OL : ni but, ni soumis

RANK’N’OL #S02E10. Il y a ceux qui pratiquent le coup d’État permanent. C’est le cas de Jimmy « Pinochet » Briand à qui il ne faut qu’une course pour s’attirer les faveurs du monde libre – celui qui résiste à Aulas. Et puis il y a le Général, celui qui donne dans le plébiscite au moment de ramener un nul de Séville pour ce premier tour de chauffe en Europa League (0-0). La preuve, les cinq joueurs du jour ont pour mission d’entourer Bako et donc de sauver la peau de l’OL à chacune de ses tentatives de relance. C’est ça la légende du moment : du Général par cœur et cinq garçons dans le Rank.

Olympique Lyonnais

Umtiti, même moyen, il est au-dessus. (Photo Panoramic – Frédéric Chambert)

 

Le compte rendu du match : Un OL toujours un peu gland, mais déjà plus grand

 

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Le mode d’emploi : Let’s Rank’n’OL !

 

1. Samuel Umtiti. On a d’abord cru qu’il formait une belle charnière avec Bako. Puis on a eu la sensation que son compère pourrait l’entraîner dans sa chute comme il l’a fait avec tous ceux qui ont partagé une défense centrale avec lui depuis deux ans. Mais finalement, à mesure que le Général sombrait, le Fossoyeur de Ménival brillait, et pas seulement par comparaison. S’il n’a pas réalisé le match parfait, Umtiti a écopé une bonne partie des conneries de son binôme et s’est même permis deux ouvertures hyper classes pour Lacazette. Marquer aurait été indécent, et c’est certainement pour préserver son melon qu’il a n’a pas converti un coup-franc déposé sur son crâne par Grenier. Un vague d’angoisse a envahi Lyon lorsqu’il s’est tordu de douleurs dans les arrêts de jeu. Mais Umtiti s’est relevé. Et l’OL avec.

2. Anthony Lopes. Sans Anthony Lopes, l’OL resterait probablement sur six défaites d’affilée. Quoique : sans Anthony Lopes, l’OL ne se serait peut-être pas qualifié pour la Coupe d’Europe, quelque qu’elle soit. Parce que oui, sans Anthony Lopes, l’OL aurait pu terminer le dernier championnat derrière le Nice et Saint-Étienne. Alors certes, avec Anthony Lopes, la vie n’est pas encore belle. Mais elle pourrait être tellement pire.

3. Maxime Gonalons. Difficile de s’ôter de l’esprit cette idée lancinante de voir Gonalons là où on a craint de le retrouver toute la saison passée : sur les rotules. Son début de saison manque tellement de souffle que le patron des lieux a même fini par déserter le Rank. Comme Simon Werner, Washing Maxime a disparu, la bande son de Sonic Youth en moins. De quoi guetter la première performance située un cran au-dessus pour lui donner des allures de retour de flamme. D’accord, pas de quoi hurler « Andalousia ! » avec Franck Black sur Debaser, mais on se rassure comme on peut. En se disant que ce qu’il manque en ce moment à l’OL, c’est bien celui qui redonne un peu de rythme à coups de récupes et de relances bien cadencées. Gonalons n’en est pas encore là. Alors, il rejoue son enfance de l’art, en mettant pas mal de coups et de l’impact. Quand ça marche, c’est surtout sur les pieds de l’adversaire. Toujours ça de pris quand il est question de renvoyer au loin cette idée qui colle à l’OL du moment et qui veut qu’une équipe en dalle lose.

4. Henri Bédimo. Une observation suffit à situer le niveau de l’OL en ce moment. Pendant toute la première période, on n’a pas été foutu de savoir qui de Lacazette ou de Briand était aligné à gauche. L’affaire pourra toujours accorder un peu plus de crédit à cette première sortie d’Aulas sur Garde « trop gentil avec les joueurs », elle en dit long aussi sur le niveau de Bédimo. Parce qu’on a eu le temps de se foutre assez largement de cette répartition des rôles dans les couloirs à mesure que l’ancien Montpelliérain a pris du sien pendant les quarante-cinq premières minutes. Pour mieux s’en rendre compte, suffit de comparer à ce qui se joue de l’autre côté. Où quand on apprend que l’OM ne veut pas de Réveillère, on découvre que le couloir droit lyonnais ne veut pas non plus de ses successeurs. Par défaut certes, mais avec une belle énergie aussi, Bédimo s’est mis à refaire basculer le jeu lyonnais plus à gauche. La tendance est trop peu perceptible pour y voir un mouvement de fond. Elle a au moins le mérite de sauver les apparences : il existe au moins une recrue qui tient la route en ce début de saison.

5. Mouhamadou Dabo. On a beau avoir déjà tenté de copier les gestes de Zidane, Ronaldinho ou Cristiano, il ne faut pas se mentir : notre rêve à tous, c’est d’être Mouhamadou Dabo. De se retrouver, avec notre physique commun et une technique frustre, à nous battre aux côtés de joueurs pros.

Un jour, vous êtes là, peinard, posé sur la main courante de Tola Vologe. Quand, soudain, Rémi Garde sort affolé du vestiaire : « Putain ! Miguel Lopes s’est pété le genou. Et tous les moins de 16 sont partis à Belfort avec la CFA. Vous jouez au foot, vous ?

– Euh… Oui.

– Et vous êtes quoi ?

– Comptable.

– Mais non ! Du pied, vous êtes quoi ?

– Droitier. Je crois… »

Et comme un con, vous vous dites : « Je suis sûr que je peux le faire. » En fait, non. Évidemment, non. Mais vous y avez mis une telle bonne volonté que vous avez presque fini par convaincre les autres. Puis la conjoncture joue pour vous puisque le club est désormais dans l’incapacité de recruter un joueur à Sochaux. Et Jean-Michel Aulas a très vite su justifier ce choix farfelu. « Aujourd’hui, le football est un spectacle et il faut innover pour le spectateur. À Lyon, depuis vingt-cinq ans, nous avons toujours été en avance sur notre temps. Et ce nouveau mode d’interaction entre le consommateur et l’institution représente incontestablement l’avenir. D’autres clubs s’en inspirent déjà, même si cela vire un peu à l’excès de zèle chez nos amis de Bordeaux. »

L’histoire de Mouhamadou Dabo, c’est un peu celle des livres dont vous êtes le héros. Donc c’est un peu notre histoire à nous tous. Ce qui justifiait amplement un vote dans l’urne du Rank. Même par procuration.

Par Pierre Prugneau et Serge Rezza

Retrouvez le Rank’n’OL sur OL Dirty Bastards et le Libéro Lyon.

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