophée européen de son histoire. Après une phase de poules de cinq équipes (qui s’affrontait chacune une fois), des demi-finales puis une finale en deux manches remportée contre Montpellier, l’Olympique Lyonnais devenait en effet l’un des trois clubs français vainqueurs cette année-là de la Coupe Intertoto (avec Auxerre et Bastia). Car oui, cette compétition estivale au nom si rigolo, qui correspondait grosso modo aux tours préliminaires de Ligue Europa d’aujourd’hui, couronnait trois vainqueurs. Pour évoquer cette épopée trépidante, l’ultra des bibliothèques (comme il se définit joliment) phanou herko a accepté d’évoquer ses souvenirs de l’été 1997.

 

Le bel été 1997, l’année du bac pour moi. J’étais encore dans les dernières épreuves, le stress du résultat et l’euphorie des soirées pour fêter l’immanquable, que l’OL avait déjà repris le chemin des terrains depuis plusieurs semaines pour disputer la plus exotique des compétitions européennes, la fameuse C4. Cette mythique Intertoto, cette coupe qui te permettait d’étudier le relief slovène ou la cartographie urbaine d’Istanbul, alors même que le football t’avait déjà bien aidé en géographie.

Pourtant j’étais animé de bien peu d’enthousiasme à l’idée de suivre cette intersaison 1997. Il faut dire que nous sortions d’une année compliquée. Douze mois marqués, tout d’abord, par la déchirante défaite en finale de Coupe de la ligue contre la chenille messine emmenée par les PP flingueurs (l’écrire me file encore la nausée…). Ensuite il y a eu le 7-0 à Auxerre et le largage du soldat Guy Stephan en plein chaos champêtre à l’Abbé-Deschamps. Puis éclata l’affaire « Bim ! Bam ! Ouh ! Ah ! Olmeta ! ». On le remplaça par le gardien des Verts qui ne trouva rien de mieux que d’encaisser 10 buts lors de ses trois premiers matchs. Gerland a même grondé, cette année-là, au cœur de l’hiver. Des « Lacombe démission » puis des « Aulas démission ».

 

On vous spoile tout de suite la fin : le trophée de la Coupe Intertoto est aujourd'hui en bonne position dans l'armoire à trophées du Parc OL (Photo phanou herko)

On vous spoile tout de suite la fin : le trophée de la Coupe Intertoto est aujourd’hui en bonne position dans l’armoire à trophées du Parc OL. Pour le bac, on laisse le suspense. (Photo phanou herko)

 

 

Au mois de juin, nous avons dû digérer les départs de notre pépite Florian Maurice et de notre meilleur joueur du moment, le génial et altruiste Franck Gava ! Pour couronner le tout, on nous promettait le champion du monde Cafu… Le curseur de la promesse s’arrêta à 97% et on vit Christophe Delmotte et Patrice Carteron débarquer à sa place. À la lecture de cette litanie bien morose, je me demande encore comment j’ai pu avoir mon bac ! Heureusement, nous avions vécu l’impensable 8-0 contre l’OM. Les mauvaises langues marseillaises de l’époque disaient que le club phocéen avait lâché le match et le score pour laisser l’OL encombrer son été avec la coupe Intertoto. Possible. Nous, nous ne le savions pas encore, mais nous vivions la dernière saison de notre club sans qualification directe en coupe d’Europe (la série est en tout cas toujours en cours). Chacun son destin.

 

Mieux vaut un Delmotte à 100% qu’un Cafu à 97%

Le premier match eut lieu fin juin. Gerland (sans virage sud) était encore tout guilleret du somptueux coup franc de Roberto Carlos et du grandiose 3-3 que nous avaient offert Italiens et Brésiliens lors du Tournoi de France. Mais c’est un peu en traînant des pieds que nous nous rendions au stade. Davantage préoccupés par les dernières révisions que par cette équipe inconnue d’Odra Wodzisław, nous découvrîmes un OL plein de fraîcheur et de jeunesse : un triplé de Job et un but de Kanouté, 5-2 score final. Avec le match contre l’OM, cela faisait un total de 13 buts sur les deux derniers matchs à Gerland. On est repartis en bombant le torse… et j’ai eu 15 en histoire/géographie.

L’aventure se poursuivit en Slovaquie contre Zilina. Il m’en reste peu de souvenirs. France 3 préféra diffuser Auxerre et beIN n’existait pas encore. Dommage, car le festival continuait. 5-0 (Job, Cavegol deux fois, Laville et Delmotte) ! Dix-huit buts en trois matchs, cela reste un fait unique dans l’histoire de l’OL. Nos tauliers tenaient la baraque, les jeunes s’éclataient et les nouveaux donnaient satisfaction. Bernard Lacombe déclara à propos de Delmotte : « Il ne ménage pas ses efforts. En fin de match, j’ai même du le freiner. A 5-0, il continuait à aller sur un ballon impossible. Mais il reste 10 mois ! » Moralité nostalgique : mieux vaut un Delmotte à 100% qu’un Cafu à 97%.

 

Joseph-Désiré, ici contre Istanbulspor, a fait le Job en inscrivant cinq buts en quatre matchs de poule.

Joseph-Désiré, ici contre Istanbulspor en demi-finale, a fait le Job en inscrivant cinq buts en quatre matchs de poule.

L’été commençait à devenir intéressant. Et le débat qui animait nos conversations n’était plus « Tu révises pour l’oral ou pas ? » mais plutôt « Contre l’Austria Vienne, on met Kanouté/Job ou Bardon/Giuly ? ». Ce sera finalement Kanouté/Giuly/Bardon, avec Job en joker pour inscrire le magnifique but du 2-0. Un but de cour d’école : dribbles des deux derniers défenseurs, feinte pour éviter le gardien et entrée dans la cage avec le ballon ! Fabuleux ! D’autant plus que j’avais mon bac, sans passer par l’oral.

Pour le dernier match de poule, l’OL ne devait pas perdre à Bucarest face au Rapid et pourtant la qualification fut lente à se dessiner. Les deux buts lyonnais furent inscrits dans les dix dernières minutes par Giuly, d’une belle reprise, puis par Stéphane Roche d’un plat du pied en lucarne. À 1-0 pour les Roumains, Lacombe jeta tous ses atouts offensifs dans la bataille comme il le fera deux ans plus tard contre Maribor. Avec plus de réussite en Intertoto qu’en Ligue des Champions. Selon le Progrès du lendemain, c’est la permutation Giuly-Caveglia dans un classique 4-3-1-2 qui fit la différence. Il faut toujours faire confiance au Progrès. 1-2, score final.

 

Turc LV2

Mais peu importait la manière. Premier du groupe, l’OL était qualifié pour l’une des six demi-finales de la coupe Intertoto et allait y retrouver Istanbulspor (l’équipe de Salenko, le meilleur buteur de la coupe du monde 1994), six ans après Trabzonspor, autant dire #MauvaisSouvenirspor (même si les hashtags n’existaient pas encore) ! Le match aller n’ayant pas été diffusé, nous n’avons pas eu la « chance » de voir les Lyonnais souffrir dans une ambiance surchauffée et à la limite de l’hostilité (on dit que Cocard a été sauvé par son sac à dos d’un jet de barre métallique). Bien que Caveglia ait ouvert la marque, l’OL ne résistera pas à dix minutes de folie pendant lesquelles les Turcs égalisèrent et prirent l’ascendant. Mais rien n’était perdu et le but à l’extérieur entretenait l’espoir.

Pour le match retour, comme de coutume à Lyon quand l’OL accueille un club turc, la billetterie était sous contrôle (ahem). Je me suis donc retrouvé au beau milieu d’une portion non officielle du parcage stambouliote. Dommage, je n’avais pas pris turc en deuxième langue, cette séance de révision aurait pu être profitable. Je n’ai pas vu beaucoup le match, j’étais trop occupé à surveiller mes voisins, voire à essayer de les contenir. Sur le terrain, Cocard ouvrit le score sur un corner du capitaine Caveglia. Tout allait bien, l’OL était qualifié et mon entourage immédiat s’était calmé… jusqu’à ce que Job pète un boulon et claque un coup de pompe à un des ses adversaires trop collant. L’OL a tremblé pendant plus d’une heure jusqu’à la libération et un contre magnifique emmené par Kanouté et Giuly. « On est en finale ! » ai-je crié… après avoir quitté prudemment le bloc C de la tribune Jean Bouin.

 

Pour quelques millions (de francs) de plus

Cette équipe de l’OL 1997 nous enthousiasmait et nous nous mettions à rêver. Avait-elle enfin passé un cap ? Le début du championnat nous ramena à une triste réalité : trois matchs à domicile (Metz, Monaco et Bastia), trois défaites ; deux matchs à l’extérieur (Rennes, Le Havre), deux victoires. Non, l’OL était toujours l’OL. Il nous restait donc cette Intertoto. Les anciens avaient peut-être raison finalement, notre club serait pour toujours une équipe de coupes. La finale aller se joua dans un Stade de la Mosson aux trois quarts vide.

Je me souviens que les Montpelliérains finirent à 9, que nous avons gagné 1-0 malgré la supériorité numérique. Ce n’était déjà plus le football foufou toto du mois de juillet. Lacombe parlait « de solidité, de gestion et d’efficacité » et nous, nous sentions les prémices de la « philosophie » qui allait animer le jeu lyonnais pour les années à venir. La période Tigana paraissaient déjà loin. Il faut dire, qu’au club, les possibles retombées d’une qualification en C3 commençait à intéresser le boss. JMA, plutôt discret jusque là, rappela, à la veille de cette finale, que les enjeux ne se mesuraient pas en buts, mais en million de francs : 1,5 million de francs à se partager entre les trois vainqueurs, 4 millions de francs d’une subvention municipale supplémentaire en cas de qualif et surtout la perspective d’une belle affiche en C3, contre l’Inter Milan de Ronaldo par exemple, qui pourrait rapporter très gros !

L’OL allait tout de même nous offrir une belle soirée européenne. Dans un Gerland vierge de panneaux publicitaires (pas de diffusion télé), le MHSC céda rapidement sur un but de la tête de Laville. Les Lyonnais dominaient outrageusement la 1er mi-temps, avant de s’endormir (déjà!) en début de deuxième mi-temps et de se retrouver, en moins de deux occasions pour Montpellier, menés deux buts à un. Mais l’histoire fut belle. Carteron égalisa sur une déviation de Delmotte et nous pouvions chavirer vers le bonheur d’un succès européen sur un dernier but de Caveglia, marqué d’un tir plein d’assurance au bout d’un énième contre ! 3-2. L’été se terminait, c’était bientôt la rentrée. J’avais eu mon bac avec mention coupe d’Europe. Nous allions retrouver l’irrégularité de l’OL en championnat. Nous passions de la toto au train-train…

phanou herko

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