Vercoutre, fort en goal

Olympique Lyonnais

RANK’N’OL #S03E43. Depuis la victoire des Parisiens la veille, le rêve de titre avait sérieusement pris du plomb dans l’OL. À peine le temps de foirer une sortie à Caen (3-0) qu’il faut déjà solder les dernières illusions et faire les comptes. Il reste encore trois points à gratter pour gagner un accès direct en Ligue des Champions et quelques autres à distribuer pour faire un Rank. Qui peut se permettre de les envoyer comme Vercoutre en a imposé. À la gueule.

 

Le match : Merde in Normandie

 

Olympique Lyonnais

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

Olympique Lyonnais1. Rémy Vercoutre

Tous ceux qui l’ont vu se jeter dans le vide un soir de finale de Coupe de la Ligue face à Bordeaux (1-0, mars 2007) savent très bien de quoi est capable Vercoutre quand il s’agit de faire perdre un titre à l’OL. Le vide, l’ancienne doublure éternelle y avait goûté à nouveau, par la force des choses, au match aller. Abandonné par ses coéquipiers, il avait alors sorti une série de parades qui en disaient long sur son envie d’en finir avec ce rôle de doublure éternelle et de patron de vestiaire qu’on lui colle à chaque fois qu’il revient entre Saône et Rhône. Si sa demi-douzaine d’arrêts peut avoir valeur d’une petite rédemption, c’est encore vers l’influence que le bonhomme exerce sur une marmaille qu’il a vu éclore qu’on doit malgré tout le renvoyer. Elle tient pour une grande part à ce coup de gueule monumental sur Grenier, coupable d’une tentative de lob trop facile (31e) : « Dans un match, il faut savoir prendre le dessus psychologiquement. » À voir les tentatives qui suivent et qui échouent toutes aux mêmes poings, on mesure tout le travail de fond qu’il a fallu mener pour en arriver non pas à faire perdre leurs moyens aux attaquants lyonnais, mais à les rendre moyens, trop moyens. Avant le match, on se forçait vaguement à croire à un retour possible du titre de Capitale des Gaules à la maison. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, c’est son capital de gueule que l’OL peut regretter d’avoir laissé filer en Normandie.

Olympique Lyonnais2. Alexandre Lacazette

Les stats d’une folle saison n’y feront rien. Il fallait un titre et une équipe capable de l’accompagner pour laisser une dernière impression favorable et espérer ainsi décrocher la tymbale de MVP. Après Caen, Pastore et Verratti ne sont désormais plus que deux en lice. Ce n’est pas faute d’avoir tout essayé de se maintenir, toujours seul, parfois même un peu parce quand il a fallu s’en sortir au milieu de quatre défenseurs. Le Kid de Mermoz a eu beau repousser les limites des combinaisons les plus folles (double râteau, accélération en sortie de dribble, crochet court, frappe à la 15e), le traitement de faveur réservé par la défense caennais et le show Vercoutre ont eu vite fait de le ramener à la réalité. Pourtant, au plus fort de la pression, Lacazette a survécu là où les autres ont disparu : Fekir qui ne sait plus passer la quatrième en première période et Grenier qui sombre à la première soufflante. D’un coup, c’est tout l’OL qui est renvoyé à ses limites dans ces matchs qui puent trop cette décision qui finit par lui échapper. Dans ce tableau d’ensemble, Lacazette a déjà fait le chemin. Il est déjà ailleurs. Ne reste plus qu’à espérer une chose : qu’il puisse le rester à Lyon le plus longtemps possible.

Olympique Lyonnais3. Anthony Lopes

Le héros de la soirée se trouvant dans le camp d’en face, le voilà renvoyé le temps d’un match à son tout premier rôle, celui de doublure de Vercoutre. Il s’y est tenu certes parce que celui qu’il a poussé vers la sortie s’est montré le plus décisif, mais aussi parce qu’il n’avait pas le choix. Quand Dabo se met à jouer de la cisaille sur Koïta pleine surface (13e) ou que Benezet relègue Ferri en slow motion picture sur une première accélération (26e), on comprend que le temps risque de paraître long au gardien lyonnais. Au point de considérer le premier but encaissé sur un centre de Benezet (41e) comme une forme d’abandon de la part des siens. On en tient pour preuve ces colères à répétition qui l’annonçaient déjà en creux après un centre pour Nangis qu’Umtiti dévie in extremis de la tête (17e) ou un plat du pied que Koïta ne cadre pas (32e). L’OL était trop secoué pour ne pas être mené. Une fois qu’il l’a été, plutôt deux fois qu’une, il n’est plus question de remuer ciel et titre pour renverser la situation. Le coup de gueule décisif a déjà eu lieu et c’est Grenier qui en a fait les frais. Lopes peut toujours s’en remettre à ses arrêts pour sortir les siens du trou. Mais celui envoyé sur un premier contre de Bazile (86ème) ne sert déjà plus qu’à repousser le troisième but au contre suivant (87e). Faute d’avoir entretenu l’idée du titre, Lopes aura au moins su tenir avec dignité le rôle du gardien de Sisyphe.

Olympique Lyonnais4. Maxime Gonalons

Dans un match où l’on a pu apercevoir à deux reprises Bako Koné s’improviser en grand ordonnateur du jeu lyonnais, autant dire qu’on cherche encore le milieu lyonnais. Si on a bien vu passer quelques coups d’épaule qui se terminent en récupération pour Gonalons, on a la rétine bien trop marquée par les accélérations de Benezet sur Ferri pour se remettre de sitôt de la prestation d’ensemble du losange. Même en se faisant promener sur le second but caennais (44e), le capitaine lyonnais fait encore preuve d’un certain chic quand il faut rester à sa place. Là où personne ne le voit pour tenter, tant bien que mal, de boucher les espaces béants qui s’ouvrent quand Koné se promène sur toute la défense avec sa devise churchillienne en bandoulière : « Pas de sport, des tresses. » A peine plus loin, au coup de sifflet final, c’est sa place de capitaine qu’il reprend au milieu des tempêtes qui doivent agiter bien des crânes en filant présenter ses excuses au parcage lyonnais. Comme pour mieux signifier la seule place qui doit revenir à Lyon jusqu’à la fin des temps, à l’ombre de Paris. Raison de plus pour consacrer la saison qui doit se terminer comme l’année des ombres et accorder la place qui lui mérite à celui qui en a fait sa profession.

Olympique Lyonnais5. Samuel Umtiti

Le miracle ne pouvait pas durer au-delà du raisonnable. Quand la défense ne tient plus que sur une jambe, celle d’Umtiti – après avoir été strappé à l’échauffement – et six autres en bois, ça finit par se voir. Le Fossoyeur de Ménival a bien tenté de maintenir un semblant d’ordre, à coup de têtes qui retirent le but sur celle de Privat (10e), puis celle de Nangis (17e), on en est à tout juste 25 minutes de jeu quand il faut donner au vice un air de vertu. La faute sur Nangis est tellement grossière qu’on siffle simulation contre l’attaquant. N’importe quoi. Umtiti doit maintenant opérer sans filet et à cœur ouvert au milieu de sa défense. Une première face à Kanté avec Koné (40e), avant la générale où les deux centraux laissent filer la balle de Benezet (41e). Et comme le Général n’a pas le monopole du mauvais sort, c’est Ferri qui l’éclabousse de toute sa lose en lui refilant un duel perdu d’avance face à Benezet (44e). La première période se termine et il n’y a déjà plus rien à sauver. Fournier ne s’y trompe pas en bradant une bonne fois pour toutes sa défense : Bedimo renvoyé sur le banc à la mi-temps, Dabo qui valse de droite à gauche et Koné qui finit par sortir (76e). À un dernier contre près (87e), la défense n’aura jamais aussi bien tenu. Même sur une jambe d’Umtiti.

Par Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

(Photo Anthony Bibard – Panoramic)

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