Tactique : pour progresser encore, l’OL doit passer aux appels illimités

Mariano

TACTIQUE. Mariano Diaz a beaucoup progressé tactiquement depuis ses premiers matchs avec l’OL, mais il lui reste encore quelques axes d’amélioration. Ses appels – et ceux de ses coéquipiers – pourraient ainsi être plus dévastateurs.

 

C’est dans le dernier épisode du podcast Vu du Banc, consacré en partie au OL-PSG de dimanche dernier, qu’on l’a entendu évoquer la question pour la première fois. Florent Toniutti, par ailleurs tenancier du site Chroniques Tactiques, y expliquait que Mariano ne proposait selon lui pas assez d’appels en profondeur dans le dos du défenseur quand un coéquipier avait le ballon et fixait l’adversaire en question, mais qu’il avait plutôt tendance à réclamer le ballon dans les pieds devant la défense avant de faire son crochet et de chercher la frappe de loin.

Toniutti, qu’on a contacté pour approfondir la question, nous précise tout de même que sa remarque n’avait pas pour but de stigmatiser l’Hispano-Dominicain. « J’axais sur Mariano parce que c’est le numéro 9, mais c’est plus général. Il y a très peu d’appels, les attaquants demandent plutôt le ballon dans les pieds. Après m’en être aperçu, j’ai regardé quels étaient les joueurs qui faisaient des appels en profondeur dans les 30 derniers mètres côté lyonnais et il y en a très peu. Très souvent, les seuls joueurs qui arrivent lancés dans la surface sont les latéraux quand ils dédoublent avec leurs ailiers. » Il évoque ainsi une action précise, qu’on a retrouvée sur MyCanal.

“Cornet a de l’espace côté droit après une bonne sortie de balle. Il est lancé, va assez vite et la défense parisienne est exposée. Et pourtant, il n’y a pas de solutions qui s’offrent à Cornet. On peut s’attendre à ce que Mariano parte dans le dos de Thiago Silva (face à Cornet). En plus, s’il fait cet appel-là, ça peut aussi embarquer un défenseur et ouvrir la porte à un coéquipier. Au final, Cornet attend désespérement une solution et Rabiot revient, même s’il commet la faute.”

« Cornet a de l’espace côté droit après une bonne sortie de balle. Il est lancé, va assez vite et la défense parisienne est exposée. Et pourtant, il n’y a pas de solutions qui s’offrent au porteur de balle. On peut s’attendre à ce que Mariano parte dans le dos de Thiago Silva (le défenseur du PSG face à Cornet). En plus, s’il fait cet appel-là, ça peut aussi embarquer un défenseur et ouvrir la porte à un coéquipier. Au final, Cornet attend désespérement une solution et Rabiot revient, même s’il commet la faute. » (Capture d’écran Canal+)

OL-PSG : l’analyse tactique
(Chroniques Tactiques)

Mariano n’est certes pas le seul coupable, puisque Toniutti pointe aussi du doigt le fait que les autres joueurs offensifs soient restés à l’autre bout du terrain, là où l’action avait débuté. « Les trois se sont peut-être un peu déconnectés de l’action en voyant le jeu partir à l’opposé et en se disant que ça ne les concernait pas. Quelques secondes plus tard, l’action aurait pu être totalement différente s’ils avaient été concernés dès le départ. C’est le plus dur au haut niveau, de rester concentré en permanence. »

Mais cette action illustre aussi selon lui un mal récurrent. « L’OL a des joueurs qui lui permettent de sortir très vite d’une phase de pressing, avec un Ndombele qui va se retourner rapidement et se débarrasser de deux adversaires ou un Fekir qui prend trois gars sur le dos et les élimine, mais devant ça n’explose pas comme ça pourrait le faire. Malgré le fait que vous sortiez très bien certains ballons, ça n’aboutit pas sur de grosses occasions parce que les attaquants n’ont pas fait les appels. Ça manque de tranchant une fois que tu as éliminé le pressing. Bon, tu as ensuite la qualité pour pouvoir obtenir une occase malgré tout, avec la spéciale de Mariano crochet – tir du droit ou une frappe dans la lucarne de Memphis Depay pour reprendre l’exemple du match de Paris. »

Un axe d’amélioration qui n’est pas forcément un détail tant il collerait à la philosophie générale de l’OL. « Ton projet de départ, c’est d’avoir un bloc bas et de jouer beaucoup plus en attaques rapides. Avoir un 9 qui ne propose pas énormément d’appels en profondeur, ça va à l’encontre du truc. » Cela ne signifie d’ailleurs pas que progresser dans ce genre d’appels signifierait forcément renoncer à dominer. Quand on lui demande quelle équipe excelle actuellement le plus dans l’exercice, Toniutti cite celle d’un entraîneur souvent caricaturé comme étant le maître du tiki-taka. « Manchester City domine parfois pendant 90 minutes, mais sait aussi débloquer la situation sur les deux-trois séquences où l’adversaire va sortir et où il n’a pas forcément prévu de se ramasser ça en retour. Sur une sortie de balle suite à un corner par exemple. Ce serait donc utile aussi contre des adversaires plus faibles que le PSG. » On se disait bien qu’il manquait juste un petit quelque chose pour que l’OL joue comme Manchester City.

Hugo Hélin

(Photo Damien LG)

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