Une plaque commémorative en l’honneur de Ramy Bensebaini inaugurée au Café du Commerce

(Photo Mariane Casamance)

TRANSE PRESSE. « L’OL ! L’OL outragé ! L’OL brisé ! L’OL martyrisé ! Mais l’OL libéré ! Libéré par ta frappe du pied droit, ton mauvais pied faut-il le rappeler. À Ramy Bensebaini, le Café du Commerce reconnaissant. »

Sous les applaudissements d’une cinquantaine de personnes réunies sur la terrasse, la plaque métallique est dévoilée par Rémi Dominique, propriétaire du Café du Commerce. Un hommage inattendu en plein cœur de Lyon à un joueur qui n’est pourtant pas originaire de la région et qui n’a jamais porté les couleurs de l’OL. « Mais qui en un but a déjà changé à jamais l’histoire du club ! » 

Retenu par ses obligations professionnelles à Rennes, Bensebaini ne peut pas être présent à Lyon en ce mardi où il fête aussi son anniversaire. Mais ses fans sont malgré tout venus en nombre, certains enroulés dans des drapeaux bretons ou algériens. Lorsque nous les abordons, aucun n’est pourtant issu de ces deux communautés qui cassent les couilles à tout le monde qui apportent un peu d’animation à tous les festivals de France et à la sortie du métro Guillotière.

« C’est une façon de rendre hommage à Bensebaini. Il m’a rendu mon amour pour le football », s’enthousiasme Olivier, qui n’a jamais mis les pieds en Bretagne « à part une classe verte en CM1″ mais arbore le Gwenn ha Du. Maxence, habitué du Parc OL, porte lui l’étendard algérien et une pancarte « Ici c’est Lyon ET l’Algérie ! » dans les mains, tandis que Rémi Dominique finit son discours. « Avec sa gueule d’ange, Ramy est devenu un symbole. Mais nous ne devons pas oublier ses compagnons de lutte. Wesley Saïd. Jonathan Limbombe. Marcelo Guedes. Votre sacrifice ne sera pas oublié. Vous accédez vous aussi au rang de héros du Café du Commerce. »

« Merci Ramy »

Pendant que la foule commence à se disperser, un adjoint au maire est harcelé de questions concernant d’autres projets pour célébrer Bensebaini. Et lâche avec une habileté toute politique quelques pistes, sans rien annoncer officiellement pour autant : une nomination aux Lions du Sport, un titre de Citoyen d’honneur de la ville, une statue à son effigie place Bellecour (une idée qui a tout du cadeau empoisonné à l’opposition, qui risque de se couper de la base des Lyonnais si elle se plaint des 50 euros supplémentaires d’impôts locaux engendrés par la mesure), une immense illumination « Merci Ramy » à Fourvière lors de la Fête des Lumières…

L’abonné du bloc 106 rangée Y
place 72 répond aux critiques

Quelques dizaines de minutes plus tard, le calme est revenu et les habitués s’accoudent au comptoir de ce bistrot de quartier devenu célèbre un jour d’octobre 2016 où Bruno Genesio avait défendu son coaching. « Franchement, je ne prête plus aucune espèce d’importance à ces commentaires-là, qui sont pour moi des discussions du Café du Commerce. » Car critiquer l’entraîneur de l’OL quoi qu’il fasse est effectivement devenu un mode de vie ici.

Leurs arguments sont pourtant confus, une nouvelle preuve que la critique systématique fait office d’unique système de pensée pour les anti-Genesio. « On voit tous les matchs et on constate l’absence de fond de jeu régulier sous Genesio. Ce n’est pas une question de philosophie, de toute façon il n’en a pas vraiment. C’est dur à dire parce que c’est un vrai Gone et on sent qu’il aime le club, mais c’est surtout une question de compétence », crache ainsi Sofiane. « L’OL sous-performe. Les infrastructures sont magnifiques. L’effectif est l’un des meilleurs d’Europe et je n’ai pas l’impression d’exagérer tant que ça, puisqu’il a fait jeu égal avec Manchester City et le PSG, certes sans De Bruyne et Neymar, mais cela prouve bien sa qualité intrinsèque. Les finances sont saines. Le projet est beau. Mais on se rend bien compte que l’entraîneur est la variable qui peut le plus progresser », bafouille Vincent.

Aucun d’eux ne semble au fait de la réalité du haut niveau. Pas un mot sur l’envie, l’abnégation, l’âge moyen de l’équipe, les branleurs de joueurs qui pensent qu’à signer dans des grands clubs, autant de facteurs qui expliquent pourtant de façon réaliste les défaites de l’OL. De quoi comprendre pourquoi le Café du Commerce est devenu le symbole de l’hystérie autour du cas Genesio. Je sors de l’estaminet en me demandant combien de clients ont connu les déplacements à Alès et Chaumont en 1986. Et avec une irrépressible envie de vomir.

Agence Transe Presse / ZZ pour le bureau de Lyon

(Photo Marianne Casamance / CC BY-SA 4.0)