OL-Reims : Umtiti, la crème de l’aprèm’

RANK’N’OL #17. Pour sa grande première à 14 heures, l’OL a laissé passer le temps de la digestion avant d’expédier les affaires courantes. Comme un grand, mais avec un gamin à la barre. À 19 ans, Samuel Umtiti a le culot de sa jeunesse et l’assurance d’un ancien. Bref, tout pour reprendre à son tour ce refrain : « Tonight, I’m a Rank’n’OL star ! »

 

Dimanche 11 novembre, 13ème journée de Ligue 1

Olympique Lyonnais – Stade de Reims  3-0

Buts : Weber (csc, 45ème), Gomis (73ème) et Lisandro (90ème)

 

Rank'n'OL OL-Reims

Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Samuel Umtiti : ça ne durera peut-être pas. On l’avait déjà vu bien à son aise lors des premiers mois de 2012 avant qu’un marquage un peu mou sur Brandao en finale de la Coupe de la Ligue calme les ardeurs de ses premiers fans. Parmi eux, peut-être, Rémi Garde qui, cette saison, lui a longtemps préféré Koné. Il n’y a désormais plus match entre l’ancien Guingampais et le petit gars de Ménival. Au point de se demander s’il n’est même pas en train de remettre en cause la place d’un Lovren aux prestations assez pénibles depuis fin septembre. Parce que Samuel Umtiti ne se contente pas de bien défendre – ce qui n’était pas très compliqué non plus face à Reims, hein… –, entre jaillissements bien sentis et lecture du jeu en daron. L’air de rien, il s’impose presque naturellement comme un leader, donnant des consignes et prenant la relance à son compte, faisant passer le bouillonnant Bisevac pour un docile junior malgré leurs dix ans d’écart. Et puis, à 19 ans tout juste, le nouveau Patrick Müller est encore un type que l’on croise dans le métro les jours d’entraînement. Mais ça non plus, ça ne durera peut-être pas.

2. Steed Malbranque : on ne sait pas encore si les déplacements et permutations du trio Gourcuff-Lisandro-Malbranque sont de l’improvisation bordélique ou du génie tactique. Mais qu’ils soient subis ou voulus, ces mouvements n’empêchent jamais la recrue du siècle de faire tout bien. Avec ce côté insaisissable qui le voit devenir plus décisif à mesure que ses performances deviennent plus humaines, à défaut de décliner. Et puis encore une passe décisive en bout de match, alors que tous les observateurs se demandent pourquoi il n’a pas encore été remplacé. Il y a les amateurs. Il y a les pros. Et il y a Malbranque.

3. Bafétimbi Gomis : on connaissait les buteurs contrariés. Il faudra faire avec Gomis, le buteur contrariant. Même s’il lui arrive encore à intervalles réguliers de naviguer dans la première catégorie, Bafé semble prendre plaisir à renvoyer au loin l’idée qu’on pouvait se faire de son jeu. Mercredi dernier, pour commencer, où celui qu’on apprécie surtout dans le rôle de pivot qui use les défenses s’emploie à occuper le rôle de supersub super efficace. Avant de remettre ça le temps d’un après-midi dominical, à coups de décrochages très lisandriens dans l’esprit, pas très efficaces au moment d’apporter ce danger qui manque face aux buts rémois, mais plutôt bien vus pour consolider la possession de balle lyonnaise – et sa défense par la même occasion. Ne manquait plus qu’une dernière touche pour achever cette semaine passée à contre-sens, avec un but à la Pippo (Inzaghi), façon coup du renard, mais sans le hors-jeu cette fois. On pourra toujours douter des qualités du futur candidat au Bac sur les épreuves à fort coefficient – nombre de buts par saison, efficacité devant les cages… En attendant, Bafé maîtrise comme personne son sujet question rattrapage.

4. Lisandro : puisque la petite histoire du Rank permet de loucher du côté de la grande, celle du rock, on ne va pas se priver pour piétiner les bégonias de la rock critic à coups de correspondances suffisamment fumeuses pour paraître indiscutables. Car il y en a une qui opère en creux avec Licha, celle du type qu’on sait le plus doué de la bande, qui le sait d’ailleurs lui-même, mais à qui on demande de mettre son ego de côté dans l’espoir de décrocher la timbale – les hits pour les rockeurs, les titres pour les footeux. Comme chez les Gallagher, quand Noel doit laisser la place de frontman au frangin Liam, génial dans le rôle du braillard de service, au nom d’une certaine idée de la conquête du monde. L’aîné se transforme en usine à tubes, ronge son frein devant les limites évidentes de ceux qui l’entourent, tout en se gardant deux trois pépites de côté, façon de rappeler qui reste le patron de l’affaire. C’est un peu l’histoire du match de Licha – et d’une bonne partie cette saison. La diva passe ses parties collée à la ligne de touche, à s’en brûler les poumons quand il faut donner dans le repli défensif, avant de rappeler au monde entier que l’attaquant le plus efficace du moment, c’est bien lui : dix-huit secondes, pas plus, pour marquer une fois ramené en position de pointe. Clinton N’Jie pouvait bien lancer le mouvement pour glaner un premier but en Ligue 1, Licha n’a pas hésité à placer son appel parfait aux abonnés absents. Façon de rappeler que le lisandrisme a beau être un humanisme, il n’est pas encore une œuvre de charité.

5. Anthony Réveillère : suffit que la gauche se cherche pour que la droite se mette à s’amuser sur son terrain. Longtemps considéré comme le côté pauvre du foot lyonnais, le droit donc, a repris les manières de celui qui fit les belles heures du 4-3-3 des années de domination, à savoir le gauche. À cette différence près que le gars qui dézone ou qui s’en va piquer une tête dans l’axe n’est plus le milieu offensif, mais bien ce latéral tout terrain de Réveillère. Repéré une première fois en position de meneur, il demande à Malbranque d’aller tenir sa position dans le couloir en défense. Avant de prendre encore plus de libertés, le temps de ce débordement décisif qui prendrait presque l’allure d’une petite leçon envoyée à Dabo. D’accord, Antho n’est peut-être pas le mieux placé pour s’y coller. Encore que : à compter toutes ces années les beaux enchaînements en One+One du monstre à deux têtes Maloudabidal, on peut se dire que Réveillère en a forcément gardé quelque chose. Signe qu’à Lyon, la mémoire comme la droite dure. Longtemps.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

(Article publié le 18 novembre 2012 sur Rue 89 Lyon)

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