OL : les dessous du losange, collection printemps 2018

Aouar Memphis

TACTIQUE. C’est LA tendance du moment à Lyon. Expérimenté le week-end à Metz (pour une large victoire 0-5), le 4-4-2 losange devrait de nouveau être employé contre Amiens au Parc OL. Un système qui pourrait perdurer jusqu’à la fin de saison et qui permet de répondre à trois grands défis du moment. 

 

Conserver le triangle du milieu

Privé de Nabil Fekir depuis sa sortie sur blessure lors du Derby le 25 février, Bruno Genesio n’a pas hésité longtemps. Quatre jours plus tard, à Caen en Coupe de France, le 4-2-3-1 était abandonné au profit d’un 4-3-3. Pourquoi conserver un système organisé autour d’un meneur de jeu lorsque celui-ci est absent ? Place donc à une tactique à deux relayeurs.

Et si Jordan Ferri était titulaire à Caen pour la première du 4-3-3, il a vite été clair que c’était pour le turn-over et que les deux titulaires du poste seraient Tanguy Ndombele et Houssem Aouar. Hasard ou coïncidence, les deux défaites dans ce système en 4-3-3 (à Caen en Coupe de France et contre le CSKA Moscou en Ligue Europa) correspondront d’ailleurs à deux titularisations de Ferri – une fois à la place de Ndombele, l’autre à la place d’Aouar.

Flanqué de Lucas Tousart à la récupération, les deux compères ont rapidement confirmé leur talent. Tout en donnant une impression flagrante de complémentarité entre la puissance de Ndombele et la douceur d’Aouar, d’autant que la polyvalence des deux hommes permet aussi d’apporter de la variété dans les actions et de répondre à pas mal de problèmes pouvant se poser en match. Aouar est frêle mais sait muscler son jeu quand il en a besoin, tandis que Ndombele est plutôt à l’aise dans la percussion mais sait aussi balancer des passes soyeuses si nécessaire.

Et à force de convaincre, ce trio (on rajoute à l’équation Tousart, discret mais nécessaire pour équilibrer le tout) ne donne pas envie d’être séparé. Un retour au 4-2-3-1 forcerait en effet à se passer de l’un des trois, ou à exiler Aouar sur une aile comme en début de saison. Garder Ndombele et Aouar au cœur du jeu est donc l’un des buts de l’expérimentation losange. Ironiquement, il a toutefois fallu se passer à Metz de l’un des deux en position de relayeur : en l’absence de Fekir, Aouar a en effet dû dépanner un cran plus haut, à la pointe du diamant.

 

Recentrer Memphis Depay à l’OL aussi

Genesio était, paraît-il, dans les tribunes du Stade de Genêve pour le match entre le Portugal et les Pays-Bas le 26 mars dernier. Et le losange aurait peut-être pu ne jamais être mis en place à l’OL s’il avait choisi d’assister à l’un des autres amicaux de la soirée (mais on a du mal à imaginer pourquoi le coach lyonnais aurait été voir Bulgarie-Kazakhstan, Albanie-Norvège ou Finlande-Malte).

Venu superviser ses deux joueurs néerlandais, l’entraîneur de l’OL a vu Kenny Tete arpenter le flanc droit dans le 3-5-2 ou 5-3-2 des Oranje. Rien d’inhabituel jusque-là. Mais il aussi vu Memphis Depay débuter en pointe aux côtés de Ryan Babel et être l’un des hommes forts de la victoire 3-0 des Oranje, en ouvrant notamment le score face à Anthony Lopes au bout d’une dizaine de minutes de jeu.

Ça tombe bien : Mariano Diaz est suspendu pour le match suivant de l’OL, la réception de Toulouse. Memphis est donc aligné en pointe du 4-3-3 contre le Téfécé et continue de convaincre dans l’axe : en plus de ses deux buts, le numéro 11 brille par sa capacité à combiner et à jouer en remises, dans un registre bien plus collectif que celui qu’il montrait jusque-là sur le côté.

Le losange a donc aussi le mérite de garder le Néerlandais dans l’axe. Ce qui posera d’autres problèmes à résoudre, notamment dans l’animation des côtés. À Metz, les latéraux ont ainsi souvent semblé avoir un petit temps de retard au moment d’apporter le soutien ou être pris entre deux eaux lors des phases de pressing. Un axe d’amélioration réel, mais un souci anodin si l’ancien de Manchester United continue sur le même rythme. Pour la première du nouveau système à Saint-Symphorien, Memphis a ainsi été impliqué sur les 5 réalisations de son équipe (1 but, 4 passes décisives). Hollandais violent.

 

Préparer le retour de Fekir

Il est dans le groupe pour la réception d’Amiens ce week-end et pourrait même être titulaire. Les échos de l’entraînement indiquent en effet que Nabil Fekir est en grande forme et l’OL en aura bien besoin dans son sprint final avec l’OM pour la troisième place. MVP de la saison lyonnaise, Fekir a forcément été pris en compte au moment d’imaginer le losange. Et ce système semble évidemment compatible avec le capitaine de l’OL, qui l’a pratiqué avec Rémi Garde et Hubert Fournier.

Après quelques tentatives de décaler Fekir sur l’aile droite d’un 4-3-3 en début de saison dernière, Genesio avait dû se rendre à l’évidence que son numéro 18 était plus à l’aise dans l’axe. Meneur du 4-2-3-1 en 2017/18, Fekir y affiche des stats insolentes cette saison (16 buts et 5 passes décisives en 24 matchs de Ligue 1, avec notamment des réalisations contre les trois autres membres du top 4). Autant dire qu’on n’a pas envie de le décaler sur un côté. Et pour conserver le triangle du milieu Ndombele-Tousart-Aouar et recentrer Memphis tout en laissant Fekir libre dans l’axe, il n’y a pas vraiment le choix. Ce sera 4-4-2 losange pour tout le monde. Deuxième ration ce samedi contre Amiens.

Hugo Hélin

(Photo Jean-Marc)

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